A l’approche d’une manifestation de l’opposition, coïncidant avec le troisième anniversaire de l’arrivée au pouvoir des militaires en Guinée, la junte a annoncé qu’elle suspendrait la délivrance de licences aux associations et organisations non gouvernementales (ONG) à partir du lundi 2 septembre.
Cette livraison est suspendue pendant quatre mois en raison de la « des actions de trouble à l’ordre public menées sur le terrain par plusieurs ONG et mouvements associatifs », “Le renouvellement des agréments sera soumis à l’appréciation des autorités sur l’action de ces associations et ONG. Mais le texte ne précise pas clairement si les agréments actuellement en vigueur restent valables ou s’ils sont eux aussi suspendus”, a indiqué le ministre de l’Administration territoriale, le général Ibrahima Kalil Condé, dans une décision publiée sur les réseaux sociaux.
Il s’agit de la dernière restriction imposée par les militaires qui ont renversé les autorités civiles le 5 septembre 2021, sous la direction du colonel Mamadi Doumbouya, depuis investi président et promu général.
Disparition de deux opposants
L’opposition appelle à manifester jeudi pour le retour des civils au pouvoir, le rétablissement des libertés, la fin de la répression et la libération de deux leaders de la contestation, Foniké Menguè et Mamadou Billo Bah, portés disparus depuis leur arrestation le 9 juillet. Le général Doumbouya est actuellement en Chine pour un sommet avec des dizaines de dirigeants africains.
La junte a interdit toute manifestation en 2022 et a dissous un collectif d’organisations de la société civile qui militent pour le retour des civils à la tête de ce pays pauvre d’Afrique de l’Ouest à l’histoire récente troublée et violente. Le 22 mai, les autorités ont retiré l’accréditation de quatre stations de radio et de deux chaînes de télévision parmi les principaux médias privés de Guinée.
La répression brutale des manifestations non autorisées a toutefois causé la mort d’au moins 47 personnes entre septembre 2021 et avril 2024, selon Amnesty International. De nombreux dirigeants de l’opposition ont été arrêtés, traduits en justice ou contraints à l’exil. La junte s’était initialement engagée, sous la pression internationale, à remettre le pouvoir à des civils élus d’ici fin 2024, avant de revenir sur cet engagement.