Lors d’une conférence à Bordeaux en septembre, deux chirurgiens ont opéré des patients qui se trouvaient en Chine à l’aide de robots. Une technique qui peut aider les patients et les professionnels du monde entier.
Opérations réalisées à plus de 8 000 kilomètres. Lors d’un congrès à Bordeaux organisé par la section de l’Association européenne d’urologie spécialisée en robotique, deux médecins opérés, venus de Gironde, des patients qui se trouvaient en Chine.
La première opération a eu lieu le 11 septembre : un patient de 37 ans localisé à Pékin s’est fait retirer une tumeur de 3,5 centimètres du rein par le professeur Alberto Breda, un chirurgien espagnol. Celui-ci s’opérait via un robot bordelais, en costume-cravate. Une semaine après l’opération, le patient se rétablissait à domicile sans complications, selon un communiqué de presse de la Fundació Puigvert, le centre de santé de Barcelone où travaille le professeur Breda.
Puis, un homme de 51 ans atteint d’un cancer de la prostate et également localisé à Pékin a été opéré par le docteur Richard Gaston, urologue à Bordeaux, à l’aide d’un robot dans son cabinet. L’opération a duré 1 heure 10 minutes et quelques jours plus tard, le patient “évoluait bien”, selon le centre d’urologie de Madrid où travaille également le médecin.
Comment cet exploit est-il possible ? “Les mouvements de la main du chirurgien sont reproduits par des instruments qui se trouvent à l’intérieur d’un patient qui, dans ce cas, se trouvait à Pékin. Entre les mouvements du chirurgien et les mouvements de l’instrument à l’intérieur du patient, il y a simplement un délai de 130 millisecondes. , ce qui est pratiquement imperceptible à l’œil nu”, explique Richard Gaston à BFMTV.
Plusieurs avantages
Le patient chinois a ainsi pu bénéficier de l’expertise du médecin bordelais : “c’était un geste banal entre guillemets, mais j’ai vraiment pu réaliser une intervention sophistiquée pour permettre au patient de ne pas perdre ses urines, de préserver sa sexualité”. et surtout guérir”, souligne l’urologue.
Si cette technique présente des avantages pour les patients, elle a aussi des vertus pour les professionnels. «C’est la possibilité pour des chirurgiens formés de venir en aide à un chirurgien qui a moins d’expérience dans n’importe quelle partie du monde», juge Richard Gaston. “Deuxième intérêt : c’est apprendre. Lorsqu’un chirurgien réalise une intervention, à un moment donné, un chirurgien expert peut prendre le contrôle, l’aider dans le passage difficile de l’intervention”, poursuit-il. .
« La téléchirurgie a le potentiel d’égaliser les disparités géographiques en matière de soins de santé », notamment en permettant aux pays à faible revenu d’investir et de former des chirurgiens à distance, déclaré Professeur Patel, cité dans un communiqué de presse du congrès.
D’autres spécialités développent cette technique
Cette intervention ouvre des perspectives à d’autres spécialités : « l’urologie était une spécialité qui a très vite développé la robotique, mais aujourd’hui, la chirurgie thoracique, la chirurgie digestive, la chirurgie gynécologique sont en plein essor et la robotique remplace la voie traditionnelle que nous avons tous connue », explique le Dr .Gaston.
Dans les prochains mois, le premier congrès mondial de téléchirurgie doit être organisé. Le lieu n’est pas encore connu : « ni aux Etats-Unis, ni à Strasbourg », prédit le Dr Gaston, rappelant que la ville alsacienne a accueilli la première téléchirurgie. En 2001, le professeur Jacques Marescaux ordonne depuis New York une ablation de la vésicule biliaire chez un patient de 68 ans à Strasbourg.