Huit femmes ont contracté le botulisme après les injections de Botox dans la région de Paris. Cette maladie neurologique grave est généralement souvent associée à la contamination alimentaire. Mais la toxine derrière la pathologie est également utilisée dans le contexte des activités médicales ou esthétiques.
C’est une situation “extrêmement rare”. Huit femmes ont été hospitalisées dans la région de Paris entre août et septembre 2024 en raison de symptômes graves du botulisme. Ils ont été admis à la réanimation avec “des difficultés à parler ou à avaler, des difficultés à marcher, un flou ou une double vision, des difficultés respiratoires qui peuvent nécessiter une trachéotomie”, les détails de ce jeudi 27 février, l’Agence des médicaments (ANSM) dans un communiqué de presse.
Le botulisme est une maladie neurologique grave. Ces dernières années, des cas graves ont été identifiés en France. La maladie avait été causée par la consommation d’aliments mal conservés.
Dans ce cas, le botulisme n’est pas de la nourriture mais “iatrogène”, c’est-à-dire qu’il est lié à un traitement médical ou cosmétique. Ici, les femmes hospitalisées ont toutes effectué des injections de Botox peu de temps avant.
Doses diluées utilisées en médecine
Le terme Botox vient, en fait, de “toxine botulique”. “C’est la même toxine que celle de la culture mal préservée mais des aliments produits”, expliqué en septembre 2024 à bfmtv.com Clémence Marois, docteur en neuroréanimation à Pitié-Salpêtriere, spécifiant que le produit est, dans ce cas, “très dilué”.
La toxine botulique peut être utilisée dans un cadre médical, par exemple en cas de “torticollis, problème neurologique, pour détendre les muscles ou dans le contexte de la réhabilitation”, illustre Clémence Marois.
“Il y a pas mal de médecins qui sont autorisés à l’utiliser”, dit-elle.
De plus, “les complications sont très rares car nous utilisons de très petites doses”, ajoute le spécialiste. En effet, des problèmes peuvent survenir, allant jusqu’à l’élaboration des maladies du botulisme, uniquement en cas de “surdose” ou “d’injection directement dans les vaisseaux”.
Le produit est donc également utilisé en médecine esthétique pour améliorer temporairement l’apparence des rides car elle détend les muscles. “Dans ces cas, la toxine est beaucoup plus diluée, le risque est normalement encore plus bas”, a déclaré Clémence Marois.
La toxine se propage aux muscles respiratoires et avalés
Dans le cas de huit femmes hospitalisées l’année dernière, les symptômes sont apparus 24 à 48 heures après les injections de Botox. Ces cas ont nécessité une hospitalisation immédiate en réanimation avec des prévisions vitales initialement commises, a déclaré le bureau du procureur de Paris.
“La neurotoxine se propagera dans le corps. D’abord le visage où il est injecté, puis les jambes et les bras puis dans les muscles respiratoires et avalés”, explique Clémence Marois. Conséquence: l’admission au service de réanimation est nécessaire “pour intuber et ventiler”.
Deux types de traitement sont alors possibles. Premièrement, un traitement étiologique “antitoxine”. “Il est nécessaire que ce soit deux ou trois jours après le début de l’apparence des symptômes. Sinon, on ne sait pas si cela a un intérêt”, explique Clémence Marois, qui spécifie que ces symptômes peuvent parfois apparaître plusieurs jours après l’injection.
En parallèle, les médecins ont mis en place un traitement plus symptomatique car la toxine finit par éliminer seule. “Il bloque le fonctionnement neuromusculaire mais ne le détruit pas, donc le patient est maintenu jusqu’à l’élimination”, explique Clémence Marois, ajoutant que les risques de complications demeurent. Cela nécessite donc une surveillance de réanimation pour maintenir les fonctions vitales, en particulier avec la ventilation et l’oxygénation.
“Une transition vers la réanimation n’est pas triviale”, se souvient le médecin en neuroréanimation.
Injections effectuées par une personne “dépourvue de tout diplôme”
Comme pour le botulisme alimentaire, la maladie est difficile à identifier. Les signes peuvent être différents d’un patient à l’autre et, de plus, il existe d’autres maladies beaucoup plus fréquentes qui peuvent provoquer des symptômes similaires. Dans ce cas, “certains patients, pour des raisons personnelles, ne signifiaient pas qu’ils avaient utilisé des injections”, a ajouté Clémence Marois.
Des cas sporadiques avaient été notés ces dernières années, “mais ici nous pouvons parler d’un cluster, une situation exceptionnelle”, a déclaré à l’AFP Mehdi Benkebil, directeur de la surveillance de l’agence de médicaments. Toutes les femmes hospitalisées qui ont été injectées “dans le coin et les yeux”, par la même personne, dans la région de Paris, et les victimes d’effets indésirables principalement liés à la “surdose”.
Comme indiqué dans bfmtv.com Le bureau du procureur de Paris en septembre dernier, les injections de Botox ont été effectuées en été par un ressortissant chinois, dans une situation régulière sur le territoire, “mais dépourvue de tout diplôme”. “Les injections ont eu lieu dans des appartements privés, sans se conformer aux conditions d’hygiène applicables en la matière”, a indiqué l’accusation. Cette personne a été inculpée lorsqu’elle prévoyait de quitter la France quelques jours plus tard. Elle avait déjà été impliquée pour des faits similaires sur un autre patient.
“Il est important de se rappeler que les injections de toxines botuliques à des fins thérapeutiques ou esthétiques ne peuvent être effectuées que par un médecin et en particulier un neurologue, un ophtalmologiste, un oto-rhino-laryngologue, un chirurgien plasticien, un dermatologue et un chirurgien maxillo-facial”, nous a rappelé un article de la procédure de criminel.
Une augmentation des cas inquiétants
Réservé à l’usage professionnel, la toxine botulique à des fins esthétique doit être soumise à une prescription médicale et sa vente sur Internet ou en direct au grand public est interdite. Tout “fournisseur esthétique” qui l’administre à ses clients “est illégal et met en danger la santé de ses clients”, a écrit l’ANSM ce jeudi. Le centre criminel “a été fermé”.
Fabriqués dans de mauvaises conditions d’hygiène qui peuvent provoquer des infections, ces injections dangereuses pour les patients, souvent les jeunes filles, sont commercialisées sur les réseaux sociaux – Instagram et Tiktok à l’esprit – par des pseudo-sédaux ou promus par des influenceurs.
Selon l’ordre des médecins, les actes médicaux et chirurgicaux illégaux pour les Cosmers ont connu une croissance inquiétante en France: en 2024, le nombre de rapports a atteint un record de 128, contre 123 en 2023 et 62 en 2022.