Baptisée « autoroute électrique », elle pourrait permettre de recharger la batterie d’un véhicule électrique en roulant un jour. Invisible pour les automobilistes, cette technologie fonctionnerait grâce à des bobines inductives, installées à une dizaine de centimètres sous le bitume, le long de l’axe longitudinal de la voie de droite. Elle sera testée en 2025 sur l’autoroute A10, au sud-ouest de Paris, sur un tronçon de 2 kilomètres près de Saint-Arnoult-en-Yvelines.
Dans le cadre d’un appel à projets lancé par Bpifrance, le concessionnaire Vinci Autoroutes a été retenu, aux côtés de l’université Gustave-Eiffel et de l’industriel Hutchinson, pour déterminer l’efficacité énergétique de ce système, déjà en place sur les voies publiques suédoises. D’un coût de 26 millions d’euros, le test français est financé par l’État français.
“La route assure 87 % du transport de voyageurs et de marchandises. Même dans le scénario le plus optimiste de conversion au rail, elle représentera encore plus de 75 % des déplacements en 2050. C’est donc la route qu’il faut décarboner”, a expliqué Christophe Hug, directeur général adjoint en charge de la politique environnementale de Vinci Autoroutes. “C’est particulièrement vrai sur l’autoroute, où les camions émettent 45 % des gaz à effet de serre du fait de leur nombre plus important, contre 25 % en moyenne sur l’ensemble du réseau routier français”, a-t-il insisté.
Champ magnétique
L’objectif de la recharge par induction est d’espacer les arrêts nécessaires à la recharge depuis une borne fixe et de diviser par deux, voire par trois, la taille des batteries. “Ce n’est pas un gadget technologique”, explique Louis du Pasquier, directeur mobilité bas carbone de Vinci Autoroutes. Des bobines de cuivre enterrées dans le sol et alimentées par le réseau électrique émettent un champ magnétique, qu’un capteur installé sous le châssis du camion retransforme en électricité. “A 200 kilowatts de puissance, on pourrait recharger 50 % de la batterie d’une voiture en roulant 10 minutes sur la voie de droite”, explique Louis du Pasquier.
Virginie Delcroix, directrice du développement durable de Geodis, filiale logistique de la SNCF, s’enthousiasme : « C’est extrêmement intéressant, car cela nous libèrerait des contraintes de recharge sur autoroute, tout en réduisant le recours aux matériaux critiques utilisés dans la fabrication des batteries. » A condition que la technologie soit déployée de manière uniforme en Europe. Vinci Autoroutes, au même endroit sur l’A10, va tester une deuxième solution qui consiste à recharger une batterie en reliant le camion à un rail plat fixé à la chaussée, grâce à des patins rétractables. Ce système, développé par Alstom, est déjà en service sur les tramways de Tours et Bordeaux.
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