Le créateur du film Cousin CousinTriomphant aux Etats-Unis, et ancien président de la Cinémathèque française, le réalisateur Jean-Charles Tacchella est décédé dans son sommeil, jeudi 29 août, à Versailles, à l’âge de 98 ans.
Né le 23 septembre 1925 à Cherbourg, fils d’un agent maritime d’origine italienne, Tacchella, cinéphile, vient à Paris à l’âge de 19 ans pour s’imposer comme critique de cinéma. L’écran françaishebdomadaire fondé en 1945 et financé par le Parti communiste et des groupes de presse issus de la Résistance. Il s’est rapidement distingué comme l’un des seuls fervents défenseurs du cinéma américain, aux côtés de Roger Thérond (1924-2001), futur rédacteur en chef du Paris Match.
Nous sommes en pleine guerre froide, mais le débat n’est pas seulement idéologique : Tacchella est de ceux qui soutiennent qu’Alfred Hitchcock a un style, une appréciation réfutée par ses collègues qui ne voient dans le maître du suspense qu’un gagne-pain. En 1948, il est l’un des fondateurs d’Objectif 49, un ciné-club destiné à poursuivre les débats initiés dans les magazines et à prôner l’émergence d’une nouvelle avant-garde, plutôt que la projection de films de répertoire. Avec d’autres (Jean Cocteau, André Bazin), il déplore que le cinéma français soit corseté par des réglementations administratives et syndicales.
Dans le camp d’Alexandre Astruc contre celui du communiste Louis Daquin, dans celui d’André Bazin contre Georges Sadoul, il côtoie Pierre Kast, Jacques Doniol-Valcroze et Roger Leenhardt, tous militants du renouveau formaliste opposé à L’écran françaisAvec les militants d’Objectif 49, berceau de la Nouvelle Vague, il crée en 1949 à Biarritz le Festival du Film Maudit, premier festival de cinéma d’auteur.
En phase avec les mouvements de la société
Mal à l’aise dans ce magazine prostalinien et antihollywoodien, il est engagé comme gagman par le producteur Pierre Braunberger (1905-1990). En 1949, année de la mort de son mari, il est contraint de quitter le cinéma. L’écran français passé sous le contrôle de Lettres françaisesil a fondé Résumé du cinémaRevue à moitié populaire, à moitié intellectuelle, dont l’ambition est de permettre la libre expression. Elle publie les mémoires de Suzy Delair et une analyse technique du monteur de cinéma Henri Colpi.
Tachella commence à s’orienter vers la sphère créative. De 1955 à 1962, il travaille comme scénariste pour Yves Ciampi, Christian-Jaque, Jean Dewever, Maurice Ronet et Alexandre Astruc ; signe un court métrage en 1969 ; devient scénariste de feuilletons pour la télévision, et dramaturge (trois de ses pièces sont jouées au Théâtre Mouffetard).
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