Du métal au bambou, du mobilier épuré des « jeunes loups » des années 1950 aux nouvelles créations sculpturales en bronze du créateur du mobilier liturgique de Notre-Dame de Paris, zoom sur quatre galeries parisiennes et leurs nouvelles expositions.
L’hymne à la sphère de Victoria Wilmotte
Non loin du Musée du Luxembourg, c’est une belle occasion de découvrir une nouvelle galerie de design ouverte par Victoria Wilmotte, 39 ans, rue Madame, au 6ème arrondissement, dévoilant sa dernière collection, “Concav”, en acier peint à la poudre et en verre couleur citron vert. Ligne graphique en hommage à la sphère, elle s’inscrit dans les pieds de petites tables ou de tables basses, de guéridons et de tabourets, ou dessine les courbes d’un miroir XL. Cette artisan designer réalise ses pièces à deux pas de là, dans son atelier du quai des Célestins, rive droite, où elle découpe et assemble elle-même l’acier, son matériau de prédilection et s’affirme aujourd’hui comme une auto-éditrice audacieuse.
Collection “Concav”, jusqu’au 19 décembre à l’Espace Victoria-Wilmotte, 38, rue Madame, Paris 6ème arrondissement.
Jean Prouvé et Ron Arad, le métal ou rien
Tout a commencé avec un dessin et une photo d’une mystérieuse chaise de Jean Prouvé (1901-1984), datant de 1924, dont aucune trace réelle n’a été retrouvée. Le designer israélien basé à Londres, Ron Arad, qui partage l’amour du métal du « metal twister » français, lui rend hommage en imaginant la forme définitive de l’objet 100 ans plus tard. Il ressuscite ce siège en inscrivant avec humour sur le dossier une plaque d’aluminium découpée au laser sur fond de cuir rouge : “Personne, sauf peut-être Prouvé, n’a jamais vu le dossier de cette chaise de 1924. Ron Arad 2023.” L’occasion de revisiter quelques chefs-d’œuvre de chaque créateur. Ainsi, le parasol « Conakry » de Jean Prouvé (1957) et la bibliothèque « This Mortal Coil » de Ron Arad (1993), exposés côte à côte dans la galerie, révèlent leurs approches singulières du métal, l’une pragmatique, l’autre sculpturale.
‘Prouvé/Arad. Masters of Metal’, jusqu’au 14 décembre à la Galerie Laffanour/Downtown, 18, rue de Seine, Paris 6e.
Les jeunes loups du design français
Une lampe de Pierre Guariche ou des appliques murales de Robert Mathieu en métal perforé, une commode en palissandre de Joseph-André Motte ou un canapé moelleux de Michel Mortier, l’exposition de la Galerie Pascal Cuisinier met à l’honneur les « jeunes loups », les premiers designers français qui, nés pour la plupart entre 1925 et 1930, entreprirent après-guerre de meubler les Français dans un style simple, élégant et accessible au plus grand public. Ils ont constamment introduit des innovations techniques pour faciliter la production en série de leurs créations. Longtemps éclipsés par leurs aînés du mouvement moderniste, tels que Jean Prouvé, Le Corbusier ou Charlotte Perriand, ils sont ici doublement mis en avant puisque l’exposition s’accompagne de la publication d’un ouvrage coédité par Flammarion et les éditions Pascal Cuisinier (352 pages, 69 €). Fruit des recherches du galeriste, il présente un aperçu plus complet de quelque 500 modèles de mobilier et luminaires de cette période.
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