Anne Poinsignon est chargée de recherche à l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD).
Il existe environ 3 500 espèces de moustiques réparties dans le monde (à l’exception de l’Antarctique). Les moustiques jouent certains rôles écologiques : ils font partie de la chaîne alimentaire en servant de proie ou de prédateur, et ils contribuent à la pollinisation en transportant le pollen d’une plante à une autre. Ils peuvent également être porteurs de maladies graves pour les humains et les autres animaux, ce qui peut avoir des conséquences néfastes sur la santé publique.
Pourquoi les moustiques nous piquent-ils ?
Les moustiques adultes mâles et femelles se nourrissent de nectar de fleurs comme source d’énergie. Cependant, la femelle a besoin d’un supplément sanguin pour obtenir les protéines nécessaires à la maturation de ses œufs. Le moustique ne pique pas seulement les humains : selon ses préférences, il peut piquer des oiseaux, des animaux domestiques, comme les chiens et les chats, et même des serpents. Certaines espèces ont des préférences pour des sources de sang particulières et se nourrissent exclusivement d’un type de vertébré, tandis que d’autres sont moins sélectives et peuvent se nourrir d’une variété d’hôtes, selon leur disponibilité.
Pour nous piquer, la femelle moustique possède un appareil perceur-suceur composé de pièces buccales spécialisées qui lui permettent de percer la peau des vertébrés, de localiser le capillaire sanguin et d’aspirer le sang une fois la paroi du vaisseau perforée. Elle va ainsi récolter environ 5 à 10 microlitres (5 à 10 millionièmes de litre) de sang en quelques minutes.
Pourquoi leurs piqûres nous démangent et nous donnent des boutons ?
Lorsqu’un moustique femelle pique, sa trompe pénètre d’abord l’épiderme, puis le derme de la peau, à la recherche d’un capillaire sanguin où elle va aspirer le sang. Durant ces deux phases, le moustique injecte de la salive qui contient des substances anesthésiantes pour que la piqûre passe inaperçue, et des molécules anticoagulantes pour fluidifier le sang dans sa trompe.
La salive contient une centaine de protéines, et certaines d’entre elles provoquent une réaction inflammatoire qui se traduit par un bouton et des démangeaisons pouvant entraîner des réactions allergiques chez certaines personnes. Ce bouton, de quelques centimètres de diamètre, apparaît quelques minutes après la piqûre et peut provoquer des démangeaisons pendant plusieurs jours. Le gonflement peut durer plus longtemps, jusqu’à sept jours. Les réactions varient selon l’espèce de moustique, car la composition de la salive est différente, et d’une personne à l’autre, car la sensibilité individuelle à la réaction à la piqûre n’est pas la même chez tout le monde.
Cette sensation de démangeaison est une réponse de défense naturelle de notre organisme face à l’agression physique de la piqûre et face à la salive du moustique, reconnue comme une substance étrangère par le système immunitaire de la peau. C’est donc la réaction inflammatoire de notre organisme qui déclenche des démangeaisons, des rougeurs et un gonflement autour de la zone de la piqûre. Les cellules immunitaires de la peau, les mastocytes et les basophiles, s’activent en présence de certaines molécules salivaires et, en réponse, libèrent de l’histamine et d’autres médiateurs inflammatoires.
L’histamine a plusieurs effets physiologiques, elle va provoquer une augmentation du diamètre et de la perméabilité des vaisseaux sanguins, ce qui va provoquer un œdème : la piqûre de moustique. Elle va également stimuler les fibres nerveuses de la peau, ce qui va provoquer des démangeaisons et l’envie de se gratter. Le grattage permet de soulager temporairement les démangeaisons en modifiant la façon dont notre système nerveux perçoit les sensations. Lorsque nous nous grattons, nous stimulons les terminaisons nerveuses situées à proximité de la zone qui démange. Ces terminaisons nerveuses transmettent différents types de messages sensoriels, comme la pression ou la douleur. En activant ces terminaisons nerveuses, le grattage crée de nouvelles sensations qui masquent la sensation de démangeaison, procurant ainsi un répit temporaire.
Pour éviter les piqûres de moustiques, la meilleure stratégie est de se protéger en portant des vêtements clairs, couvrants et amples, ainsi qu’en utilisant des répulsifs sur la peau ou les vêtements. Des moustiquaires aux fenêtres empêchent les moustiques de pénétrer dans les habitations. Il est également primordial d’éliminer les eaux stagnantes où les moustiques pondent leurs œufs, en vidant les coupelles sous les pots de fleurs et en recouvrant les réservoirs d’eau de pluie. Comme une femelle moustique peut pondre une centaine d’œufs à chaque cycle (tous les six jours environ), éviter les piqûres permet de limiter la prolifération des moustiques et, inversement, réduire leur prolifération permet d’éviter les piqûres !
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