Depuis quelques semaines, impossible de se promener dans les rues de Paris ou d’ouvrir un magazine sur papier glacé sans croiser Omar Harfouch, cheveux châtains courts, sourire ultra-éclatant et pattes d’oie au coin des yeux. Le richissime homme d’affaires libanais de 55 ans a acheté des spots publicitaires un peu partout – presse, panneaux d’affichage, spots radio – pour vendre son « Concerto pour la paix », qui aura lieu le 18 septembre au Théâtre des Champs-Elysées. La « création originale d’Omar Harfouch » est célébrée en grosses lettres jaunes, comme si le nom de ce pianiste et compositeur amateur était familier aux mélomanes. En réalité, ce médiatique mystérieusement riche, dont la carrière l’a mené de Moscou à Kiev, de Paris à Dubaï, est plus habitué aux actualités politiques et people qu’aux programmes culturels.
Le Théâtre des Champs-Elysées ne fait aucune mention de l’événement sur son site Internet. Pour une raison simple : la salle a été privatisée pour l’occasion. Aucune de ses 1 900 places n’est à vendre. Harfouch invite tout le monde à ses frais, y compris en envoyant des voitures avec chauffeur, pour l’entendre jouer une composition originale avec l’Orchestre symphonique de Béziers. Son “ami” Robert Ménard, maire de la ville, proche de longue date du Rassemblement national (RN, extrême droite), met les musiciens à sa disposition.
“Il y aura des gens qui comptent, des gens célèbres, des gens de la politique : ils écouteront mon message”, a déclaré l’artiste, en énumérant une longue liste d'”invités confirmés”, qui compte aussi son lot de chanteurs, d’acteurs et de starlettes de la télé. Le problème, c’est que l’ancien président François Hollande, par exemple, fait partie des nombreux invités inscrits qui n’ont pas prévu de venir. La présidente de la région Île-de-France Valérie Pécresse, le député Karl Olive – “rien à l’ordre du jour sur le sujet, aucune invitation”, a-t-il précisé – et l’ancien Premier ministre Manuel Valls en font partie. “Je ne sais pas de quoi il s’agit”, a déclaré Valls, avant de trouver un e-mail envoyé par l’écrivain Marek Halter, auquel il n’a pas l’intention de donner suite.
« Harfouch investit dans sa marque »
Pourquoi faire de la publicité pour un événement pour lequel les billets ne sont pas en vente ? A l’entendre, Harfouch avait prévu de vendre des billets mais y a renoncé pour des raisons de sécurité. La préfecture de police de Paris s’est inquiétée de la présence d’un grand nombre de “personnages significatifs”, a-t-il affirmé. La préfecture n’a pas donné suite à cette demande. Le mondeLa direction du Théâtre des Champs-Elysées a assuré, elle, qu’il n’avait jamais été question de vendre des billets. « Harfouch investit dans sa marque, pour paraître plus riche et plus connecté qu’il ne l’est en réalité et pour s’ouvrir d’autres opportunités commerciales en coulisses », a expliqué une source proche du dossier. « C’est une opération à la Donald Trump. »
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