L’ANSM rapporte un groupe de botulisme entre août et septembre pour les femmes qui ont reçu des injections de Botox par des personnes qui n’étaient pas autorisées à le faire dans un centre de la région de Paris.
Les conséquences peuvent être lourdes. Les injections de Botox en dehors du cadre médical, souvent favorisées sur les réseaux sociaux, sont illégales et peuvent avoir de graves effets sur la santé, alerte l’agence de drogue jeudi après l’hospitalisation de huit femmes présentant de graves symptômes de botulisme.
Ces symptômes lourds ont été observés chez les personnes qui ont dû être admises à la réanimation dans la région de Paris entre août et septembre 2024: “Difficulté à parler ou à avaler, difficulté à marcher, floue ou double vision, difficultés respiratoires qui peuvent nécessiter une trachéotomie”, détaille l’ANSM dans un communiqué de presse.
Le botulisme est une maladie neurologique grave dont les symptômes sont apparus 24 à 48 heures après “des fins esthétiques, non qualifiées”, Botox, un produit injectable utilisé en médecine esthétique pour améliorer temporairement l’apparition des rides.
Un cluster
Ces cas ont nécessité “une hospitalisation immédiate en réanimation: pour certaines de ces femmes, nous étions dans des situations de mise en jeu du pronostic vital”, a déclaré à l’AFP Mehdi Benkebil, directeur de la surveillance de l’agence médicamenteuse.
Ces dernières années, des cas sporadiques avaient été notés, “mais ici nous pouvons parler d’un cluster, d’une situation exceptionnelle”, indique-t-il, toutes les femmes hospitalisées ayant été injectées – “dans le contour du visage et des yeux” – dans le même centre dans la région de Paris, avec des effets négatifs principalement liés à “la surdose”.
Également utilisé pour traiter certains troubles musculaires ou neurologiques, le botox ou la toxine botulique est un médicament que “seuls les médecins se spécialisent dans la chirurgie plastique, reconstructive et esthétique, la dermatologie, la chirurgie du visage et du cou, la chirurgie maxillo-faciale et l’ophtalmologie peuvent acheter et administrer”, rappelle l’ANSM.
Un fournisseur d’illégalité
Tout “fournisseur esthétique” qui l’administre à ses clients “est illégal et met en danger la santé de ses clients”, ajoute l’agence de drogue, qui a saisi le procureur en septembre 2024. Le centre a ensuite été fermé, a déclaré Mehdi Benkebil.
L’ANSM appelle ainsi “la plus grande vigilance face à des pratiques dangereuses qui peuvent faire l’objet d’une promotion via les réseaux sociaux et constituer un exercice illégal de la médecine”.
Si en 2021, l’ANSM avait averti des professionnels contre l’utilisation de produits injectables à des fins esthétiques falsifiées, dont la mauvaise qualité pourrait provoquer des effets indésirables, cette fois les produits utilisés, achetés à l’étranger sur Internet, ne semblent pas avoir été de mauvaise qualité, a-t-il déclaré. Même si, dans plusieurs cas, ils “ne pouvaient pas être identifiés”, spécifie le gestionnaire de l’ANSM.
Fabriqués dans de mauvaises conditions d’hygiène qui peuvent provoquer des infections, ces injections dangereuses pour les patients, souvent les jeunes filles, sont commercialisées sur les réseaux sociaux – Instagram et Tiktok à l’esprit – par des pseudo-sédaux ou promus par des influenceurs.
Selon l’ordre des médecins, les actes médicaux et chirurgicaux illégaux pour les Cosmers connaissent une croissance inquiétante en France. En 2024, le nombre de rapports a atteint un record de 128, contre 123 en 2023 et 62 en 2022.
À la mi-septembre 2023, deux sœurs très actives sur les réseaux sociaux avaient été condamnées à Valenciennes (nord) jusqu’à la prison et en suspension pour des centaines d’injections illégales de Botox et d’acide hyaluronique.