Ce texte rassemble les capsules contenues dans notre newsletter politique, publiée le jeudi à 17h00. Vous y trouverez un regard en quatre points sur les événements politiques de la semaine. Vous pouvez vous inscrire ici.
Il y a exactement un an, le nom de Denis Coderre réapparaissait dans l’espace public : l’ancien ministre fédéral et maire de Montréal annonçait qu’il envisageait sérieusement de se lancer dans la course à la direction du Parti libéral du Québec… mais pas tout de suite. Avant de confirmer ses intentions, il a promis d’aller parcourir les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle, quelque part au printemps. A l’issue de son pèlerinage, en juin, il a enfin confirmé sa candidature à une course dont l’issue serait déterminée au seuil de l’été 2025.
Ce rappel vise à montrer que la course à la succession de Justin Trudeau se déroulera dans des conditions complètement différentes. Aucun candidat n’ira à Compostelle pour y réfléchir – même s’il fait le déplacement en courant (ou en vélo électrique), ce serait beaucoup de temps perdu dans une campagne qui devra se dérouler… en courant, En fait. La faute au Premier ministre, qui a longtemps résisté aux appels à la démission et qui a fini par céder au pire moment possible pour le Parti libéral du Canada (PLC) et pour le pays (alors qu’un certain Donald Trump profite déjà du vide politique).
La décision tardive de Justin Trudeau oblige aussi les membres du conseil national du PLC à faire beaucoup de gymnastique. Ce sont eux qui doivent déterminer les règles qui régiront la course à la succession du chef libéral. Dans le contexte actuel, ils devront le faire en contournant ce que prévoit la Constitution du parti – qui n’est pas immédiatement adaptée au scénario d’une course à organiser en catastrophe.
Au-delà de la date retenue pour le vote ou des détails techniques de la course, il faudra surtout surveiller si le conseil national osera – ou pourra – modifier les règles qui précisent qui peut voter pour élire le prochain leader libéral. Car, il y a 12 ans, le PLC avait opté pour une formule très permissive, où toute personne âgée d’au moins 14 ans, qui avait une adresse au Canada et qui s’enregistrait comme libéral (pas même besoin d’en être membre) pouvait voter. C’est l’époque où l’évolution du militantisme incite le CLP à se transformer en un « mouvement » politique ouvert à presque tous. C’est toujours le discours officiel des autorités du parti.
Sauf que depuis, la question des ingérences étrangères – notamment dans les courses à la direction – a pris une ampleur qui devrait inciter les autorités du CLP à réfléchir sur l’intérêt de maintenir des règles aussi laxistes. Ce serait déjà une manière d’indiquer que nous prenons cette question au sérieux.
Le numéro
9070
Alors que Justin Trudeau remettra officiellement les rênes le 24 mars 2025 (ce sera probablement quelques jours avant), lui et son père auront été premiers ministres du Canada pendant un total cumulé de 9 070 jours — soit 5 642 pour Pierre Elliott et 3 428 pour Justin. Autrement dit : deux Trudeau auront dirigé le Canada pendant 43 % du temps écoulé au cours des 57 dernières années…
Le baromêtre
👍 Soulèvement
On ne remettra pas de médailles aux députés du Parti québécois (PQ) pour leur humilité, mais le geste demeure intéressant : les quatre élus péquistes ont annoncé en fin d’année avoir remis près de 80 000 $ en dons à quelques dizaines d’organismes au Québec. , une générosité financée à même l’augmentation salariale (30 000 $) obtenue par les députés en juin 2023. Ce faisant, les élus péquistes respectent l’engagement pris après l’adoption du le projet de loi controversé du gouvernement Legault : maintenir l’augmentation salariale moyenne accordée au secteur public et donner le reste aux organismes — jusqu’aux prochaines élections. Le geste est à la fois avantageux pour les organismes, utile politiquement pour le PQ, un peu gênant pour le gouvernement… et pas si coûteux pour les députés, qui pourront profiter du crédit d’impôt pour dons afin recevoir une partie de l’argent donné. Bingo !
👎 En déclin
Stephen Harper a été vivement critiqué en 2008 pour avoir demandé – et obtenu – une prolongation de la session parlementaire, ce qui lui a permis d’éviter d’être renversé par les trois partis d’opposition (la relativement fameuse « crise de la coalition »). “). Une quinzaine d’années plus tard, Justin Trudeau vient d’utiliser le même stratagème pour, essentiellement, la même raison : éviter que son gouvernement ne tombe avant que le Parti libéral du Canada n’ait pu choisir un nouveau chef. Le recours à la prorogation est pas problématique en soi, c’est un mécanisme normal de la procédure parlementaire, qui permet notamment de remettre à zéro les compteurs législatifs et de réorienter l’action gouvernementale. Très bien. Mais tout est une question de justification : dans le cas présent, comme en 2008. , ou comme dans 1873 (tout le monde ne s’en souvient pas forcément, mais John A. Macdonald avait momentanément sauvé la peau de son gouvernement en demandant une prorogation qui mettait fin à une enquête de corruption embarrassante pour lui), cet outil est utilisé à des fins partisanes, et finalement antidémocratiques.