Au milieu de tous les sondages qui rapportent les intentions de vote et les perspectives de gouvernement majoritaire ou minoritaire, mon attention s’est arrêtée sur une autre données, divulguée plus tôt cette semaine.
En réponse à une question d’enquête Nanos House, 86% des Canadiens ont déclaré que cette élection était “plus grande” que les campagnes électorales fédérales précédentes. C’est énorme et ça vaut un océan à l’autre.
Les différences régionales sont en effet minimes: au sommet, 90% des électeurs de l’Ontario et de la Colombie-Britannique mesurent l’importance de leur prochain vote. En bas, nous trouvons le Québec; Mais le fait demeure que 79% des Québécois pensent tellement.
L’écart entre les générations est du même ordre: 89% des répondants âgés de 55 ans et plus croient cette élection d’une grande importance, tout comme 79% des 18 à 34 ans.
Angus Reid confirme la tendance: 91% des répondants à son enquête considèrent cette élection comme plus importante, encore plus, que celle de 2021. La même question avait été posée en 2019, et seulement 64% des répondants ont constaté que ce bulletin de vote était plus important que celui de 2015.
La comparaison est éloquente. Et des majorités aussi fortes ne sont pas courantes en politique!
Je vois l’explication de la procrastination entendue dans de nombreux rapports aux électeurs. Les indécis ne sont pas en indifférence à la campagne actuelle, mais parce qu’ils soupçonnent sérieusement les options offertes. Une autre donnée, exposée par mon collègue Guillaume Bourgault-Côté dans le texte “un vote encore volatil”, en témoigne: près de la moitié des électeurs évaluent un deuxième choix.
Les convaincus, ils jettent toute leur force dans la bataille. Cela nous permet de comprendre pourquoi les rassemblements de pierre poilues attirent les foules comme nous le voyons rarement ces jours-ci. De même, deux fois plus d’électeurs qu’en 2021 ont déjà voté en exigeant un bulletin de vote spécial. Lorsque vous avez la foi, vous ne restez pas chez vous, surtout si les risques de victoire nous échappent parce que soudain un homme vient tout se bousculer.
Cet homme a un nom: Donald Trump, bien avant Mark Carney. Que ce soit pour savoir qui peut affronter le président américain, ou ce que l’avenir attend le Canada maintenant que notre agitation sud voisine n’est plus fiable, la réponse est devenue existentielle. Les électeurs le mesurent parfaitement, peut-être encore plus que des candidats, qui multiplient les engagements dont nous recherchons le siège financier.
C’est pourquoi l’autre question posée par des nanos est intéressante: qu’est-ce qui inspirera le choix de tout le monde? Est-ce une question de voter pour ou contre un chef, pour ou contre un parti, pour une plate-forme politique ou un candidat local?
Le vote pour un chef prévaut à 49% … alors que voter contre le chef d’un parti n’obtient que 7% des votes. La colère viscérale contre un chef, comme celle subie par Justin Trudeau, n’est plus de mise. Le quart des répondants disent qu’ils choisiront selon le parti.
Ce n’est qu’au Québec que le leader et le départ arrivent sur le même pied, respectivement à 32% et 31% du soutien. Partout ailleurs, le clivage est clair: nous recherchons un chef – une personnalité, en fait. De toute évidence, celle de Mark Carney rassure, compte tenu de son expertise économique dans le contexte actuel.
Deux sondages le rapportent cruellement cette semaine. L’enquête PallasNouvelles Montre que pour affronter le président Trump, le chef libéral a favorisé 52% des répondants, contre 26% pour Pierre Hairyvre. De même, un nanos-La presse–Le globe et le courrier Jeudi publié montre que, pour la même raison, Mark Carney est la faveur de 62% des répondants, contre 24% pour Pierre Hairyvre. “Carney Eclipse Hairyvre”, titre lapidaire La presse.
C’est un grand atout pour le chef libéral, peut-être même le seul. Parce que si nous étions dans une campagne normale, il serait très difficile de voir comment il distingue les poils conservateurs. Depuis l’abolition de la taxe sur le carbone pour aider à acheter une première maison, y compris le contrôle de l’immigration, leurs différences restent en nuances plutôt que des visions divergentes.
Mais à la fin, qui s’en soucie? Seulement 15% des personnes interrogées par des nanos ont l’intention de voter selon les politiques proposées. Ceci est logique: quelles sont les promesses électorales en ces temps de tremblements de terre politiques?
Le fichier migratoire offre un bon exemple: le Canada aura les règles, il devra s’adapter à un afflux de demandeurs d’asile aux États-Unis. Et voudra-t-il entrer dans la compétition mondiale pour attirer des scientifiques américains exaspérés par l’administration Trump? De même, les décisions prises au sud de notre frontière sur la santé et l’environnement auront des répercussions ici. Les années à venir ne seront pas basées uniquement sur une guerre tarifaire à maîtriser.
Il est donc préférable de mesurer quel bois les dirigeants sont construits, ou leur agilité pour faire face à toute éventualité. Jusqu’à présent, cette flexibilité a été mieux incarnée par Mark Carney que Pierre Hairyvre, qui a du mal à s’adapter rapidement à la nouvelle du jour.
Il est néanmoins profondément ironique de noter que ce qui distingue vraiment le Canada des États-Unis est transporté par la campagne de la campagne. Les enquêtes craignent la peur d’un balai laid pour le bloc du Québec, une quasi-extinction du NPD et un seul survivant pour le parti vert.
Cependant, chacune de ces parties représente une facette des caractéristiques canadiennes. Dans le bloc, la résistance du Québec, qui se manifeste en particulier par la langue française et une culture unique en Amérique du Nord. Au NPD, la promotion de politiques progressistes qui font trembler les Américains. Dans le Parti vert, reconnaissant que la protection de l’environnement est un problème politique central.
Qu’est-ce que le Canada sans ces éléments qui n’ont pas d’équivalent au sud de la frontière? En prendre conscience renforce l’impression que cette élection, décidément, a l’importance de grands moments.