Nausées, sueurs froides, pâleur, respiration rapide et même vomissements… Si vous souffrez du mal des transports, voyager en véhicule peut devenir un véritable cauchemar. « Le système nerveux s’emballe et les gens ont l’impression qu’ils vont être malades », confirme la physiothérapeute Annie Malo, qui pratique dans une clinique privée de la région de Québec et qui a acquis une expertise dans le traitement de ce type de trouble.
Tout le monde peut en être atteint à un moment ou un autre, mais le mal des transports a une composante génétique. « Si vos parents en souffrent, il y a de fortes chances que vous en souffriez aussi », explique Justin Mittelstädt, chercheur à l’Institut de médecine aérospatiale du Centre aérospatial allemand (DLR) à Hambourg. Environ 35 gènes différents sont liés au mal des transports.
Les femmes sont plus nombreuses à dire en souffrir. « On ne sait pas si elles y sont réellement plus sujettes ou si elles sont simplement plus nombreuses à admettre en être affectées », précise Justin Mittelstädt. De plus, les personnes qui souffrent de migraines ou d’anxiété sont plus susceptibles de souffrir de ce type de désagrément. « Le mal des transports peut aussi apparaître après une commotion cérébrale », ajoute Annie Malo.
Quelles sont les causes du mal des transports ?
« Nous savons quelles situations provoquent le mal des transports, mais nous ne savons pas exactement ce qui se passe dans le corps », explique Roger Woodman, chercheur à l’université de Warwick, au Royaume-Uni, qui a publié quelques études sur le sujet. Deux hypothèses sont avancées.
La première théorie est celle du conflit sensoriel. « Il y a trois sens qui sont utilisés pour percevoir le mouvement : les yeux, les capteurs dans nos muscles et nos articulations, et le système vestibulaire dans l’oreille », note Justin Mittelstädt. Si les informations transmises par nos sens ne correspondent pas à ce que notre cerveau attend, celui-ci a du mal à s’adapter. Par exemple, si vous lisez dans une voiture, vos yeux voient que la page est immobile, mais le système vestibulaire perçoit l’accélération du véhicule. Le cerveau ne sait alors pas comment concilier ces deux informations contradictoires.
« Une deuxième théorie est celle de l’instabilité posturale », souligne Woodman. Le corps aurait un balancement naturel imperceptible, qu’il soit debout ou assis. Le mal des transports se produirait lorsque quelque chose perturbe ce balancement de manière imprévisible.
L’expérience d’être transporté dans un véhicule est relativement récente dans l’évolution humaine, ajoute Roger Woodman. Homo sapiens Le mal des transports est apparu il y a environ 300 000 ans, alors que les bateaux et les charrettes tirées par des chevaux ne datent que de quelques milliers d’années. L’inconfort provoqué par le mal des transports est cependant similaire à l’effet de certaines substances toxiques présentes dans la nature. C’est la raison pour laquelle notre corps réagit en vomissant : il cherche à expulser le poison qu’il croit être la cause.
Comment éviter le mal des transports ?
« Le mal des transports survient souvent lorsque nous ne regardons pas ce qui se passe à l’extérieur du véhicule dans lequel nous nous trouvons », observe Mittelstädt. Cela peut se produire à bord d’un bateau, en lisant dans la voiture ou en étant assis dans le couloir d’un avion. Pour résoudre ce conflit sensoriel, nos yeux doivent être capables de suivre le mouvement qui se produit.
Modifier certains comportements est donc le moyen le plus efficace de lutter contre le mal des transports. Roger Woodman recommande d’éviter de lire, de regarder un film, d’utiliser des appareils électroniques ou de fermer les yeux. Il est également préférable de fixer l’horizon.
De plus, l’endroit où vous êtes assis dans un véhicule peut soit favoriser, soit aggraver le mal des transports. « S’asseoir à l’avant d’une voiture ou au milieu d’un bateau donne généralement moins l’impression de bouger », note Mittelstädt. Dans un avion, il est préférable de s’asseoir près du centre qu’à l’arrière pour la même raison.
« Les patients qui souffrent du mal des transports ont moins de symptômes s’ils conduisent, car ils décident de la manière dont la voiture se déplace », a également observé M. Malo. « Et le siège passager est préférable à celui de l’arrière. » Dans un bus ou un train, il est préférable de prendre un siège orienté vers l’avant.
Sur un bateau, il est également recommandé de passer plus de temps sur le pont principal et d’éviter de se retrouver sur les ponts inférieurs lorsque les conditions météorologiques sont mauvaises.
Si l’envie de vomir persiste malgré ces stratégies, des exercices de respiration peuvent être utiles. « Ils aident à calmer le système nerveux », note Annie Malo. Baisser les vitres de sa voiture ou sortir sur le pont d’un bateau pour prendre l’air peut aussi procurer un certain soulagement. Enfin, mangez léger et évitez l’alcool si vous savez que vous avez un long voyage devant vous.
Quels médicaments sont efficaces contre le mal des transports ?
Certains agents pharmaceutiques peuvent être efficaces pour soulager temporairement les symptômes, mais ils ne guérissent pas le mal des transports. «Ils vont calmer les nausées», précise Annie Malo.
Le médicament le mieux documenté et le plus efficace est la scopolamine. Elle est utilisée sous forme de patch collé sur la peau, peut-on lire dans Le Manuel Merck. Or, ce produit, qui était commercialisé sous le nom de Transderm-V, n’est plus sur le marché au Canada depuis plusieurs années. « Il n’existe plus aucune formulation de scopolamine en timbres transdermiques commercialisée et approuvée par Santé Canada », confirme Francis Richard, pharmacien communautaire et professeur adjoint de clinique à l’Université de Montréal.
Bien qu’il soit possible d’acheter ce médicament en ligne, le pharmacien le déconseille fortement. « D’abord, sa vente est illégale, explique-t-il. Ensuite, acheter des médicaments en ligne nous expose également à la contrefaçon. » Cela signifie que le produit pourrait contenir d’autres ingrédients que ceux affichés, que les dosages pourraient ne pas être adéquats ou que le médicament pourrait contenir des impuretés potentiellement nocives.
Par ailleurs, certains antihistaminiques, comme le dimenhydrinate (Gravol), peuvent également réduire l’intensité des nausées. En général, ces produits sont efficaces, mais ils entraînent de nombreux effets secondaires, dont la somnolence, notent des chercheurs australiens dans un article publié sur le site La Conversation.
Pour les patients qui ne veulent pas utiliser le Gravol, la méclizine provoque généralement moins de somnolence et nécessite des prises moins fréquentes. Elle est toutefois un peu plus chère. « Ce médicament n’est pas non plus commercialisé au Canada, précise Francis Richard. On peut toutefois l’obtenir en pharmacie sous forme de « préparation magistrale », c’est-à-dire de capsules fabriquées par des pharmacies magistrales à partir de poudre importée conformément à la réglementation et dont la qualité est contrôlée. » Il faut toutefois prévoir un délai de quelques jours pour passer commande.
Pouvez-vous vous entraîner à ne plus avoir le mal des transports ?
Plus le cerveau est exposé à des situations qui peuvent déclencher le mal des transports, mieux il s’y adapte. « Par exemple, la plupart des gens se débarrassent du mal de mer après 24 à 72 heures passées sur un bateau », explique Woodman.
Le physiothérapeute peut également aider le cerveau à mieux réagir face à un conflit sensoriel. Après s’être assuré qu’il n’y a pas de problème affectant la vue ou l’équilibre, le physiothérapeute proposera des exercices pour habituer le cerveau à recevoir des informations contradictoires. « Par exemple, on demande au patient de fixer le bas d’un parapluie de golf que l’on fait tourner à une vitesse d’environ un tour par seconde », explique Annie Malo.
Depuis 2017, la physiothérapeute propose également des traitements avec un casque de réalité virtuelle. Le logiciel recrée différentes situations. « On peut monter une colline, passer sous un pont, circuler sur le pont d’un bateau ou faire un tour de manège », explique Annie Malo. Ces expériences provoquent un conflit neurosensoriel, qui force le cerveau à s’y adapter pour mieux réagir la prochaine fois.
« Après 10 à 20 séances, on a une diminution des symptômes de 60 à 80 %, précise le physiothérapeute. On ne guérit pas complètement les patients, mais la majorité constate une amélioration. » Cette méthode est toutefois contre-indiquée pour les enfants de moins de 12 ans et pour les personnes souffrant d’épilepsie.
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