L’ancien conseiller politique, Pascal Mailhot, plonge au cœur des questions actuelles avec une connaissance intime des coulisses du pouvoir. Après avoir occupé des postes dans le cabinet du Premier ministre du Québec lors des mandats de Lucien Bouchard, Bernard Landry et François Legault, il est maintenant vice-président de l’agence de relations publiques TACT. Il co-écrite Pour conquérir le pouvoir: comment un troisième chemin politique s’est imposé au QuébecPublié par Éditions du Boréal.
La scène est surréaliste: les écrans géants et les projecteurs illuminent la grande masse des conservateurs américains au Conference Political Action Conference Conservative (CPAC), dans la banlieue de Washington, où tout le gratin des républicains de Donald Trump est. Sous les applaudissements de la foule, Elon Musk, l’homme le plus riche du monde, brandisse une tronçonneuse étincelante au-dessus de sa tête. La machine lui a été offerte symboliquement par le président argentin, Javier Milei, qui se tient sur scène à ses côtés, celui qui avait fait campagne en 2023 en agitant l’outil des journaux partout.
“Elle est la tronçonneuse de la bureaucratie!” »Hurle le musc, portant une casquette noire et des lunettes futuristes sportives avec des réflexions métalliques.
Deux jours plus tôt, le 18 février, Donald Trump avait exhorté publiquement sa Molosse à montrer plus de morts dans son mandat pour réduire la taille de l’État fédéral.
Désormais, chaque fonctionnaire doit justifier par écrit cinq actions concrètes accomplies chaque semaine, sous la peine de licenciement immédiat.
Mais la tronçonneuse bureaucratique ne s’arrête pas là. Depuis son intronisation à la tête du nouveau ministère de l’efficacité du gouvernement (DOGE), Musk a conseillé au président une autre cible prioritaire: le télétravail.
Le jugement de la mort de ce vestige pandémique est maintenant signé. “Un privilège sans précédent de l’ère covide”, a déclaré Donald Trump. La directive présidentielle est claire: tous les employés de l’État fédéral doivent désormais se présenter physiquement au bureau pour justifier leur salaire. Garante d’une administration efficace et productive selon le président, le visage -face est non négociable.
L’objectif? Mettre ceux que Trump appelle à sortir avec dédain les “bureaucrates de la baignade moussante” – ces responsables qui, selon sa rhétorique, profitent confortablement de privilèges excessifs de leur domicile tandis que les travailleurs ordinaires, tels que les travailleurs, la finance de leur mode de vie.
Au Canada, la bataille du télétravail prend une tournure tout aussi politique, bien que beaucoup moins radicale. Depuis le 9 septembre 2024, les responsables fédéraux ont été tenus de retourner au bureau trois jours par semaine. Cette directive, plutôt tiède par rapport à la nouvelle approche américaine, a néanmoins déclenché une guerre ouverte entre le gouvernement et ses employés.
Quatre principaux syndicats des fonctionnaires ont riposté en lançant une campagne nationale de 1 million de dollars, multipliant les publicités dans les journaux pour défendre les vertus du télétravail. Il y a divers arguments là-bas: une diminution de l’empreinte carbone, une meilleure conciliation familiale, même une réduction des coûts de garderie – ce qui suggère que les parents pourraient simultanément surveiller leurs enfants et accomplir leurs tâches professionnelles.
Nous sommes loin de GerminalCe classique où Émile Zola a décrit les mineurs descendant dans les entrailles de la terre, risquant leur vie pour un salaire de misère. La version 2025 du contrôle des classes: les responsables qui se battent pour le droit sacré de travailler dans des pantoufles et de pouvoir lancer un laiton entre deux réunions de zoom. Certainement, l’évolution des batailles syndicales vous laisse penser.
L’interrogation en tant que nécessité de santé pendant la pandémie, le télétravail a transformé l’organisation de notre société. Sa faisabilité technique a été confirmée, tout comme ses bénéfices. Les travailleurs en font désormais un critère essentiel dans leur recherche d’emploi. Les entreprises ont dû adapter leurs espaces de travail et déployer de nouveaux outils collaboratifs.
Mais depuis 2023, la tendance est inversée avec le ” Retour au bureau (RTO). Les grandes entreprises, telles que JPMorgan, Amazon et Google, demandent le retour au bureau pour promouvoir la collaboration et la supervision. Selon l’indice Flex, un tiers des sociétés américaines imposent désormais une présence à temps complet, 38% optent pour une formule hybride et moins de 30% offrent une liberté totale.
Quel est le réel effet du télétravail sur la productivité dans la fonction publique? La question est toujours sans réponse. Malgré les déclarations catégoriques des syndicats, aucune étude concluante ne permet de déterminer si le travail à distance s’améliore ou détériore l’efficacité des services.
Une enquête d’Etienne Charbonneau, professeur à la National School of Public Administration (ENAP), laisse perplexe: après 168 demandes d’accès à l’information au gouvernement fédéral, aucune donnée tangible n’a pu être collectée pour mesurer l’impact du télétravail sur les services publics. Ce vide empirique est confirmé par Yves Giroux, un directeur parlementaire du budget à Ottawa, qui dénonce l’absence totale de mesures d’évaluation du travail. Encore plus dérangeant, certains ministères ignorent même le nombre exact d’employés de télétravail, tandis que le Conseil du Trésor ne compile pas les données sur les mesures disciplinaires liées à la performance à distance.
Le village québécois
Au Québec, les conséquences des politiques de télétravail semblent être reléguées loin dans les préoccupations. De la pandémie, le Home Office s’est établi comme la norme parmi les employés de l’État.
Les responsables qui n’offrent pas de services directs aux citoyens doivent “percer leur carte” deux jours par semaine au bureau – une routine qui ne favorise pas un environnement de travail stimulant ou une véritable culture organisationnelle. Comment créer une synergie d’équipe lorsque les employés se rencontrent à peine, sauf via des écrans d’ordinateur? Le résultat est visible partout: cubiculaire vide à ce jour que l’œil peut voir, les plantes sèches, les lumières éteintes dans ces locaux fantômes financés par les contribuables.
Cette situation découle d’un choix politique supposé: le gouvernement a consacré le principe du télétravail volontaire, tout en garantissant aux employés de l’État un espace de travail à quiconque souhaite retourner au bureau. Ainsi, alors que les entreprises optimisent leurs espaces, les tours de bureaux de l’État du Québec restent largement inoccupées et les contribuables financent des milliers de mètres carrés vides.
Ironiquement, le gouvernement de François Legault avait prévu de réduire les espaces de fonctionnaires de fonctionnaires par un tiers, espérant même convertir certains des locaux en appartements pour contrer la crise du logement. Le projet semble avoir été mis à l’arrière de la veilleuse tandis que le Québec reste loin des mouvements de retour au bureau qui balayent le continent.
Cependant, je suis indiqué qu’un effort de rationalisation est fait pour réduire l’utilisation des espaces de location au profit des actifs immobiliers d’État. C’est toujours gagné!
Le fait demeure qu’entre cette liberté excessive et la dictature du visage au Trump, un itinéraire médian bénéficierait d’être tracé: une présence suffisante pour souder les équipes, suffisamment de flexibilité pour préserver l’autonomie. Ni le retour forcé ni de forme libre. Juste un équilibre intelligent qui ne sacrifierait pas l’homme ou l’efficacité.