Une étude américaine sur le cerveau d’une mère pendant la gestation, publiée ce lundi 16 septembre, a permis d’observer des changements radicaux dans la structure de l’organe. Des effets qui persistent même plusieurs mois après l’accouchement.
La grossesse entraîne des changements dans de nombreux aspects du corps : hormones, système gastro-intestinal, vessie, etc. Mais aussi, cerveau. C’est la leçon d’une étude (Nature Neuroscience) publiée lundi 16 septembre.
Les chercheurs ont étudié le cerveau d’une femme enceinte, à travers une série de 26 scanners réalisés entre la troisième semaine de conception, neuf mois de grossesse et deux ans après l’accouchement. Le tout sur un seul sujet : Elizabeth Chrastil, neuroscientifique à l’Université de Californie, co-auteure de l’étude, qui avait 38 ans à l’époque.
“J’envisageais de tomber enceinte, j’ai donc suggéré l’idée de cette étude au responsable du laboratoire de recherche (…) C’est compliqué de recruter des volontaires pour faire autant d’imagerie cérébrale, surtout des femmes enceintes”, a expliqué au Figaro la qualifiée de cobaye.
« Le cerveau deviendra surspécialisé »
L’examen, réalisé à l’aide d’une imagerie IRM, n’est pas irradiant et ne présente aucun danger pour la mère ni pour l’enfant. Le petit garçon d’Elizabeth, aujourd’hui âgé de 4 ans et demi, se porte par ailleurs très bien.
L’étude a révélé une diminution généralisée du volume de la matière grise corticale, la zone ridée qui constitue la couche externe du cerveau. Dans le même temps, la matière blanche, située plus profondément, est devenue plus dense.
Moins de matière grise ne signifie pas que la femme enceinte devient plus « bête », comme le plaisante le chercheur.
“Cela ne veut pas dire que les femmes deviennent moins intelligentes ! Au contraire, le cerveau devient surspécialisé”, plaisante-t-elle au Figaro.
Elle compare ces changements à une forme de « superpouvoir », la mère devenant plus habile dans certains domaines, notamment la lecture des émotions. Ces deux principaux changements structurels sont concomitants à une augmentation des niveaux d’hormones estradiol et progestérone.
Les changements ne se dissipent pas immédiatement après l’accouchement, avec une diminution de 4 % du volume de matière grise compensée seulement par un rebond post-partum, qui ne permet pas d’atteindre le niveau initial.
Besoin de données supplémentaires
« Des études précédentes ont pris des photos du cerveau avant et après la grossesse. Mais nous n’avons jamais vu le cerveau en pleine métamorphose », a déclaré à Reuters Emily Jacobs, principale auteure de l’étude. Mais il n’est pas question de s’arrêter là.
Les scientifiques ont déclaré que depuis la fin de l’étude, ils ont observé des schémas similaires chez plusieurs autres femmes enceintes qui ont subi des scanners cérébraux dans le cadre d’un projet de recherche en cours appelé Maternal Brain Project. Leur objectif est d’augmenter ce nombre à plusieurs centaines.