La paraphénylènediamine est un produit qui peut être extrêmement allergisant. À Lyon, une femme a failli perdre la vue. De plus, la PPD peut provoquer des réactions toxiques parfois graves.
Il s’agit d’un « produit ultra-toxique ». Il y a quelques années, rapporte Actu, une femme de 61 ans a commencé à perdre la vue après s’être teint les cheveux. Une étude publiée dans la revue internationale Jama Ophthalmology le 12 septembre établit un lien entre l’utilisation de cette teinture capillaire et les problèmes de santé de la patiente.
La cause : la présence d’une amine aromatique, la paraphénylènediamine (également appelée PPD).
La patiente souffrait de multiples décollements de la rétine et d’un « épaississement malsain de la rétine neurosensorielle ». Son état s’est résolu et elle a retrouvé la vue après avoir changé de produit de coloration capillaire.
Limitation de concentration
« Le PPD est un composé ancien, utilisé depuis le XIXe siècle dans les colorants industriels, explique Aurel Guedj, médecin spécialisé en médecine d’urgence et consultant santé pour BFMTV. Il est notamment utilisé pour foncer et noircir.
«Mais c’est un produit ultra-toxique», ajoute-t-il.
En France, ce composant est interdit dans tous les cosmétiques, notamment pour tout usage cutané (en contact direct avec la peau), à l’exception des colorations pour cheveux ou sourcils à condition que sa concentration ne dépasse pas 6%. On le retrouve également dans les vêtements.
Des réactions allergiques parfois graves
Le problème est que la PPD est extrêmement allergisante. « L’exposition peut provoquer des réactions importantes comme une perte de cheveux, des œdèmes, des gonflements, des rougeurs ou encore une desquamation de la peau », énumère Aurel Guedj.
En 2018, une femme de 19 ans a connu un gonflement dramatique de la tête après avoir également coloré ses cheveux et a dû être hospitalisée.
Dans le cas rare de la femme de 61 ans qui a failli devenir aveugle, ce qui reste exceptionnel, Aurel Guedj indique qu’on ne peut pas exclure que cela soit dû à l’utilisation de PPD, notamment pour colorer les cils, par exemple.
Le médecin précise également qu’une première exposition à ce composé sans mauvaise réaction ne signifie pas que vous êtes immunisé contre celui-ci puisque son aspect allergisant fait que vous devez avoir été en contact avec le produit une première fois avant de déclencher une allergie.
« Toxicité systémique »
Au-delà de cet aspect allergisant qui peut parfois provoquer des réactions graves, la PPD présente également une « toxicité systémique », c’est-à-dire des effets toxiques du produit du fait de son absorption dans l’organisme.
« Cela peut avoir des conséquences sur les muscles voire provoquer des problèmes rénaux, respiratoires ou cardiovasculaires », prévient Aurel Guedj.
Très bon marché, ce produit est régulièrement ajouté au henné pour obtenir le « henné noir » utilisé dans les tatouages temporaires. Si celui-ci est interdit en France, car l’usage cutané du PPD est interdit, Aurel Guedj alerte sur ces pratiques à l’étranger.
De son côté, l’UFC-Que Choisir rapporte que le Comité scientifique pour la sécurité des consommateurs (CSSC) de la Commission européenne écrivait en 2013 que le PPD est « un allergène de contact très puissant chez les animaux, c’est aussi un allergène fréquent chez l’homme qui peut provoquer des réactions graves. (…) Son utilisation dans les teintures capillaires reste une préoccupation considérable en termes de sécurité.