“Elle danse sa musique, c’est excellent !” Assise à l’ombre sur un banc du Moustoir, Catherine, 59 ans, est époustouflée par la prestation de Solen Lasbleiz. A 23 ans, la jeune penn sonneuse vient de mettre la dernière main au bagad Pañvrid de Pommerit-le-Vicomte (22) sous un tonnerre d’applaudissements. Dans ce championnat de bagadoù de première classe, les meilleurs musiciens du pays s’affrontent à tour de rôle ce samedi, jouant de la cornemuse, bombarde et autre musette. Ces Olympiades de la musique bretonne sonnent comme un préambule au Festival interceltique, qui débute officiellement ce lundi.
Musiciens sur scène
Venue avec deux amies, Catherine est agréablement surprise par le nombre de femmes sur scène. « Pour l’instant, j’en ai compté entre quatre et 13 par bagad. C’est bien, il ne faut pas baisser les bras ! », souligne celle qui joue de la bombarde dans le bagad de Dinan, où elle vit.
Dans les couloirs du stade, Samuel, 17 ans, se rafraîchit avec un verre. Il a joué cet après-midi avec le bagad d’Hennebont, en deuxième catégorie. Il apprécie la prestation des meilleurs bagadoù. « Ça donne envie de jouer, ils sont vraiment impressionnants », confie le lycéen qui joue de la caisse claire écossaise. Avec ses amis, il commence à faire des pronostics. « De ce que j’ai vu jusqu’à présent, je mettrais Roñsed-Mor (NDLR : de Locoal-Mendon) en premier pour la justesse et la cohérence du reste », précise-t-il.
« Cela nous fait vibrer »
Assise aux premiers rangs, Célia, 24 ans, s’enduit de crème solaire, casquette vissée sur la tête. Elle est venue de Rennes avec deux amies internes en médecine, comme elle. « On n’y connaît absolument rien, mais ça nous fait vibrer », confesse-t-elle.
Quelques mètres plus loin, Clarisse et sa famille préfèrent l’ombre pour attendre le bagad Cap Caval, arrivé premier l’an dernier, où évolue son partenaire Mathieu. « J’ai vu le bagad partir du bas et monter petit à petit vers les plus hautes marches du podium », raconte Clarisse, 49 ans. Une histoire qui s’écrit à distance pour le talabardeur, qui vit avec sa famille dans la région lyonnaise. « Toute l’année, il répète seul dans la chambre d’amis, avec les maquettes et les partitions qu’on lui envoie », explique Clarisse. Pour le championnat, son partenaire est arrivé une semaine avant, pour s’entraîner, enfin, avec les autres.
La prochaine génération arrive
Sous un soleil de plomb, les bagadoù se succèdent et ne se ressemblent pas. Il y a ceux qui suivent les traditions, comme le bagad Kemper. D’autres qui réinventent les codes de la musique bretonne, avec des sonorités électro comme le Vannois Melinerion. Il y a aussi ceux qui comptent de nombreux visages jeunes, pour le plus grand bonheur de Michel, 77 ans. « J’ai créé le bagad de Brieg il y a 40 ans. Aujourd’hui, c’est extraordinaire, ce sont mes petits-enfants qui sont là », nous confie-t-il, visiblement ému. Devant le championnat, le biniaouer jubile. « La musique bretonne peut paraître ringarde, mais elle ne l’est pas du tout. C’est une richesse que nous n’avons qu’ici, en Bretagne. »