Depuis une vingtaine d’années, la corpulence augmente dans la population générale, mais de manière différente selon le sexe. Alors qu’elle est en constante augmentation chez les femmes, le surpoids et l’obésité semblent avoir atteint un plateau chez les hommes, voire légèrement diminué entre 2016 et 2017.
En France, près d’une personne sur deux est en surpoids et 17 % sont obèses. Ces chiffres sont en augmentation depuis des années. Une étude publiée par Santé publique France mardi 10 septembre confirme ces évolutions et montre une différence de dynamique entre les femmes et les hommes.
“Cette étude a été menée sur une longue période, ce qui est assez rare”, a expliqué à BFMTV.com Valérie Deschamps, co-auteure de l’étude et coordinatrice de l’équipe de surveillance à Santé publique France. L’organisme a compilé des données de 1996 à 1997.
Chez les femmes, la taille du corps a augmenté de façon constante
Depuis plus de 20 ans, “la corpulence déclarée a globalement augmenté”, écrit SPF. Chez les hommes, la proportion de personnes se déclarant en surpoids (y compris obèses) a augmenté entre 1996 et 2008, passant respectivement de 40% à 48%, et semble depuis se stabiliser autour de 48-50%.
Entre 2016 et 2017, cette étude a mesuré une diminution relative de 11 %, une diminution « statistiquement significative ».
La proportion d’hommes se déclarant en surpoids (y compris obèses) est plus élevée que celle des femmes. Cependant, ces dernières ont connu une évolution temporelle très différente : la corpulence a augmenté de façon constante.
Le surpoids déclaré (y compris l’obésité) chez les femmes était inférieur à 25 % en 1996 et a atteint 39 % en 2017, et cette augmentation a été continue au fil des ans.
Des modes de vie différents ?
Concernant l’obésité déclarée, définie par un IMC supérieur ou égal à 30, elle touchait 7% des hommes en 1996 et a augmenté pour dépasser 14% en 2016, avant d’enregistrer une baisse significative et de revenir à 13% en 2017. Chez les femmes, elle était inférieure à 6% d’entre elles en 1996 et a atteint 14% en 2017.
Pour comprendre ces différences, une nouvelle étude est en cours pour analyser plus en détail les pratiques différenciées entre hommes et femmes, en termes d’alimentation et d’activité physique.
« Le surpoids et l’obésité sont des pathologies multifactorielles », explique Valérie Deschamps.
Par exemple, « on observe des modes de vie et des comportements différents entre les hommes et les femmes, avec par exemple moins d’activité physique chez les femmes, notamment après 40 ans », illustre-t-elle. La chercheuse explique qu’il y a aussi un fort impact du niveau d’éducation sur ces données.
Données déclaratives
Comme l’indique Santé publique France dans son étude publiée ce mardi, « ces différences entre les sexes doivent néanmoins être interprétées avec prudence, dans la mesure où elles pourraient être dues en partie aux différences observées par ailleurs dans la sous-déclaration du poids, potentiellement plus importante chez les femmes que chez les hommes. »
En effet, cette nouvelle étude se base sur des données déclaratives. « Les gens se déclarent parfois plus grands et moins gros », concède Valérie Deschamps, qui explique néanmoins que cette étude sert surtout de comparaison temporelle.
Principaux facteurs de risque
« Il est important de tenir compte des inégalités socioéconomiques », ajoute Valérie Deschamps. Selon elle, les gens savent par exemple qu’il faut manger cinq fruits et légumes par jour et qu’il faut pratiquer une activité physique régulière.
« Mais ils ont du mal à passer à l’action, notamment parce que c’est loin de leurs préoccupations », explique-t-elle. La spécialiste plaide donc pour la diffusion de messages moins culpabilisants. « L’idée est de dire que faire un peu, c’est toujours mieux que rien », poursuit-elle.
« C’est un enjeu de santé publique », insiste Valérie Deschamps.
En effet, comme le souligne Santé Publique France, le surpoids et l’obésité sont des facteurs de risque majeurs de maladies non transmissibles, comme les maladies cardiovasculaires, le diabète, certains cancers ou le risque de décès prématuré, ainsi que de certaines maladies infectieuses comme cela a été mis en évidence avec le Covid-19.
« Au vu de ces évolutions, le niveau élevé de corpulence des adultes en France, qu’il soit déclaré ou mesuré, justifie la poursuite, voire l’intensification, des programmes de lutte contre le surpoids et l’obésité, en encourageant une alimentation saine et équilibrée, en favorisant une activité physique régulière et en prévenant les effets néfastes d’une trop grande sédentarité », alerte Santé publique France.