En ces premiers jours de la Fashion Week de Paris, où sont présentées les collections femme printemps-été 2025 du 23 septembre au 1er octobre, la jeune garde créative est présente en force, prête à affrontez les poids lourds de l’industrie. Et dans cet agenda chargé, pas facile de se démarquer.
Alain Paul, qui a travaillé aux côtés de Virgil Abloh dans les studios Vetements et Louis Vuitton Men avant de lancer la marque qui porte son nom en 2023, a présenté sa collection sur la scène du Théâtre du Châtelet. C’était le lieu idéal pour sa programmation, qui cherchait à rappeler garde-robes des danseurs lors de leurs répétitions matinales. Le créateur de 35 ans, lui-même ancien élève de l’Ecole Nationale Supérieure de Danse de Marseille, mélange savamment tops et tee-shirts en tulle transparent, jupes fluides et robes terminées par des fuseaux noués sous les semelles des chaussures. Cette gamme confortable et féminine est complétée par des vestes de tailleur, des robes longues drapées et de grandes blouses.
Autre collection axée sur le confort, celle de Marie Adam-Leenaerdt, qui invitait ses invités à s’attabler (œufs farcis inclus) à la brasserie Terminus Nord, face à la Gare du Nord. “Pour nous, Belges, c’est un incontournable, le premier endroit que l’on voit en descendant du Thalys !” » s’est moqué le créateur de 28 ans, finaliste du prix LVMH 2024. Cette saison, elle s’est tournée vers les T-shirts, le vêtement le plus simple et le plus basique. Mais c’était pour mieux le déconstruire : le jersey de son haut était étiré, posé à plat puis transformé en veste, robe tablier ou transformé en robe de soirée drapée. C’est un pari particulièrement réussi.
Paillettes et pompons
Autre démarche radicalement différente, celle de Kevin Germanier, 32 ans, dont le travail a été remarqué lors de la cérémonie de clôture des Jeux Olympiques, où il a conçu les 120 tenues présentées sur scène. Cet été chargé ne lui laisse que peu de temps pour préparer sa collection basée sur les signes du zodiaque, baptisée « Les Désastreuses ». Il mettait en scène une vingtaine de créatures vêtues de paillettes, de pompons, de strass et de pointes sur le dessus de leur crâne aux couleurs explosives. Si l’on s’interroge sur la viabilité commerciale d’une telle proposition, elle a certainement le mérite de se démarquer avec panache.
Lors du défilé Ester Manas, les invités étaient accueillis par un énorme éléphant gonflable, faisant écho au nom de la collection, “L’Éléphant dans la pièce”. Lancée en 2019 par Ester Manas et Balthazar Delepierre, un couple marié d’une trentaine d’années, la marque s’engage depuis sa création à proposer une mode inclusive conçue pour toutes les morphologies et toutes les tailles. Comme c’était formidable de voir enfin non seulement des mannequins maigres défiler sur le podium.
Ici, elles portaient des robes ajourées en maille de nylon transparente, des hauts à volants, des robes du soir avec des imprimés floraux et des volants et des vestes en cuir texturées et froncées révélant des motifs imprimés. « L’expression “l’éléphant dans la pièce” souligne également les difficultés auxquelles sont confrontées aujourd’hui les petites marques : beaucoup ont fait faillite. Nous sommes les premiers touchés par la crise actuelle. Mais nous sommes vraiment fiers d’avoir pu participer au spectacle parce que ce n’est pas facile”, a déclaré le duo. Un acharnement louable.