Dieu, s’il existe, a reçu sa part de remerciements, comme à son habitude. Sydney McLaughlin-Levrone n’oublie jamais de lui rendre grâce. Qu’elle perde – un événement très rare – ou qu’elle gagne – son pain quotidien –, l’Américaine loue le Seigneur à la fin de ses courses. La jeune femme a une foi plutôt ostentatoire.
Jeudi 8 août, en fin de soirée, après sa démonstration sur 400 m haies, record du monde battu dans un chrono époustouflant de 50,37 secondes, elle a levé les yeux au ciel. Puis elle s’est dirigée vers les tribunes, où ses proches l’attendaient pour la féliciter. Sa belle-sœur lui a offert un diadème, qu’elle a pris dans ses mains et posé sur sa tête. Une bannière étoilée sur les épaules, la coureuse a entamé un tour de piste.
Lors de la conférence de presse, elle n’a pas consacré l’essentiel de ses propos à sa famille, ses parents et son mari, tous sportifs. Ni à son entraîneur, Bob Kersee, qui a entraîné, entre autres talents américains du sprint, Florence Griffith-Joyner, Jackie Joyner-Kersee, Gail Devers et Allyson Felix, et lui prodigue désormais ses conseils. Elle avait d’autres priorités.
« Tout ce que je fais, je le fais grâce à Dieu. »elle a expliqué. Il m’a donné un don, un désir et une volonté de continuer à m’améliorer. J’ai une plateforme et je veux l’utiliser pour le glorifier. Quand je monte sur la piste, je prie toujours pour pouvoir être son messager. De ce nouveau succès, qui lui permet de conserver sa couronne olympique acquise sur la distance aux Jeux de Tokyo en 2021, la sprinteuse dit que c’est “une bénédiction”.
Un au-delà athlétique
Ses adversaires l’ont bien compris : Sydney McLaughlin-Levrone évolue dans un au-delà athlétique, inaccessible. Un autre monde qu’elles ne voient que de loin, derrière. Jeudi soir, sous les acclamations du Stade de France, l’Américaine Anna Cockrell, deuxième, a franchi la ligne d’arrivée une seconde et demie après sa compatriote.
La Néerlandaise Femke Bol, seule femme au monde avec McLaughlin-Levrone à avoir couru le 400 m haies en moins de 51 secondes, s’est effondrée, terminant troisième. Acclamée par les tribunes aux couleurs vives OrangeSa dernière ligne droite n’a été que souffrance. Elle venait de payer au prix fort sa vaine tentative de rattraper, pour quelques foulées, le rythme de sa rivale.
Dernière de cette finale, Louise Maraval, “un peu triste” de sa race, avait pris grand soin de ne pas regarder « Sydney » dans le couloir voisin. Pas question de tenter de l’accrocher, même pour les 50 premiers mètres. « Nous avons deux niveaux distinctsexplique la Française de 23 ans. Elle maîtrise le 400 m haies, course qu’elle pratique depuis l’âge de 16 ans. Avant de décrire les qualités de l’Américain, voici un aperçu de l’athlète idéal : “Elle pourrait avoir les minimas olympiques sur 100 m haies, sur 200 m, sur 400 m plat. Elle a de la marge partout, est hyper complète, ce qui lui permet d’être forte aussi sur 400 m haies.”
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