Avec son turban noir, réservé aux descendants du Prophète, ses fines lunettes et son épaisse barbe poivre et sel, Hassan Nasrallah est le visage du Hezbollah depuis plus de trois décennies. À la tête de cette milice vouée à la lutte armée contre Israël, devenu un État au-dessus de l’État libanais, le leader chiite a tenu entre ses mains le sort du pays, dans la guerre comme dans la paix. Le leader charismatique, vénéré religieusement par ses partisans et craint par ses ennemis comme un stratège politique et militaire hors pair, est décédé vendredi 9 septembre lors d’une frappe israélienne contre son fief de la banlieue sud de Beyrouth.
Comparé aux régimes arabes critiqués pour avoir abandonné la cause palestinienne, le « sayyed », comme on l’appelle, incarne la résistance à Israël au sein du monde arabe. Il est vénéré comme un nouveau Nasser ou un Che Guevara arabe depuis que ses troupes ont forcé Israël à se retirer du sud du Liban en 2000, après 22 ans d’occupation. Cette aura héroïque s’est encore renforcée à l’été 2006, lorsque le Hezbollah a vaincu les forces israéliennes au cours d’une brève guerre qui a duré 33 jours.
Objet de fascination au Moyen-Orient, Nasrallah aimait influencer le cours de l’Histoire avec une verve sans précédent, dans de longs discours mêlés de références religieuses, ponctués d’humour et de menaces appuyées par un doigt levé. Ennemi juré d’Israël, considéré comme terroriste par les États-Unis – mais pas par la France, qui entretenait un dialogue difficile mais régulier avec ses proches – vit, depuis la guerre de 2006, retranché dans un bunker sous la banlieue sud de Beyrouth. pour échapper aux tentatives d’assassinat.
Influence iranienne
Sa personnalité a mûri au fur et à mesure qu’il gravissait les échelons du parti milicien. Né le 31 août 1960 dans une famille chiite du sud du Liban, Nasrallah était l’aîné d’une fratrie de neuf. Adolescent, il commença à fréquenter les mosquées et admira Musa al-Sadr (1928-1978), le chef religieux et homme politique d’origine iranienne à l’origine du renouveau chiite au Liban avec son Mouvement des Déshérités. Lorsque, au début de la guerre civile libanaise en 1975, des familles musulmanes furent chassées de leurs quartiers par des milices chrétiennes, les Nasrallah retournèrent vivre dans leur village natal de Bazouriyeh, près de Tyr.
Nasrallah enseignait la religion. Il rejoint le parti Amal, fondé par Musa al-Sadr, pour contrebalancer les nationalistes panarabes et de gauche. À l’âge de 16 ans, il s’installe à Nadjaf, en Irak, pour poursuivre ses études religieuses. Sayyed Abbas al-Moussaoui (1952-1992), Libanais comme lui, devient son mentor. Mohammed Bakr al-Sadr (1935-1980) voyait en lui un brillant élève. Avec l’ayatollah Ruhollah Khomeini (1902-1989), Bakr al-Sadr fut l’un des architectes du « velayat-e faqih », le concept de primauté de la religion sur le pouvoir politique que la révolution islamique de 1979 en Iran allait imposer comme modèle. du gouvernement.
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