Clémence Desjardins est diététiste-nutritionniste et doctorante en sciences pharmaceutiques à l’Université Laval. Ses recherches portent sur les habitudes alimentaires et les médicaments dans la prévention des maladies cardiaques.
Près d’un adulte canadien sur trois est obèse, selon Statistique Canada, ce qui augmente le risque de diabète de type 2, de certains cancers et de maladies cardiaques. De nombreuses personnes de ce groupe gagneraient donc à perdre du poids pour être en meilleure santé. Même parmi ceux qui ne sont pas considérés comme obèses, le poids reste une préoccupation répandue. Près de la moitié des hommes et les deux tiers des femmes se disaient insatisfaits de leur poids dans un sondage réalisé en 2021 par Léger pour le compte du collectif ÉquiLibre.
D’un autre côté, perdre du poids n’est pas qu’une question de choix alimentaire ! Il est important de ne pas le faire au hasard, d’autant plus qu’un mauvais encadrement peut aggraver la situation au lieu de l’améliorer. En effet, un guide visant à aider les diététistes-nutritionnistes et autres professionnels de santé dans leurs interventions a été publié en janvier 2024. Ce document, en version abrégée ici, contient également des informations très utiles aux personnes qui souhaitent perdre du poids, à leur entourage et pour la société en général.
Les professionnels de la santé doivent respecter les besoins et les désirs de la personne qui les consulte. Par exemple, une personne souffrant de maux de ventre s’attend à recevoir des conseils sur la façon de traiter sa douleur, et non des recommandations sur la façon de perdre du poids. Ainsi, même si cette personne est visuellement en surpoids, ce n’est pas ce qui doit être abordé systématiquement. Si le professionnel estime essentiel d’en discuter, il doit au préalable obtenir le consentement de la personne.
Perdre du poids peut avoir des effets secondaires négatifs sur la santé, tels que des maux de tête, de la fatigue et des problèmes digestifs. À plus long terme, il est possible de voir apparaître des carences nutritionnelles, de l’ostéoporose et des troubles du comportement alimentaire. La perte de poids n’entraîne donc pas toujours une amélioration de la santé ! Le rôle des diététistes-nutritionnistes est de transmettre une information crédible et personnalisée, afin que la personne qui les consulte prenne une décision éclairée.
Cuisiner davantage à la maison, marcher plus souvent, dormir suffisamment, arrêter de fumer… Ces habitudes peuvent avoir une multitude de bienfaits pour la santé, qu’elles aident ou non à perdre du poids. Et comme les diététistes-nutritionnistes visent toujours la santé globale, encourager la personne à améliorer son hygiène de vie est préférable à avoir pour seul objectif la perte de poids.
Même si les personnes en surpoids peuvent être en excellente santé, l’obésité est souvent associée à un risque plus élevé de diabète de type 2, d’hypertension artérielle, d’arthrite, de maladies cardiaques et de certains cancers. Toujours dans une perspective de santé globale, les diététistes-nutritionnistes ne doivent pas ignorer ces risques, mais plutôt les inclure dans l’évaluation des avantages et des inconvénients de la perte de poids.
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Baser les recommandations sur des données scientifiques récentes.
Les diététistes-nutritionnistes ont l’obligation professionnelle de poursuivre leur formation : c’est une des raisons pour lesquelles ils sont la principale référence en matière de nutrition. En connaissant les informations les plus récentes dans le domaine, ils peuvent proposer des interventions reconnues par la science, tout en considérant les caractéristiques spécifiques de chaque personne. Par exemple, il y a quelques décennies, il était plus courant d’éviter certaines catégories de nutriments, comme les sucres ou les graisses. Aujourd’hui, nous savons qu’il est plus bénéfique d’avoir une alimentation équilibrée et de manger des aliments variés.
Il existe de nombreuses méthodes pour perdre du poids, mais aucune ne fonctionne pour tout le monde à long terme. Il est donc essentiel d’en choisir une qui soit bien adaptée à l’état de santé de la personne, à ses objectifs, à son budget, à sa situation familiale, à son emploi du temps, etc. Avec une méthode individualisée, il est plus facile d’établir des habitudes et de les maintenir longtemps. temps, ce qui augmente également les chances de succès.
Lorsqu’une nutritionniste n’est pas suffisamment outillée pour répondre adéquatement aux besoins d’une personne, elle doit la diriger vers des ressources mieux adaptées à sa situation. Par exemple, un nutritionniste n’est pas formé pour donner des conseils sur l’activité physique ; c’est plutôt la spécialité des kinésiologues.
La fatphobie est omniprésente dans la société, mais aussi au sein du système médical, comme le révèle un sondage Léger réalisé en 2023 pour l’Association de santé publique du Québec. Cette fatphobie médicale augmente le risque de troubles de l’alimentation, de symptômes dépressifs et anxieux, voire de décès. Pour promouvoir le respect et la confiance, les professionnels de la santé doivent éviter toute forme de stigmatisation liée au poids. Utiliser un langage inclusif est une des façons de contrer la fatphobie, comme l’illustre le guide de l’Association de santé publique du Québec. Par exemple, plutôt que de dire qu’une personne « souffre » d’obésité, mieux vaut évoquer sa corpulence de manière neutre, en disant qu’elle est « considérée comme obèse ».
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