C’était la dernière semaine de mai. Un dîner bourgeois parisien se tenait près du jardin du Luxembourg. Les hôtes de la soirée recevaient trois autres couples. Tous avaient soixante-dix ou quatre-vingts ans, avec le teint bronzé qui marque les loisirs d’une classe d’affaires à la retraite mais fièrement active. Une grande rousse aux yeux clairs se présente en lui tendant la main : « Aude de Thuin, entrepreneure. Cette carte de visite est importante pour elle.
Grande prêtresse des salons d’entreprise depuis les années 1980 et fondatrice, en 2005, du célèbre Forum des Femmes de Deauville, qui rassemble le monde des affaires français et international, de Thuin est une marque pour une certaine génération et un certain milieu. Avec ses brushings laqués, ses étoles et ses sautoirs, elle a incarné pendant des années ces femmes, souvent issues de la droite libérale, qui revendiquent le pouvoir comme un modèle de féminisme, et dont l’audace et l’élégance bon enfant enchantent les lectrices de Madame Figaro – le magazine du quotidien conservateur Le Figaro.
Ce soir-là de mai, elle et son mari, Hubert Zieseniss, formaient un couple apparemment parfait : lui, 83 ans, l’homme d’affaires chaleureux mais réservé et elle, de 10 ans sa cadette, la fougueuse créatrice d’événements, parlaient pour eux deux. Quelques jours plus tôt, le 22 mai, “sous le haut patronage d’Emmanuel Macron”, elle avait organisé la première édition régionale de sa dernière trouvaille, Sistemic, un salon destiné à sensibiliser à la sous-représentation des femmes dans le monde artificiel. secteur du renseignement, au musée MuCEM de Marseille.

Entre les cours, le couple a parlé de leurs problèmes de genoux. Malgré leur différence d’âge, ils ont tous deux eu le même problème et ont fait part à leurs invités de leur projet de se faire opérer en même temps, fin juin. L’été se passerait à Paris, avec quelques semaines de rééducation dans la même maison de convalescence, pour mieux profiter d’un moment chez eux à Marrakech à l’automne. Ensemble, comme toujours.
Ce double rendez-vous médical n’a jamais été respecté. Quelques jours après le dîner, le 4 juin au matin, de Thuin a appelé les pompiers du sixième étage du 82, boulevard Haussmann, dans le chic 8 de Paris.ème arrondissement. Les sauveteurs sont montés jusqu’à l’appartement de 60 mètres carrés que le couple louait depuis 2019. Là, ils ont découvert le corps sans vie de Zieseniss. Selon la police, il serait mort par pendaison. Les poignets de De Thuin avaient été lacérés. Une longue lettre dactylographiée avait été laissée. Il y avait beaucoup de sang sur le sol.
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