PArrivés le 5 juin pour une mission de qualification de huit jours à destination de la Station spatiale internationale (ISS), les deux astronautes américains Barry « Butch » Wilmore et Sunita Williams voient leur expédition s’éterniser. En cause : de petites fuites d’hélium qui perturbent le fonctionnement de certains des 28 propulseurs du Starliner. Ceux-ci assurent, entre autres, les mini-mouvements de ce dernier lors du désamarrage de l’ISS et du vol de retour. Ces pannes peuvent donc conduire au pire. Aussi, la Nasa a annoncé qu’elle ne prévoyait pas de les ramener sur Terre avant le 24 septembre, le temps d’évaluer la gravité des problèmes.
Il s’agit de la première option, et la moins humiliante, pour l’agence fédérale américaine, accusée d’avoir trop fait confiance à Boeing. Car ces fuites d’hélium avaient bel et bien été détectées par les ingénieurs de Starliner, mais avaient été jugées négligeables car identifiées sur un seul moteur avant le décollage.
L’ordinateur de bord qui contrôlait cette phase de vol a dû couper cinq des huit propulseurs, et seulement quatre d’entre eux ont pu être redémarrés après une surchauffe, explique Le Figaro. Une fois de plus, l’attrait du succès, même risqué, a pris le pas sur la culture de la sécurité dans les décisions du groupe aéronautique, déjà en faute dans les accidents du programme B737 MAX.
La NASA en pleine réflexion
Après un amarrage réussi (lors de la deuxième tentative), Butch Wilmore et Suni Williams ont pu rejoindre les occupants de l’ISS. Mais pour la phase de descente et d’entrée dans l’atmosphère, la NASA a préféré comprendre d’abord les causes initiales de ces échecs, en demandant à Boeing des analyses complémentaires. Lors d’essais au sol sur des duplicatas de l’équipement de vol, les ingénieurs ont découvert que l’anomalie était liée à de petits joints en Téflon qui gonflaient lorsque le moteur chauffait et perturbaient la combustion, et donc la poussée.
Boeing estime que les redondances dans le système de propulsion, avec la possibilité d’utiliser des moteurs auxiliaires, ont minimisé cette perte temporaire de poussée et ne devraient pas empêcher les deux astronautes de rentrer en toute sécurité. Sceptiques face à cette analyse, les responsables de la Nasa annonceront leur décision sur le retour des astronautes d’ici la mi-août.
Starliner ou SpaceX
Selon le plan B, Wilmore et Williams pourraient attendre février 2025 pour revenir à bord d’une capsule SpaceX (le système concurrent de Boeing). Le séjour des deux astronautes en orbite durerait alors près de neuf mois, au lieu d’une semaine.
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Et au-delà du camouflet que représente un retour avec un véhicule concurrent pour ce qui était considéré comme un vol de qualification pour Boeing, ce scénario perturberait le calendrier des futures expéditions vers l’ISS, en obligeant la NASA à attendre le remplaçant, c’est-à-dire l’arrivée du prochain Crew Dragon, en septembre, note Le mondeDans cette configuration, seuls deux astronautes (contre quatre normalement) y prendraient place et, à leur retour, en février 2025, Butch Wilmore et Sunita Williams redescendraient avec eux.