Ce texte rassemble les capsules contenues dans notre newsletter politique, publiée le jeudi à 17h00. Vous y trouverez un regard en quatre points sur les événements politiques de la semaine.
Les révélations faites par Justin Trudeau mercredi devant la commission Hogue, selon lesquelles il disposerait des « noms de certains parlementaires, anciens parlementaires et/ou candidats conservateurs qui sont impliqués ou à haut risque » de faire face à des tentatives d’ingérence étatique étrangères hostiles, sont Ce n’est pas surprenant en soi : d’autres rapports, déclarations ou témoignages autour de cette question fournissaient déjà ces indications.
Mais bien entendu, entendre le Premier ministre affirmer cela sous serment dans le cadre d’une commission d’enquête publique donne une tout autre signification à cette information. Et surtout, cette sortie permet de questionner plus directement l’attitude du chef conservateur sur ce dossier. Pierre Poilievre refuse toujours, pour des raisons qui semblent éminemment politiques, de demander une habilitation de sécurité qui lui donnerait accès à des informations classifiées. Voir ces documents et ne pas pouvoir en parler publiquement reviendrait à le museler, a-t-il déclaré en substance. Il préfère donc garder les yeux grands fermés, pour protéger sa capacité à attaquer le Premier ministre.
Les autres dirigeants étaient tous d’accord avec l’argument inverse, à savoir qu’il vaut mieux avoir accès à l’information pour ensuite prendre les décisions qui s’imposent. Jagmeet Singh et Elizabeth May ont déjà obtenu leur habilitation de sécurité, tandis qu’Yves-François Blanchet est toujours en attente d’approbation. Dans les trois cas, nous sommes face à des élus qui ont jugé (parfois tardivement, dans le cas du chef du Bloc québécois) que les enjeux étaient trop importants pour faire passer la partisanerie avant la protection de notre démocratie – puisque c’est cela c’est à peu près. question.
Dans sa réaction au témoignage de Justin Trudeau, Pierre Poilievre a affirmé que le premier ministre « mentait » en prétendant avoir des noms en main (le chef conservateur bluffe évidemment, puisqu’il ne connaît pas les informations dont dispose son adversaire…). Il s’étonne également que son chef de cabinet, qui dispose de l’habilitation de sécurité lui permettant de consulter des documents classifiés, n’en ait pas été informé. Mais deux anciens patrons du Service canadien du renseignement de sécurité ont affirmé plus tard à CBC que l’organisation ne partagerait jamais ce type d’informations avec le chef de cabinet d’un chef de parti qui n’a pas lui-même sa cote de sécurité. Sur le plan politique, la sortie de Justin Trudeau a été très astucieuse : confronter Pierre Poilievre à ses paradoxes… et voir comment il s’en sort avec tout ça.
Le numéro
27
Il y a probablement des « mutins » au sein du caucus du Parti libéral du Canada (PLC). Mutines, comme mutinerie, ou révolte interne… Environ 27 députés auraient signé ces derniers jours une sorte de pétition exigeant le départ de Justin Trudeau – mais tant le nombre précis de signataires que le contenu exact du texte approuvé demeurent mystérieux, aucun journaliste n’ayant vu ledit document. Autre gros point d’interrogation : qui l’a signé ? On sait qu’il ne s’agit pas de ministres, mais plutôt de « simples » députés présumés inquiets de perdre leur siège aux prochaines élections. Il n’en demeure pas moins que, même anonyme (pour l’instant), la révolte reste rare et souligne à quel point le niveau de confiance des libéraux dans une amélioration de la situation est faible, voire nul. Une petite question pour les insurgés de l’ombre (on exclut le député de Charlottetown, Sean Casey, qui réclame ouvertement le départ de son chef) : qui pense que le PLC pourrait encore organiser une course à la direction, si jamais Justin Trudeau cède sa place (ce qui il n’a pas l’intention de le faire, assure-t-il) ? Avec un Parlement instable et une campagne électorale imminente qui pourrait être déclenchée à tout moment ?
Le baromêtre
👍 Soulèvement
Il aurait suffi que deux déléguées de Québec solidaire votent différemment lors du congrès de novembre 2023 pour que Ruba Ghazal soit élue co-porte-parole féminine de la formation : Émilise Lessard-Therrien l’a emporté de la légendaire peau de ses dents, avant de disparaître avec le bruit que nous connaissons. Ruba Ghazal a eu plus de chance lors de sa deuxième tentative : seule en piste du début à la fin dans ce qui n’était finalement pas une course pour ce co-leader hors du commun. Elle sera élue plus officiellement dans le cadre d’un congrès dans un mois, mais le parti a confirmé mardi que le député de Mercier n’aurait pas d’adversaire sur le bulletin de vote des délégués (qui pourraient encore choisir de ne pas lui faire confiance, mais c’est hautement improbable). Sa victoire fera notamment que les deux têtes d’affiche de QS seront des représentants de Gouin et Mercier… comme à l’époque du duo Françoise David-Amir Khadir. Membre fondatrice du groupe, Ruba Ghazal deviendra, comme l’a souligné son collègue Gabriel Nadeau-Dubois, la première enfant de la loi 101 « à diriger un parti politique à l’Assemblée nationale ». En fait, il y aura deux têtes à la tête du parti, mais la symbolique reste intéressante – surtout à une époque où le discours ambiant associe l’immigration à une menace pour le français.
👎 En déclin
Nous nous excusons d’avoir pointé du doigt encore une fois cette semaine Geneviève Guilbault dans ce baromètre des mauvais coups, mais qu’attendez-vous : sa conférence de presse de vendredi dernier, pour annoncer un « appel d’intérêt international » visant à « valider l’intérêt des marchés » pour le Le futur troisième lien (appelé aussi désormais « nouveau lien inter-fleuve »), restera dans l’histoire en raison d’une phrase, plus précisément : « On ne peut pas subordonner la rigueur nécessaire dans ce type de projet à des considérations électorales », a déclaré le ministre. des Transports, sans rire. Or, depuis que la Coalition Avenir Québec a adopté le projet du troisième lien, il y a dix ans, elle a fait exactement le contraire, c’est-à-dire qu’elle a subordonné tout élément de rigueur à des considérations électorales. Ce fut le cas en 2014 et en 2018. , et encore en 2022. Voyons ce que l’avenir réserve à cette “nouvelle liaison inter-fluviale”, mais disons que le manque de précision du ministre sur presque tous les aspects importants est en soi révélateur : on ne sait pas où mènerait le pont , s’il y avait des transports publics, combien cela coûterait ou dans quelle mesure cela améliorerait la fluidité du trafic.