Mis sous pression par l’épidémie de bronchiolite et en sous-effectif, les services d’urgences pédiatriques sont saturés. Une situation intenable qui met en danger la vie des enfants, préviennent les soignants.
Le personnel soignant à nouveau sous pression. L’arrivée de l’hiver et la hausse des cas de bronchiolite saturent déjà les services d’urgences pédiatriques de nombreux hôpitaux. Au point que certains soignants se mettent en grève.
Au Kremlin-Bicêtre, le personnel hospitalier dénonce un délai d’attente de plus en plus long pour les patients et réclame une augmentation des effectifs.
“Nous sommes trois infirmières et deux soignantes pour 150 visites par jour. Les enfants attendent jusqu’à 10 heures avant de voir un médecin. Certains attendent 14 heures sur des civières avant d’être hospitalisés”, prévient un gréviste, qui préfère garder l’anonymat.
“On risque la mort d’un enfant”
Normalement, “l’enfant est enregistré puis vu par l’infirmière dans un délai de 15 minutes”, mais dans cet hôpital, un enfant peut “attendre 1h30 avant d’être vu”. « On risque la mort d’un enfant », affirme une soignante.
Sept régions métropolitaines et trois outre-mer sont désormais en phase épidémique de bronchiolite, les cinq autres étant en phase « pré-épidémique » selon Santé Publique France.
Cette épidémie se mêlera cet hiver à celles de grippe et de gastro-entérite, prévient ce samedi 30 novembre sur BFMTV Andreas Werner, président de l’association française de pédiatrie ambulatoire (AFPA). Or, « il n’y a pas assez de personnel », regrette ce médecin.
« La situation est un peu meilleure dans le sud que dans le nord, mais même à l’hôpital d’Avignon, le délai moyen d’attente pour voir un médecin est de quatre heures », souligne-t-il.
Cette attente prolongée met en danger la santé des enfants et favorise la transmission de virus dans les salles d’attente. “Vous amenez votre enfant atteint d’une bronchiolite, mais comme votre voisin a un rotavirus ou une grippe, vous repartez avec une autre maladie”, illustre Andreas Werner.
Dans les services d’urgence les plus saturés, “on est obligé de trier et de ne pas garder certains enfants par manque de place”, prévient-il.
Selon le président de l’AFPA, si la saison hivernale explique la crise actuelle, les causes sont structurelles. « La situation dure depuis longtemps. Nous avons énormément travaillé et fait des propositions à la conférence de pédiatrie, mais rien n’a suivi.»