Ce texte rassemble les capsules contenues dans notre newsletter politique, publiée le jeudi à 17h. Vous y retrouverez un regard en quatre points sur l’actualité politique de la semaine.
Alors pourquoi Pierre Fitzgibbon quitte-t-il ses fonctions maintenant, à quelques jours du début des audiences pour étudier son projet de loi 69, un projet de loi massif et important? Quelle est la raison fondamentale pour laquelle il ne complète pas le mandat que lui ont confié plus de 20 000 électeurs de Terrebonne? La réponse courte est une interjection : bof!
Au fond, l’ancien ministre de l’Économie, de l’Énergie et de l’Innovation ne voulait plus continuer. Ou finalement, il serait resté quelques mois de plus, le temps de faire adopter le projet de loi, sauf que François Legault a apparemment besoin de gens motivés autour de la table du Conseil des ministres, et son ami ne trouvait plus cette motivation. « Disons que j’ai senti un certain déclin [de ma motivation]« Sans raison particulière », a expliqué mercredi Pierre Fitzgibbon — si c’est une explication. Sans aucun remords, il a dit partir « la tête haute » et avec « le sens du devoir accompli », même s’il laisse en plan une réforme qui porte sa signature. Sa décision signifie qu’il y aura une élection partielle dans les prochains mois à Terrebonne — on peut donc mettre un prix sur la démotivation de Pierre Fitzgibbon, quelque 600 000 $.
La franchise de M. Fitzgibbon nous manquera évidemment, lui qui savait énoncer des choses que le premier ministre ne reconnaît pas, ou ne veut pas encore voir. Le fait que le parc automobile du Québec devra être réduit substantiellement pour atteindre la carboneutralité d’ici 2050; la modulation des tarifs d’électricité, qui pourrait impliquer de faire tourner son lave-vaisselle la nuit (c’est une image, bien sûr); ou encore la nécessaire augmentation des tarifs d’électricité dans les années à venir. Mercredi encore, il a répondu aux questions des journalistes avec franchise, soulignant qu’ils ne lui manqueraient pas – ni la commissaire à l’éthique, on suppose.
Il est dommage, compte tenu de tout cela, qu’il n’ait pas su se montrer aussi franc avec ses électeurs. La nonchalance avec laquelle il a justifié son départ mercredi s’ajoute à la liste de tout ce que Pierre Fitzgibbon ne semble jamais avoir compris de la politique et du service public, et qui comprend qu’il existe une sorte de contrat moral à respecter avec les citoyens. Un contrat qui impose, sauf circonstances graves, d’aller au bout de son mandat… même si la motivation est fluctuante.
Le nombre
91
Les personnes inscrites sur la liste électorale qui iront voter à l’élection partielle dans LaSalle–Émard–Verdun, le 16 septembre prochain, seront invitées à regarder attentivement le bulletin de vote qui leur sera présenté : il contiendra les noms de 91 candidats et mesurera près d’un mètre ! Il s’agit d’un record dans la longue histoire des élections canadiennes. Ce n’est pas par intérêt pour le siège en jeu que tant de candidats se sont manifestés — la personne qui sera élue ne siégera, au mieux, que quelques mois —, mais plutôt parce qu’il s’agit de l’action concertée d’un groupe qui milite pour une réforme du mode de scrutin. Près de 80 des 91 candidats sont liés au « comité du plus long scrutin », qui sévit depuis plusieurs élections partielles en multipliant le nombre de candidats de tête pour faire passer son message. Une stratégie que l’ancien directeur général des élections Jean-Pierre Kingsley ne comprend pas. « Si on veut changer le système, c’est pour favoriser davantage l’électeur, et ces méthodes font exactement le contraire », déplorait-il récemment en entrevue à La Presse. La presse.
Le baromêtre
👍 À la hausse
Deux ans après son entrée en politique, Christine Fréchette a reçu une promotion majeure ce jeudi, succédant à Pierre Fitzgibbon à la tête de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, en plus de devenir responsable de la Métropole et du Développement économique régional. En principe, elle devient ainsi «superministre» – bien que le titre officieux fasse aussi référence à la grande influence qu’exerçait Pierre Fitzgibbon sur le premier ministre Legault. C’était le choix le plus facile à faire pour ce dernier, puisque Christine Fréchette a un «profil économique» – c’est-à-dire qu’elle a dirigé la Chambre de commerce de l’Est de Montréal, travaillé à Montréal International et étudié en administration à HEC Montréal – tout en s’étant distinguée par son tact dans la gestion du dossier de l’immigration. Reste à voir, dans cet «ajustement ministériel», ce que signifie l’arrivée de Jean-François Roberge à l’Immigration, un dossier qui risque d’être très chaud dans les prochains mois, et où il faudra plus que ses effets de toge habituels pour obtenir des résultats…
👎 Vers le bas
On sait que Jagmeet Singh est un adepte des plateformes numériques où le contenu peut se résumer en quelques secondes. Mais le fait qu’il ait choisi une formule semblable — un message vidéo de moins de deux minutes — pour annoncer une décision aussi importante que celle de déchirer l’accord de collaboration avec les libéraux ne dénote pas un grand désir d’explications, disons. D’autant plus que le message est présenté comme un publireportage préélectoral, dans lequel le noir et blanc est utilisé (danger !) pour parler de Justin Trudeau et des conservateurs, mais où la couleur revient pour vanter « l’espoir » que représentent les néo-démocrates et leur chef, à qui on voit des poignées de main comme si c’était un signe de crédibilité. C’est la forme. En substance, le texte récité par Jagmeet Singh consiste à dire que les libéraux ne sont pas bons, mais que les néo-démocrates le seront. Au moins, c’est facile à comprendre.