Il n’est pas toujours nécessaire de plonger soi-même dans la poubelle d’un magasin pour profiter des aliments encore bons à consommer qu’on peut y trouver. Les adeptes de cette pratique, appelée glanage urbain (plus connu sous le nom de (plongée dans les poubelles)partager régulièrement et gratuitement les fruits de leurs recherches dans des points de distribution.
Le moyen le plus simple de savoir où va la distribution est de trouver des groupes de glanage urbain sur Facebook. « Une fois sur place, vous pouvez demander s’il y en a d’autres plus proches de chez vous dans votre quartier », résume Alex, coadministrateur d’un groupe Facebook dédié à la pratique dans la région métropolitaine (il a préféré garder son vrai nom secret de peur de ternir sa réputation).
Les adeptes de la pratique trouvent parfois des quantités de nourriture trop importantes pour leur propre consommation, d’où l’idée de les redistribuer, dans l’optique de poursuivre la lutte contre le gaspillage. D’autant que l’entraide est une valeur importante au sein de cette communauté.
La page Facebook Du Pain et des Enjeux, par exemple, organise régulièrement de telles distributions. Elles sont parfois annoncées quelques heures à l’avance seulement. De nombreux autres groupes sont accessibles dans la région métropolitaine (comme Dumpster Diving Montréal, Dumpsterray, Dumpster-Diving MTL et d’autres) ainsi que dans certaines grandes villes, comme Sherbrooke et Québec. Les annonces précisent parfois que la distribution s’adressera aux « gens qui ont faim », mais la plupart du temps, elle est ouverte à tous. Ceux qui en ont les moyens sont parfois invités à donner un montant symbolique, qui sert à couvrir les frais de transport.
La distribution se fait généralement selon le principe du premier arrivé, premier servi, bien que certains groupes limitent ce que les gens peuvent emporter pour éviter les abus. La plupart du temps, la distribution a lieu à l’extérieur du bureau d’une organisation, dans un parc ou au coin d’une rue, et les organisateurs présentent leurs collectes dans des boîtes ou des sacs en carton.
D’autres amateurs déposeront simplement leurs surplus dans des frigos communautaires, dont un répertoire est disponible en ligne. Certains les proposeront plutôt directement en ligne, comme cet internaute qui proposait des pâtisseries trouvées dans le secteur Angus de Montréal.
« Il y a six ou sept ans, les gens ne comprenaient pas ce que nous faisions. Ils passaient par là où nous avions laissé des choses, mais ils ne les prenaient pas. Maintenant, c’est un peu l’inverse. Si on ne se dépêche pas d’y aller, tout le meilleur stock disparaîtra », prévient Alex.
Lui-même pratique le glanage urbain depuis une dizaine d’années. Il se souvient encore de sa première fois, lorsqu’il est rentré chez lui avec l’équivalent de quatre sacs d’épicerie remplis.
« J’ai presque pleuré la première fois que j’y suis allé. On ouvre un sac poubelle et on s’attend à ce que ce soit des déchets. Mais dans le conteneur derrière un magasin de fruits, il y a plein de stocks à peine abîmés », ajoute-t-il, découragé par ce gaspillage.
Bien sûr, rien ne garantit que les aliments soient sains. Pour limiter les risques, il faut demander à la personne qui a ramassé les déchets : derrière quels magasins se trouvaient les poubelles ? Contenaient-elles uniquement des aliments ? Mieux vaut aussi s’en tenir aux produits emballés ; c’est souvent le cas du pain et des fruits et légumes, comme le montrent les photos publiées sur les groupes Facebook. De plus, l’été n’est pas la saison idéale pour cette pratique, souligne Alex. Les produits réfrigérés, ainsi que tout aliment ayant été chaud, sont à éviter.
Quelques précautions avant de débuter la pratique
Pour ceux qui voudraient faire leur propre glanage, Alex propose ces quelques conseils : faites un plan en établissant un quadrilatère des commerces près de chez vous afin de savoir par où commencer, et procédez-y méthodiquement. Et surtout, ne vous découragez pas si vous n’obtenez pas de résultats du premier coup, car le contenu des poubelles commerciales peut varier grandement au cours de la journée.
« Si vous voulez que les bons endroits durent… il est important que lorsque vous quittez un endroit, [on laisse] « Tout est impeccable derrière vous », rappelle Izabbel Boistault, sur la page Glanage et Dumpster Diving – Ville de Québec. Cela pour éviter d’inciter les commerçants à rendre leurs poubelles inaccessibles, en les cadenassées, par exemple.
Côté précautions, Alex mentionne qu’il faut être particulièrement prudent avec la viande. De plus, lui-même ne ramasse jamais de nourriture qui a été en contact avec la benne à ordures.
« Par exemple, quand un commerçant jette ses oranges, elles sont souvent dans une boîte, explique-t-il. Tout ce qui est fermé est le plus sûr. Mais si l’intégrité de l’emballage est compromise, ce n’est pas la peine. De toute façon, je n’y touche pas. »
Outre la nourriture, de nombreux autres produits encore consommables peuvent finir dans les poubelles commerciales. « Tout ce que vous pouvez trouver dans les magasins peut être retrouvé dans la poubelle arrière, selon votre chance. Par exemple, dans une pharmacie, s’ils font tomber un shampoing, le flacon peut être un peu cassé, mais ce ne sera qu’esthétique, le produit sera toujours bon », explique Alex.
Vous avez aimé ce texte ? Recevez nos astuces pour gagner de l’argent et économiser chaque samedi en vous abonnant à la newsletter Dollars et cents. Entrez simplement votre adresse e-mail ci-dessous. 👇