Il s’agit d’un nouveau revers pour Elon Musk dans son bras de fer avec le juge brésilien Alexandre de Moraes. Lundi 2 septembre, la Cour suprême du Brésil a confirmé la suspension du réseau social X, qui compte environ 22 millions d’utilisateurs dans le pays et est accusé d’avoir ignoré une série d’ordonnances judiciaires liées à la lutte contre la désinformation.
Propriété du milliardaire américain, également patron de Tesla et SpaceX, la plateforme X a commencé à être bloquée samedi, peu après la suspension décrétée par Alexandre de Moraes. La décision de ce juge de la Cour suprême fédérale brésilienne, figure de la lutte contre la désinformation dans son pays, a finalement été confirmée par cinq magistrats de la Cour suprême, dont M. Moraes, réunis en session virtuelle.
« Elon Musk a démontré son manque total de respect pour la souveraineté brésilienne et, en particulier, pour le pouvoir judiciaire, en se positionnant comme une véritable entité supranationale, immunisée contre les lois de chaque pays »a déclaré Alexandre de Moraes. Flavio Dino, ancien ministre de la Justice de l’actuel président brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva, a déclaré que « La liberté d’expression ne protège pas contre les violations répétées du système juridique. »
« Le mépris d’Elon Musk pour les lois »
Avant d’agir sur le « suspension immédiate, complète et intégrale » de X, Alexandre de Moraes avait donné mercredi soir vingt-quatre heures au réseau social pour désigner un représentant légal dans le pays, sous peine d’être bloqué. Un ultimatum que les équipes d’Elon Musk avaient alors choisi d’ignorer. « La liberté d’expression est le fondement de la démocratie et au Brésil, un « pseudo-juge » non élu la détruit pour des raisons politiques »a tonné le milliardaire.
En réponse, le propriétaire de X encourage les utilisateurs brésiliens de sa plateforme à contourner la suspension en utilisant des réseaux privés virtuels (VPN)., M. Musk a même agi dans ce sens sur les services gratuits Starlink au Brésil, que propose sa société SpaceX. Comme le rapporte Le New York TimesCitant les autorités de régulation brésiliennes, ce fournisseur d’accès Internet refuse de se conformer à la décision de bloquer X.
Une manière pour Elon Musk, qui dénonce depuis plusieurs jours une atteinte à la liberté d’expression, de défier une nouvelle fois la justice brésilienne. Mercredi, l’association Reporters sans frontières a estimé que « Le blocage de X est regrettable, d’autant plus que la plateforme est largement utilisée par la communauté journalistique » mais qu’il est « justifiée au vu du refus constant de la plateforme de répondre aux demandes répétées des autorités de se conformer à la loi ».
Deux cent cinquante groupes de défense des droits et experts de la Coalition mondiale pour la justice technologique ont également appelé les régulateurs du monde entier à suivre l’exemple du Brésil en matière de « pour réprimer les actes et omissions nuisibles de X (anciennement Twitter) et d’autres géants de la technologie »Dans un communiqué publié lundi, ils estiment que le refus du milliardaire américain de se conformer aux autorités brésiliennes « Cela fait partie d’un schéma familier dans lequel Elon Musk défie la loi et échappe à toute responsabilité ».
« Nous sommes profondément troublés par le mépris d’Elon Musk pour les lois et les institutions démocratiques ; son appropriation, sa mauvaise gestion et son abus d’une plateforme mondiale de médias sociaux de premier plan qui fait partie de notre espace civique collectif en ligne sont imprudents et dangereux.continuent ces experts et groupes de défense des droits. Il est clair que cela porte préjudice à la paix et à la démocratie dans le monde.