Les transactions peer-to-peer sont formidables : vous pouvez trouver toutes sortes d’articles à bon prix en quelques clics ou trouver facilement un acheteur pour vos biens. Il ne reste ensuite plus qu’à effectuer l’échange en personne. Le problème est que vous ne savez pas à qui vous avez affaire. Il existe pourtant un moyen très efficace de réduire les risques de vol et de fraude tout en empêchant des inconnus de frapper à votre porte.
Le concept de « zones de rencontre neutres » (que certaines villes appellent « zones d’échanges sécurisées ») a gagné en popularité partout au Québec au cours des dernières années. Il s’agit généralement d’une place de parking située à proximité d’un commissariat, accessible à tout moment et surveillée par caméra.
Vous pouvez les trouver dans les grandes villes (comme Montréal, Québec, Laval ou Sherbrooke), mais aussi dans plusieurs petites municipalités. C’est par exemple le cas à Saint-Félix-de-Valois (Lanaudière), Caplan (Gaspésie) ou Sainte-Sophie (Laurentides). Vous pouvez vérifier s’il y en a un près de chez vous en consultant cette liste de la Sûreté du Québec ou en communiquant avec votre municipalité.
La police de Sherbrooke avait également recommandé à la population d’utiliser ses zones de rencontre neutres il y a quelques années lorsqu’une transaction entre particuliers initiée sur Marketplace avait mal tourné. Une dame a remis à l’acheteur le téléphone qu’elle souhaitait lui vendre, mais ce dernier a aspergé le vendeur d’un produit irritant avant de s’enfuir avec l’appareil.
Effrayer les fraudeurs
Ce voleur n’aurait probablement pas eu l’audace de se présenter sur le parking d’un commissariat si la victime lui avait donné rendez-vous sur place. «En disant qu’on veut faire un échange dans une zone de rencontre neutre, on exclut les acheteurs ou les vendeurs malhonnêtes qui vont tout d’un coup trouver une excuse pour ne pas se présenter», explique le chroniqueur technologique François Charron. Si nous avons affaire à quelqu’un d’honnête, cette personne n’aura aucun problème à y aller. »
Des zones de rendez-vous neutres peuvent ainsi limiter le risque de se faire voler l’objet que vous vendez. Ils réduisent également le risque de payer des centaines de dollars pour un appareil électronique, un objet de collection ou un bijou qui s’avère faux ou non fonctionnel, puisqu’un vendeur malhonnête peut avoir plus de scrupules à effectuer une telle transaction sachant qu’elle est filmée.
Les services de police de Montréal, Québec et Gatineau (que nous avons contactés) ne disposent pas de statistiques concernant la fréquentation de ces lieux, mais soutiennent tous qu’ils répondent à un besoin de la population. «Les policiers des commissariats où se trouvent les zones d’échange confirment que celles-ci sont régulièrement utilisées par les citoyens», affirme Mélanie Bergeron, porte-parole du Service de police de la Ville de Montréal.
Filmé, mais pas supervisé
Si vous souhaitez utiliser une zone de rencontre neutre pour compléter votre prochaine transaction sur Marketplace ou Kijiji, ce n’est pas compliqué. Il suffit de demander au vendeur ou à l’acheteur de s’y rendre, à toute heure du jour ou de la nuit (même si nous recommandons de jour, pour des raisons évidentes). L’accès est gratuit.
Les zones sont généralement identifiées par un panneau et de la peinture colorée au sol. Vous ne devriez pas les manquer. Tout ce qui s’y passe est filmé par des caméras de surveillance, mais attention : cela ne veut pas dire que le quartier est sous surveillance policière en permanence.
Autrement dit, il n’y a aucun policier en chair et en os à proximité du stationnement pour assister à la transaction et les images des caméras ne sont pas nécessairement scrutées en continu, explique Pierre-Olivier Lévesque, porte-parole du Service de police de Québec.
Et vous ne pouvez pas obtenir d’images de caméras de surveillance si vous constatez, par exemple, qu’on vous a vendu un article contrefait ou que les billets de 20 dollars qui vous ont été remis sont faux. « Un citoyen qui s’estime victime d’une fraude doit déposer une plainte à la police. Le policier responsable du dossier pourra alors récupérer les images afin de les utiliser dans le cadre de l’enquête», explique Andrée East, porte-parole du Service de police de la Ville de Gatineau.
Bref, vous ne pourrez pas mener votre propre enquête. Mais la police aura bien plus de chances de retrouver le fraudeur que si vous aviez prévu de le rencontrer à votre porte.
Quelques conseils de sécurité
Vous n’avez pas de lieu de rencontre neutre près de chez vous ? Voici quelques conseils prodigués par différents corps de police pour que votre transaction entre particuliers se déroule le mieux possible :
- Réalisez la transaction dans un lieu public très fréquenté (si possible accompagné d’une autre personne).
- Ne payez pas un bien sans l’avoir vu.
- Recherchez le nom du vendeur ou de l’acheteur en ligne. Si vous trouvez peu d’informations, soyez prudent.
- Choisissez le paiement par virement Interac.
- Si une offre semble trop belle pour être vraie, faites confiance à votre instinct.
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