Le drapeau est un objet dangereux. Des vies ont souvent été sacrifiées pour une bannière agitant dans le vent. Pourtant, ce morceau de tissu peut également être considéré comme un symbole d’appartenance à une communauté humaine, à une culture, aux valeurs. C’est un symbole de reconnaissance, de joie, de célébration nationale, pas nécessairement nationaliste, de fierté collective, comme les fanions exubérants de la peinture de Claude Monet, Rue Montorgueil (1878), ou pendant les défilés cathartiques dans les avenues du pays la nuit d’une victoire en Coupe du monde.
Dans de nombreuses villes de la France, les drapeaux seront à nouveau sortis le jeudi 8 mai, lors des cérémonies marquant la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le photographe Guillaume Herbaut a exploré cet emblème, si riche en sens et en contradictions. Le 11 novembre 2014, ce journaliste de guerre s’est retrouvé devant le Mémorial de la guerre à Tergnier, dans le nord de la France. Il a été surpris de découvrir, parmi les porteurs de drapeau aux cheveux gris, les jeunes tenant fièrement le personnel.
Ils étaient une image miroir, au fil du temps, des anciens combattants qui étaient à peine plus âgés que ces enfants lorsqu’ils ont été envoyés pour défendre la patrie. Ils étaient le reflet moderne de Jean Herbaut, l’arrière-grand-père d’Herbaut, décédé au début du massacre à l’été 1914. Le photographe revenait lui-même d’Ukraine, où il avait couvert la révolution de Maidan au début de 2013 et 2014.
Entièrement français
À Kiev, d’autres jeunes ont défié les coups de feu des autorités pro-russes, mourant en agitant leurs drapeaux jaunes et bleus comme des bannières de liberté à gagner. C’était une autre image miroir de ce que Herbaut observait à l’époque à Tergnier. Le photojournaliste a parlé à ces jeunes porteurs de drapeau, portant des gants blancs et des combinaisons impeccables, et a découvert qu’ils n’étaient pas des cas isolés.
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