Une nouvelle souche de variole du singe, détectée dans plusieurs pays du continent, présente des symptômes plus graves et un taux de mortalité plus élevé que les souches précédentes.
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Depuis plusieurs semaines, les cas de mpox, autrefois appelé monkeypox, se multiplient sur le continent africain. Une nouvelle souche du virus, identifiée pour la première fois en République démocratique du Congo (RDC) puis signalée dans plusieurs pays voisins, fait craindre une propagation de ce virus. Le comité d’urgence de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) se réunira “dès que possible” pour évaluer s’il faut décréter le niveau d’alerte le plus élevé pour l’épidémie, a annoncé Tedros Adhanom Ghebreyesus, le directeur général de l’OMS, mercredi 7 août. sur le réseau social X.
Cette qualification constitue l’alerte la plus élevée que l’organisation puisse déclencher. Franceinfo explique pourquoi l’OMS envisage cette mesure, et s’inquiète de la résurgence des cas en Afrique.
Une nouvelle souche plus dangereuse a été détectée
Le virus de la variole du singe a été découvert pour la première fois chez l’homme en 1970, dans l’actuelle RDC. Au fil des années, plusieurs variants ont été observés. Il y a deux ans, une épidémie mondiale, portée par le sous-type clade 2, s’est propagée dans une centaine de pays où la maladie n’était pas endémique. Face à cette flambée de cas, l’OMS a décrété l’alerte maximale en juillet 2022, puis l’a levée moins d’un an plus tard, en mai 2023. Cette flambée épidémique a touché une centaine de pays, avec près de 100 000 cas et 140 décès recensés au total par l’OMS entre 2022 et fin 2023.
La souche que l’OMS surveille désormais, nommé clade 1b, a été découvert en RDC en septembre 2023. Il est plus mortel et plus transmissible que les précédents. Cette variante provoque des éruptions cutanées sur tout le corps, tandis que les souches précédentes étaient caractérisées par des éruptions cutanées et des lésions localisées sur la bouche, le visage ou les organes génitaux.
L’OMS est d’autant plus préoccupée par le fait que Taux de mortalité de cette souche pouvant atteindre 5% chez les adultes et 10% chez les enfants. Les variantes précédentes touchaient principalement les hommes homosexuels et bisexuels. Mais cette fois, de nombreux cas de transmission lors de contacts hétérosexuels ou non sexuels ont été enregistrés, notamment entre mères et enfants, ou entre enfants dans les écoles. De nombreuses fausses couches ont également été signalées et les chercheurs étudient les effets possibles sur la fertilité.
L’épidémie se propage rapidement
“Depuis le début de l’année, la RDC connaît une grave épidémie de mpox, avec plus de 14 000 cas signalés et 511 décès”a annoncé Tedros Adhanom Ghebreyesus mercredi 7 août. Il a ajouté que « Le nombre de cas signalés au cours des six premiers mois de cette année est égal à celui de toute l’année dernière, et le virus s’est propagé dans des provinces qui n’étaient pas touchées auparavant. »
« La maladie a été signalée dans les camps de déplacés autour de Goma, dans le nord-est de la RDC, où l’extrême densité de population rend la situation très critique. Les risques d’explosion sont réels compte tenu des énormes mouvements de population » Dans cette région en conflit, frontalière de plusieurs pays, a expliqué à l’AFP le coordinateur médical de Médecins sans frontières (MSF) en RDC, Louis Albert Massing. Goma dispose également d’un aéroport international, ce qui accroît le risque de transmission de la MPOX à d’autres pays.
En deux semaines, le virus s’est propagé à l’étranger.Des cas ont été observés en Ouganda, au Burundi, au Rwanda, au Kenya et en Côte d’Ivoire. Cette propagation est d’autant plus inquiétante que ces pays « n’avons pas cette maladie de façon endémique, (…) cela veut dire que c’est une extension de l’épidémie qui sévit en RDC et en Afrique centrale en général »explique à l’AFP Rosamund Lewis, responsable de la réponse au virus à l’OMS.
Il n’existe aucun traitement contre cette maladie.
Le patient infecté par la variole du singe souffre de fièvre, de violents maux de tête, de douleurs musculaires, d’une inflammation caractéristique des ganglions lymphatiques, de douleurs dorsales et d’une grande fatigue. Selon l’OMS, il n’existe pas de traitement spécifique pour cette infection. Les symptômes disparaissent spontanément.
Deux vaccins spécifiques sont recommandés, mais peu de doses sont disponibles. Les jeunes patients vaccinés présentent des symptômes moins graves, mais Les campagnes d’injection de vaccin contre la variole ont pris fin en 1980, après l’éradication de la maladie. « Par conséquent, à l’heure actuelle, les personnes de moins de 40-50 ans (selon les pays) peuvent être plus sensibles à la variole du singe »précise l’OMS. De plus, on ne sait pas encore précisément quelle est l’efficacité de ces vaccins contre la nouvelle souche du virus.
L’OMS a besoin de financement pour endiguer l’épidémie
Tedros Adhanom Ghebreyesus a déclaré mercredi qu’il était préoccupé par la possibilité « d’une nouvelle diffusion internationale à l’intérieur et à l’extérieur de l’Afrique“. « Vu la propagation du mpox en dehors de la RDC », « J’ai décidé de convoquer un comité d’urgence (…) pour me conseiller sur la question de savoir si l’épidémie constitue une urgence de santé publique de portée internationale. »a déclaré mercredi le directeur général de l’organisation. « Le comité se réunira dès que possible »il a ajouté, précisant qu’il espère que les deux vaccins disponibles pourront être inclus dans la liste des outils d’urgence sûrs de l’OMS, afin d’accélérer leur distribution.
L’organisation travaille avec les gouvernements des pays touchés et d’autres partenaires pour comprendre et traiter les causes de ces épidémies. « Pour stopper la transmission, il faudra une réponse mondiale »a assuré Tedros Adhanom Ghebreyesus, soulignant que l’OMS conseille de « de ne pas imposer de restrictions aux voyages vers les pays touchés. »
L’institution a également élaboré un plan d’action régional qui nécessite 15 millions de dollars pour soutenir les activités de surveillance, de préparation et de réponse aux maladies. « Un soutien financier est nécessaire face au MPOX. Nous devons intensifier la réponse pour faire face à une épidémie dans plusieurs pays, notamment en ce qui concerne le clade 1b »a déclaré Maria Van Kerkhove, responsable de la préparation aux épidémies et aux pandémies à l’OMS. De leur côté, les États-Unis ont annoncé mercredi une aide de 10 millions de dollars pour la RDC, destinée à « soins de santé » pour répondre à l’épidémie actuelle.