Ce texte rassemble une partie du contenu de notre newsletter santé, publiée le mardi à 16h00.
Nous savons que la pollution plastique est omniprésente. Cependant, comme tout ce qui se trouve dans l’environnement est susceptible de pénétrer dans le corps des organismes vivants, il ne faut pas s’étonner que des traces de ces plastiques soient détectées un peu partout dans notre propre corps, comme l’ont démontré plusieurs études ces dernières années. Quelles sont les conséquences ? Nous l’ignorons pour le moment. Mais l’inquiétude est montée d’un cran lorsque, récemment, des chercheurs de l’Université du Nouveau-Mexique ont conclu que les microparticules et nanoparticules de plastique représentent jusqu’à 0,5 % du poids de notre cerveau. C’est l’équivalent d’une cuillère à café pleine, ce qui est absolument énorme. Pire, en comparant les cerveaux collectés en 2016 et 2024, les chercheurs ont estimé que cette quantité aurait augmenté de 50 %, ce qui, toujours selon eux, pourrait refléter l’augmentation de la pollution plastique et avoir un lien avec la progression de maladies neurodégénératives comme la maladie d’Alzheimer. . La nouvelle a fait le tour du monde.
Waouh, minute ! Avant de paniquer, rappelons-nous un instant l’aphorisme connu sous le nom de principe de Sagan, selon lequel des affirmations extraordinaires nécessitent des preuves extraordinaires… que nous n’avons absolument pas avec cette étude. Premièrement, il n’a pas été évalué par des pairs : il s’agit d’une prépublication. Avant de le prendre au pied de la lettre, il faudrait attendre que sa méthodologie soit évaluée, d’autant que ce type d’analyse peut donner des résultats bizarres : mesurer des particules aussi fines que des nanoplastiques – dont le diamètre est d’environ un milliardième de mètre – n’est vraiment pas simple ! Pour obtenir un résultat fiable, il faut aussi avoir réussi à éviter toute contamination des échantillons, depuis leur extraction des crânes de personnes décédées jusqu’à leur analyse – pas évident non plus. A noter que, généralement, les chercheurs qui étudient la présence de plastique dans le corps humain se limitent à quantifier les microplastiques, qui sont 1 000 fois plus gros que les nanoplastiques et donc plus faciles à analyser.
Une augmentation de 50 % de la quantité de plastique dans notre cerveau en seulement huit ans a de quoi nous terrifier. Mais il faut savoir que cela a été estimé à partir d’échantillons de 500 mg prélevés sur 27 cerveaux en 2016 puis 24 en 2024, sans que l’analyse statistique ait été validée par les pairs. Cela reste donc à vérifier avec une autre étude et idéalement à plus grande échelle.
Enfin, dans leur conclusion, les chercheurs supposent qu’il y aurait un lien entre cette augmentation et l’augmentation de la présence de plastique dans notre environnement, qu’ils ne quantifient pas. Même si j’avoue ne pas disposer de données précises, je ne suis pas du tout convaincu qu’un endroit comme le Nouveau-Mexique ait connu une augmentation aussi drastique de la pollution plastique au cours des huit dernières années. Quant au lien avec les maladies neurodégénératives, il est tout aussi hypothétique.
Tout cela n’enlève rien au fait que la pollution plastique est très préoccupante et que ses conséquences doivent être étudiées. Mais attention aux conclusions hâtives !
La bonne nouvelle
S’auto-vacciner contre la grippe ?
À partir de 2025, les Américains âgés de 2 à 49 ans qui souhaitent se faire vacciner par voie intranasale contre la grippe n’auront plus besoin de consulter un professionnel de santé : ils pourront se faire administrer le vaccin eux-mêmes, ou se le faire administrer par un autre adulte ou un parent en le cas des enfants. La FDA vient d’autoriser cette nouvelle façon d’administrer le vaccin FluMist, d’AstraZeneca, dans le but d’encourager la vaccination en facilitant les démarches. Toutefois, une ordonnance délivrée par une pharmacie reste nécessaire. Au Québec, FluMist, offert aux personnes en bonne santé âgées de 2 à 59 ans, doit actuellement être administré par un médecin ou une infirmière. Cette initiative américaine sera certainement suivie de près par les autorités sanitaires de nombreux pays, car elle a également le potentiel d’alléger la lourde charge de travail des professionnels de santé.
Les données
11 415
C’est l’estimation, publiée dans la revue PNASdu nombre annuel de décès survenus sur la zone continentale des États-Unis, auxquels ont contribué les particules fines présentes dans la fumée des incendies de forêt, entre 2007 et 2020. Des chercheurs de l’Université de Yale ont entrepris un travail de moine pour identifier, comté par comté, les causes des décès non accidentels et les relient à une exposition à long terme à des particules fines d’un diamètre inférieur ou égal à 2,5 microns (PM2,5) produites par des incendies et qui peuvent se propager sur de longues distances. Selon leurs calculs, près de la moitié des décès liés à ces particules sont dus à des maladies cardiovasculaires. Les PM2,5 provenant des incendies provoquent également des décès dus au diabète, à des troubles mentaux ainsi qu’à des maladies affectant le système digestif et les reins. Ces données amènent les chercheurs à affirmer qu’il est urgent de mieux communiquer sur ce danger à la population et aux décideurs, même en dehors des zones où brûlent les incendies. Nous n’avons pas encore d’estimation de ce type pour le Canada.
Si cet article vous a plu, pourquoi ne pas vous abonner à notre newsletter santé ? Vous lirez en premier, chaque mardi, les explications toujours claires, détaillées et rigoureuses de notre équipe de journalistes et professionnels de santé. Entrez simplement votre adresse e-mail ci-dessous. 👇