Ces « sachets » sans tabac sont commercialisés avec différentes saveurs et dans des boîtes colorées, ce qui les rend particulièrement appétissants pour les enfants. Selon les spécialistes, ils présentent un danger particulier pour les jeunes.
Une nouvelle alerte. L’INC et 60 Millions de Consommateurs, en partenariat avec le Comité national contre le tabagisme (CNCT), réclament l’interdiction des sachets de nicotine, appelés « pochettes » en France. Dans une étude publiée ce mardi 10 décembre, les organismes « s’interrogent sur la présence d’un tel produit sur le marché, « étant un produit qui n’est pas un produit de sevrage à l’efficacité reconnue ».
« Elle présente un risque d’intoxication, mais aussi d’addiction pour les plus jeunes avec un taux de nicotine incontrôlé et parfois très élevé, sans compter la présence d’éventuels contaminants », indique 60 Millions de consommateurs.
Aucune quantité limite réglementaire de nicotine
Dans cette étude, les scientifiques ont analysé sept types de sachets, « choisis avec des arômes variés (citron épicé, fruits rouges, Bellini…) ». Les pochettes sont des sachets de nicotine sans tabac. Ils contiennent, dans un tissu perméable, des fibres polymères imprégnées de nicotine et d’arômes. Ces sachets, qui se glissent entre la lèvre et la gencive, diffusent de la nicotine pendant plusieurs dizaines de minutes.
“Ces sachets sont commercialisés en dehors de tout cadre juridique clair”, précise l’étude publiée ce mardi, qui indique que les sachets “n’ont pas de limite de quantité réglementaire alors que la nicotine est addictive et classée substance toxique”.
L’analyse montre en effet que les taux de nicotine présents dans les produits sont systématiquement inférieurs aux taux affichés, mais dans des proportions variables. Par exemple, les sachets de menthe glacée D’lice contiennent 4 grammes au lieu de 12 par sachet.
“Un consommateur retrouvera une quantité de nicotine différente pour le même taux affiché s’il change de produit, ce qui peut être problématique dans le processus de sevrage”, déplore 60 Millions de Consommateurs.
Métaux lourds dans la composition
En analysant ses sept types de sachets de nicotine, les scientifiques ont trouvé de l’arsenic dans chacun d’eux. « Les valeurs trouvées étaient assez élevées pour les sachets D’lice (plus de 0,20 µg/sachet) et Zyn (0,59 µg) ».
L’étude explique que des analyses supplémentaires sont nécessaires pour en savoir plus sur ce risque de contamination mais considère néanmoins que « cela reste une contamination évitable ».
De plus, certains sachets contiennent du plomb, de l’antimoine, du molybdène ou du chrome. « Ces métaux sont naturellement présents dans notre environnement. Leur présence, bien spécifique aux marques, est un signe probable de contamination des matières premières utilisées », explique 60 Millions de Consommateurs.
“Ces produits sont comme des bonbons”
Outre les métaux lourds, il existe également des édulcorants. Ceux-ci ne sont pas de qualité alimentaire, l’étiquetage ne précise pas nécessairement le type utilisé. “C’est le cas du Zyn. Le Nois, selon l’étiquette, n’en contient pas. Les produits D’lice contiennent de l’acésulfame K et les produits Velo contiennent du xylitol, dans deux cas (citron épicé et fruits rouges), du sucralose”, explique celui-ci. étude.
L’INC/60 Millions de consommateurs et le CNCT affirment que « au vu de leur contenu et de leur pouvoir sucrant, ces produits s’apparentent à des bonbons. Et même s’il est indiqué sur la boîte qu’ils sont interdits aux enfants de moins de 18 ans, les arômes et les édulcorants les rendent savoureux, y compris pour les enfants.
En octobre, la ministre de la Santé Geneviève Darrieussecq soulignait également que la commercialisation des pochettes « s’adresse directement aux jeunes ».
Par ailleurs, l’étude publiée ce mardi indique que les boîtes contenant ces sachets de nicotine “ne sont pas sécurisées”, entraînant donc un risque d’intoxication après ingestion ou consommation accidentelle par les enfants et adolescents.
Vers une interdiction ?
Des scientifiques appellent à interdire ces sachets de nicotine en France. “Ce serait le moyen de protéger les jeunes consommateurs et les non-fumeurs, en laissant d’autres moyens de sevrage aux fumeurs, tout cela avant la création d’une filière trop importante et qui serait plus difficile à démanteler”, écrit 60 Millions de consommateurs. Les vendeurs de sachets les présentent comme une alternative plus saine à la cigarette puisqu’ils ne contiennent pas de tabac et ne provoquent pas de combustion.
Le 29 octobre, la ministre Geneviève Darrieussecq, désormais démissionnaire, a annoncé qu’une interdiction serait prochainement publiée.
En novembre 2023, l’Anses avait alerté sur les risques sanitaires des sachets, qui peuvent conduire à des « intoxications aiguës » à la nicotine. Selon le site de l’Assurance Maladieune surdose dans nicotine se manifeste par des maux de tête, des nausées, des vomissements, une vision floue, des douleurs abdominales, de la diarrhée, des sueurs froides, des tremblements et parfois une faiblesse générale. “A fortes doses”, des convulsions peuvent survenir, ajoute l’Assurance maladie.
Le ministre de la Santé a également alerté sur la possibilité « d’induire une dépendance à la nicotine puis une entrée dans le tabagisme » via la consommation de sachets.
Par ailleurs, une observation déjà réalisée par la CNCT en mai. Cette association a relevé 239 publicités pour des sachets de nicotine sur Instagram en 2023, alors qu’« aucune vérification rigoureuse de l’âge n’est effectuée sur les sites » qui les vendent.