En 2023 et 2024, les centres antipoison ont enregistré une forte augmentation des cas d’intoxications aiguës avec ce médicament, consommé sous forme liquide dans les cigarettes électroniques.
Il est possible de s’en procurer un en quelques minutes, en contactant un fournisseur sur le réseau social Snapchat. Pas de vérification d’âge, il suffit de débourser quelques dizaines d’euros pour obtenir du PTC, acronyme de « souffle-toi la tête », aussi parfois appelé « Buddha Blue ».
Ce médicament est un produit cannabinoïde synthétique. Il s’agit d’un liquide inodore et incolore qui se vape dans les cigarettes électroniques et dont les effets peuvent être 200 fois supérieurs à ceux du cannabis, selon drogues-info-service.
« C’est comme les joints, ça défonce », expliquent des lycéens. « En parfois trois bouffées, il y en a qui finissent par terre en hallucinant », raconte un autre.
En France, la consommation augmente, notamment chez les jeunes. Selon Jérôme Langrand, chef de service au centre antipoison de Paris, entre 2019 et 2022, les centres antipoison français ont enregistré « quelques dizaines de cas ». « On approchait de la centaine en 2023 et là, en 2024, on est déjà presque à 200 », indique-t-il, précisant que ces chiffres ne sont pas exhaustifs mais qu’ils sont représentatifs de cette tendance à la hausse.
Alerte dans les écoles
A ce propos, Véronique Massin, conseillère technique médicale auprès du recteur de Paris, a adressé un message aux établissements scolaires après avoir reçu une alerte de l’ARS sur deux jeunes hospitalisés suite à une suspicion de consommation de PTC par vapotage.
“Ce n’est pas évident de savoir que les jeunes en consomment s’il n’y a pas d’effets secondaires car c’est du vapotage et un liquide inodore et incolore”, précise Véronique Massin, qui rappelle que vapoter ou fumer reste interdit dans tous les établissements scolaires.
Il s’agit donc de faire de la prévention auprès des personnels éducatifs, pour qu’ils puissent identifier ces cas potentiels, et auprès des jeunes. Véronique Massin explique que les personnels de santé scolaire, médecins et infirmiers, travaillent en prévention sur ces sujets de produits psychoactifs, notamment à travers des séances d’apprentissage de compétences psychosociales. L’enjeu est d’apprendre aux jeunes l’estime de soi, à savoir dire non, à se démarquer du groupe, dès qu’ils soupçonnent une consommation dangereuse pour leur santé.
Selon nos informations, certains adolescents se lancent des défis dans lesquels ils doivent consommer de force ce produit.
Effets secondaires graves et risque de dépendance
Ces dernières années, plusieurs cas d’intoxications ont été enregistrés, avec parfois des effets secondaires graves. « Cela provoque une grande agitation, allant parfois jusqu’à l’automutilation, et éventuellement des troubles de la conscience puis un risque important de survenue de convulsions avec les conséquences possibles des convulsions : on peut avoir un arrêt cardiaque, on peut avoir une anoxie cérébrale. et avoir des séquelles », prévient Jérôme Langrand.
Paralysie, hallucinations, auto-agressivité, tachycardie, migraines sévères, crises de paranoïa ou encore détresse respiratoire… Les effets néfastes sont nombreux. Selon drug-info-service, le cannabis synthétique est plus puissant, plus dangereux et plus addictif que le cannabis naturel. Le risque de surdosage est donc particulièrement élevé, ce qui n’existe pas avec le cannabis naturel.
L’Observatoire français des drogues et des tendances addictives souligne que la plupart des cannabinoïdes de synthèse sont fabriqués par des entreprises situées en Chine et vendus sur Internet.
« Ces flacons et sachets d’e-liquides sont également fortement commercialisés afin de les rendre plus accessibles aux populations plus jeunes, étant très colorés et portant des noms attractifs », ajoute l’observatoire.
De plus, la consommation de médicaments de type PTC entraîne assez rapidement un effet de tolérance, poussant l’usager à augmenter les doses consommées pour obtenir les mêmes effets, et une dépendance. Toute détention de PTC constitue un délit passible d’un an d’emprisonnement.