Esther Martínez Miguel est docteur en sciences de la santé et directrice du programme de soins infirmiers à la Faculté des sciences de la vie et des sciences naturelles de l’Université Nebrija de Madrid. Silvia Gómez Senent est médecin spécialiste du système digestif, directrice du Master en Microbiote Humain et chargée de cours dans le programme allaitement à l’Université de Nebrija.
Notre rythme de vie actuel repousse souvent au second plan des questions aussi fondamentales que l’alimentation. Nous prenons souvent un petit-déjeuner rapide sur le chemin du travail, ou nous mangeons rapidement pour gagner du temps et être plus productifs ou parce que nous avons l’impression d’avoir un meilleur équilibre entre travail et vie privée.
Au-delà d’autres réflexions sur cette culture de la précipitation, il est intéressant de peser le temps et la santé et de s’arrêter quelques minutes pour évaluer les conséquences possibles d’une alimentation trop rapide. Avez-vous parfois un excès de gaz ? Souffrez-vous souvent de digestions lourdes ? Depuis combien de temps n’avez-vous pas prêté attention à vos sensations de faim et de satiété ?
Excès de gaz
Concernant le premier problème, une ingestion excessive d’air pendant et entre les repas est appelée aérophagie. Elle peut provoquer un léger inconfort, une sensation de lourdeur et des ballonnements, ainsi que des douleurs abdominales et une distension abdominale (augmentation objective et visible du diamètre de l’abdomen après ingestion d’aliments).
La quantité normale de gaz dans le tube digestif à jeun est d’environ 200 millilitres. Si cette quantité augmente de manière significative, les mécanismes physiologiques d’expulsion peuvent devenir très inconfortables. Ce volume dépend de l’équilibre entre l’ingestion et la production de gaz et de leur élimination, sous forme d’éructations, de flatulences ou via sa consommation par le microbiote intestinal.
L’un des principaux facteurs responsables de l’augmentation de l’ingestion d’air et de la production de gaz est une alimentation rapide, même si le chewing-gum, le tabagisme et les altérations du microbiote peuvent également y contribuer.
Surmenage digestif
De plus, lorsque l’on mange rapidement, le temps de mastication est réduit et la nourriture arrive presque entière dans l’estomac, ce qui nécessite une plus grande production de sucs gastriques pour la digérer correctement. Ce phénomène, qui demande également un effort métabolique plus important, est à l’origine de la sensation gênante de lourdeur et d’indigestion qui accompagne les repas express.
Si l’on ne mâche pas suffisamment – et donc si l’on ne permet pas l’action des enzymes orales – l’absorption des aliments au niveau de l’intestin grêle peut également être impactée. Ainsi, malgré les efforts de compensation de l’estomac, les aliments peuvent arriver dans l’intestin sans avoir été suffisamment digérés.
Pas de signal d’arrêt
Si l’on s’intéresse désormais aux sensations de faim et de satiété déjà évoquées précédemment, il faut se référer à l’axe intestin-cerveau. Car il est chargé, d’une part, de l’envoi des signaux qui orchestrent le processus de digestion et, d’autre part, de la nécessité de chercher de la nourriture ou, au contraire, de jeûner.
Deux hormones, la leptine et la ghréline, régulent respectivement la satiété et la faim. Lorsque nous voyons, sentons et commençons à ingérer un aliment, il faut compter 20 à 30 minutes pour que le premier fasse effet. Lorsque nous mangeons trop vite, nous ingérons des quantités supérieures à nos besoins énergétiques réels car la leptine n’a pas le temps de nous dire que nous sommes rassasiés.
Vous ne voyez toujours pas que la balance temps-santé penche clairement dans le bon sens ? Sachez que plusieurs études montrent une relation entre la vitesse à laquelle on mange et des facteurs de risque cardiovasculaire, des taux élevés de triglycérides et des risques accrus de développer un syndrome métabolique (il augmente jusqu’à 59 %) ou un surpoids et une obésité, notamment chez les populations diabétiques.
Cela vaut donc la peine de s’arrêter un instant, de s’asseoir et de profiter tranquillement de sa pause déjeuner ou de son repas. Mâchez lentement et faites attention à votre sensation de satiété. Investissez du temps et gagnez en santé.
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