Les varices, ces veines peu esthétiques qui apparaissent sur les jambes, sont fréquentes. Mais elles ne sont généralement pas graves, assure le Dr.l André Roussin, interniste vasculaire au Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM) et professeur à la Faculté de médecine de l’Université de Montréal. Leurs inconvénients sont, le plus souvent, d’ordre esthétique.
Cependant, poursuit l’expert, ils peuvent provoquer un réel inconfort, voire une gêne en raison de leur apparence, qui peut mériter un traitement.
Elles peuvent prendre la forme de varices, ces petits vaisseaux sanguins visibles à la surface de la peau, à la trajectoire irrégulière, qui forment souvent une étoile ou une araignée (veines d’araignée). Les varices peuvent également toucher les veines plus grosses, qui deviennent bleues, tordues et bombées, comme des cordons. Environ 20 % des adultes en sont atteints.
Quelles sont les causes des varices ?
Les varices sont en fait la manifestation la plus visible d’un trouble, l’insuffisance veineuse superficielle, qui est souvent mal comprise par le grand public. Le sang, après avoir été poussé vers les extrémités par les artères, doit lutter contre la gravité dans les jambes pour retourner vers les poumons et leur cœur. Si ce retour veineux n’est pas optimal, on parle d’insuffisance veineuse, explique le Dr.l Roussin.
Cette insuffisance peut être due à un dysfonctionnement des valvules, ces petites valves qui se trouvent à l’intérieur des veines et qui poussent le sang vers le cœur. Elle peut aussi être provoquée par une obstruction, comme un caillot sanguin, ou par des parois veineuses flasques, un problème souvent héréditaire. La veine, qui se dilate alors, devient plus visible : ce sont des varices superficielles.
Il existe une forme d’insuffisance veineuse dite « chronique », qui peut entraîner de graves complications. Elle est cependant rare et touche les veines profondes. La forme « superficielle », aussi appelée maladie variqueuse, survient près de la surface de la peau et est infiniment plus fréquente.
La science populaire attribue souvent l’apparition de varices au fait de rester debout ou assis pendant de longues périodes. Quelques nuances s’imposent, explique le phlébologue Dominic St-Amour, de la clinique Medicart à Montréal. Le retour veineux étant favorisé par les contractions musculaires, il est vrai que rester immobile pendant une longue période entraîne un certain ralentissement du sang dans les veines, ce qui peut provoquer un gonflement des jambes. Toutefois, cela ne causera pas nécessairement une insuffisance veineuse.
« La science n’est malheureusement pas en mesure de déterminer avec certitude les causes des varices », explique le Dr.l St-Amour. Il semble que ce soit presque 100% génétique. » L’âge joue aussi un rôle.
Pour prévenir la formation de varices, il est souvent recommandé de revoir son alimentation, de faire de l’exercice, de ne pas fumer ni de boire d’alcool. « Ces mythes sont extrêmement tenaces », déplore le Drl Roussin, mais ils ont totalement tort. Ces recommandations sont vraies pour les artères, mais elles n’auront pas vraiment d’effet sur les veines. Les veines et les artères sont deux mondes différents. Il faut arrêter de blâmer les gens. Ce n’est pas leur faute.
Quels symptômes accompagnent les varices ?
En plus d’être visibles, les varices sont souvent asymptomatiques. Chez certaines personnes, elles peuvent provoquer un gonflement ou une sensation de lourdeur. Attention toutefois : ces symptômes peuvent avoir d’autres causes, comme une rétention d’eau provoquée par des changements hormonaux chez la femme. Les varices peuvent néanmoins produire des douleurs localisées là où elles sont visibles.
Qui consulter ?
Si les varices provoquent un inconfort esthétique, ou une douleur localisée là où elles sont visibles, vous pouvez vous adresser directement à une clinique de phlébologie. Celles-ci sont privées. Un guide de bonnes pratiques encadrant leur pratique a récemment été publié par le Collège des médecins du Québec. La Régie de l’assurance maladie du Québec ne couvre pas le diagnostic et le traitement de l’insuffisance veineuse superficielle, sauf dans certaines circonstances exceptionnelles.
Cependant, si la douleur dans la jambe s’étend au-delà des varices ou est plus profonde, ou s’il y a un gonflement sans varice visible, le Dl Roussin recommande de consulter un médecin généraliste ou une infirmière praticienne spécialisée (IPS) le plus tôt possible, car il peut s’agir d’autres problèmes médicaux plus graves. Cette douleur généralisée peut être causée par l’arthrose, par exemple, ou par une inflammation du nerf sciatique, mais elle peut aussi être le symptôme d’une insuffisance veineuse profonde.
Comment traite-t-on les varices ?
Avant de penser à traiter les varices, si l’inconfort est léger, vous pouvez commencer par essayer des bas de contention, suggère le Drl St-Amour. Ceux-ci vont soutenir et dynamiser l’effet pompe créé par les muscles en mouvement.
Si le médecin juge qu’une intervention est nécessaire, il existe une opération couverte par la RAMQ et réalisée à l’hôpital. C’est ce qu’on appelle le stripping veineux (ou tringlage) : la veine atteinte est retirée.
Si les inconvénients sont plutôt d’ordre esthétique ou que les varices sont inconfortables sans causer de problèmes de santé, vous devriez consulter une clinique de phlébologie.
« Traitement des varices », résume le Dr.l La technique St-Amour consiste à rendre inopérantes les veines atteintes. Le sang n’y circulera plus et sera alors redirigé vers le reste du réseau veineux.
Pour les varices superficielles fines, on a généralement recours à la sclérothérapie : à l’aide d’une aiguille très fine, on injecte un produit qui crée une réaction inflammatoire locale qui assèche la veine. La consultation initiale coûtera environ 200 $, et le coût des traitements variera selon la complexité du cas et le nombre de séances nécessaires. Des complications sont possibles, mais très rares, comme une tache pigmentaire, la formation d’un caillot sanguin ou l’apparition d’une nouvelle varice un peu plus loin dans le réseau veineux.
Lorsque l’échographie confirme que la maladie variqueuse touche des veines de plus gros calibre, on passe à des traitements plus élaborés. Le but sera toujours de scléroser la veine en la laissant en place, en utilisant des radiofréquences qui la ferment ou une colle médicale qui l’obstrue. Le choix de la méthode dépendra souvent de la forme ou de l’état de la veine à traiter. Puisqu’ils sont considérés comme facultatifs, ces traitements sont tous proposés en cabinet privé, en ambulatoire.
La radiofréquence coûte en moyenne 3 500 $ par jambe, contre 5 000 $ par jambe pour la colle. Les deux nécessitent quelques échographies, ce qui coûte 1 000 $ de plus. Les assurances privées couvrent généralement les échographies et une partie du coût de l’injection, le cas échéant.
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