Chaque dimanche, le‘équipe de Nouvelles vous invite à lire (ou relire) dans sa newsletter Miroir l’un des reportages les plus marquants de la riche histoire du magazine. Vous pourrez ainsi replonger au cœur de certaines problématiques du passé, avec la perspective d’aujourd’hui.
Dans le tout nouveau numéro de votre magazine, Isabelle Grégoire raconte son séjour au Rwanda, où elle est allée voir ce qui arrive à un pays lorsque la majorité de ses hommes sont tués ou massacrés (“Rwanda : l’arme de paix de la masculinité positive”) Le déséquilibre entre les sexes résultant du génocide de 1994 a en effet laissé des traces jusque dans la démographie du pays. À la fin, le Rwanda était composé à 70% de femmes devenues chefs de famille (veuves, épouses de génocidaires en prison ou en exil). , orphelins). A cela s’ajoute l’héritage de violence laissé par ce massacre sans précédent, qui se répercute même parmi ceux qui n’ont pas vécu toute cette haine directement, car les deux tiers des Rwandais actuels ne sont pas nés en 1994. Violence qui s’exprime contre. les femmes en particulier de manière endémique : 46% des Rwandais mariés ont subi des violences domestiques et 60% estiment qu’elles sont acceptables.
L’espoir vient du fait qu’après le génocide, le Rwanda a voulu se faire le champion de la lutte contre la discrimination, y compris celle contre les femmes, de sorte que 61% des députés au Parlement sont des femmes. . Mais la violence contre les femmes persiste.
L’État a donc adopté une politique de genre à travers laquelle des milliers d’hommes sont initiés à des modèles de masculinité positive.
Ces hommes d’aujourd’hui sont souvent les enfants de 1994. Et à ce sujet, un autre de nos collaborateurs, Michel Arseneault, a rédigé le saisissant reportage qui fait l’objet du Rétroviseur de cette semaine. Publié en avril 1997, trois ans après le génocide, « Mes enfants du Rwanda » raconte son expérience de toute une vie alors que, engagé par l’UNCEF comme chargé d’information en décembre 1996, il parcourait le pays, des orphelinats désespérés aux prisons sordides, en passant par les maisons de correction. où séjournent des enfants de moins de 14, voire 10 ans, accusés d’avoir participé au génocide. « Le plus jeune a huit ans. C’est-à-dire qu’il avait six ans lorsqu’il a commis le crime qui lui est reproché : un attentat à la grenade qui a coûté la vie à toute une famille. Un enfant de six ans qui tire l’épingle et lance une grenade dans la maison de son voisin peut-il être coupable ? Oui, définitivement. Mais de quoi ? Avoir tué ? obéi ? imité ? joue ? Gitagata est un lieu inquiétant car l’horreur et l’innocence, d’habitude si faciles à séparer, sont ici indissociables », écrit Michel.
Ce n’est pas la lecture idéale pour un dimanche à la campagne, ni même à la piscine de Kigali, mais elle est essentielle pour entretenir l’espoir dans notre monde lorsque l’on fait le lien avec le reportage d’Isabelle dans notre numéro de novembre 2024.
Éric Grenier, rédacteur en chef
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