La Française a réalisé son rêve samedi en finale des Jeux Olympiques.
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Seule sur les tatamis du Grand Palais, tous les projecteurs braqués sur elle, Althéa Laurin se tourne vers chaque tribune, le bras levé pour toucher le ciel. Quelques secondes plus tôt, samedi 10 août, la Française de 22 ans venait d’accomplir un exploit : en remportant deux sets à zéro contre l’Ouzbèke Svetlana Osipova en finale des +67 kg, elle devenait la première championne olympique de l’histoire du taekwondo français.
Comme si cela ne suffisait pas, ce fut aussi l’événement qui permit à la délégation française de battre son record de titres sur une seule édition d’après-guerre (16), effaçant ainsi des records les 15 titres d’Atlanta.
Pourtant, loin d’effrayer la jeune femme au caractère plutôt réservé, la portée de cette victoire semble la toucher. Du moins en apparence. « C’est incroyable, je n’arrive pas à y croire ! »pouvait-on lire sur ses lèvres, alors qu’elle enlaçait longuement sa coach, Gulsah Alonso Tapia, hors de la zone de combat tout en jouant avec le public. Impossible de taire cette envie de prolonger le plaisir dans un tel cadre, alors que les supporters français accompagnaient son sacre d’un salut continu durant la dernière minute de sa finale.
« Je me préparais à cela depuis longtemps, je savais qu’aujourd’hui était mon jour. Mais, comme dans toute compétition, il y a toujours une part de doute et d’incertitude.elle a expliqué après son combat. Il faut savoir garder la tête sur les épaules, parce que c’est nouveau pour moi d’avoir autant de monde, il faut savoir rester concentré.”
Dans quelques heures, quelques jours peut-être, nul doute qu’Althéa Laurin revivra le film de son tournoi olympique, mais aussi de son arrivée dans son sport. Lorsqu’on l’interroge sur le sujet, elle aime rappeler que, petite, elle avait dû s’inscrire au karaté, comme le lui avait demandé sa mère. Timide, elle ne s’était pas fait comprendre par l’animatrice de son école d’Epinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis), qui l’avait orientée vers le taekwondo. Qui aurait cru que ce détournement ferait d’elle une championne olympique quelques années plus tard…
Visée au plus haut niveau, ses titres européens et mondiaux chez les juniors en 2017 et 2018 sont des promesses en or, du genre qu’on espère voir se réaliser dans quelques années. Mais Althéa Laurin a hâte : un tournoi de qualification olympique réussi et la voilà avec son billet en poche pour les Jeux de Tokyo. A 19 ans, elle devient la plus jeune médaillée olympique en taekwondo avec une médaille de bronze. Une première bonne surprise. « Cette médaille au Japon était un bon début, mais je savais que je voulais l’or olympique à Paris »dit-elle avec envie.
“Aujourd’hui, c’est le passage de témoin. Si elle continue à s’entraîner et à être sérieuse comme elle le fait, il ne fait aucun doute qu’elle peut à nouveau remporter l’or dans quatre ans à Los Angeles.”
Pascal Gentildouble médaillé de bronze olympique en taekwondo
En trois ans – jusqu’à son titre samedi –, la jeune femme a changé de dimension. En 2023, elle est devenue championne du monde senior à Bakou, en Azerbaïdjan. Prévue à Paris 2024 avec un statut international bien plus reconnu, la championne martiniquaise a transformé l’épreuve.
« Le Grand Palais a trouvé une reine, elle s’appelle Althéa Laurin ce soir et nous sommes très très fiers d’elle »On apprécie Pascal Gentil, précurseur de la discipline en France et double médaillé de bronze en 2000 et 2004 à Athènes (+80 kg). Une reine qui va devoir assumer son statut de principale ambassadrice de sa discipline dans toute la France. Et c’est tant mieux, car cela ne semble pas la gêner du tout. “Le taekwondo m’a apporté beaucoup de choses dans ma vie : la confiance, la joie et je serais très heureuse s’il y avait des enfants qui participaient à cette chose magnifique qu’est ce sport”elle a confié après son couronnement.