La course à la Maison Blanche entre la vice-présidente Kamala Harris et l’ancien président Donald Trump se terminera, du moins on l’espère, mardi prochain. Or, si le déroulement des sondages au cours d’une campagne permet généralement de comprendre les changements d’humeur des électeurs face aux choix qui leur sont présentés, cette course se termine comme elle a commencé, avec les deux candidats au coude-à-coude dans sept États clés.
Tout d’abord un rappel pour les non-initiés. Chaque État se voit attribuer un certain nombre de districts du Congrès en fonction de sa population, selon le recensement le plus récent. Les plus peuplés sont plus représentés, comme la Californie (52 districts) ou le Texas (38 districts), tandis que les petits États comme le Vermont et le Wyoming n’en ont qu’un. De plus, chaque État envoie deux sénateurs à Washington, quelle que soit sa population. Toutefois, le vainqueur de l’élection présidentielle est déterminé par les électeurs (également appelés collège électoral). Le nombre d’électeurs attribué à chaque État pour les élections présidentielles est la somme du nombre de représentants au Congrès et du nombre de sénateurs. (Une exception : le District de Columbia, qui n’est représenté ni au Sénat ni au Congrès, a eu trois électeurs depuis la ratification le 23e amendement à la Constitution américaine en 1961.)
Il y a 435 membres du Congrès et 100 sénateurs, pour un total de 535. Ajoutez les trois électeurs du District de Columbia et nous obtenons un total de 538 électeurs. Le candidat qui obtient la majorité des électeurs (seuil de 270) est élu président.
Dans 48 des 50 Etats, le candidat présidentiel qui remporte le vote populaire remporte tous les suffrages électoraux de l’Etat en question (une formule ” le gagnant remporte tout »). Deux États, le Nebraska et le Maine, attribuent leurs électeurs en fonction des votes par circonscription. Puisque ces deux derniers ont un poids relativement faible dans la balance (le Nebraska compte cinq électeurs et le Maine, quatre), cela peut paraître un détail, mais comme nous le verrons plus loin, ces quelques électeurs pourraient bouleverser le résultat de cette élection.
Alors, à cinq jours des élections, que nous disent les données des sondages sur la course à la présidentielle ?
On nous dit que rien n’est gagné pour personne.
Sauf énorme surprise (et c’est toujours possible), la candidate démocrate Kamala Harris devrait facilement récolter 226 voix électorales. Quant au républicain Donald Trump, son plancher théorique devrait être de 219 grands votants. Ces sous-totaux couvrent 43 États et le District de Columbia.
Il reste sept États, à savoir trois États de la « Rust Belt » – la Pennsylvanie (19 électeurs), le Michigan (15) et le Wisconsin (10) – et quatre États de la « Sun Belt » – la Caroline du Nord. (16), Géorgie (16), Arizona (11) et Nevada (6).
Or, au moment de la rédaction de cet article, la moyenne pondérée des sondages place les candidats à deux points les uns des autres dans chacun de ces Etats. Ce sont donc ces Etats charnières qui décideront du vainqueur de l’élection présidentielle.
Evidemment, compte tenu de l’incertitude des sondages, il est difficile d’attribuer le titre de “favori” ou “négligé” à qui que ce soit. Sur la carte ci-dessus, la Rust Belt (PA, MI, WI) est bleu pâle, tandis que la Sun Belt (NC, GA, AZ, NV) est rose. Une telle combinaison, si elle se réalise, donnerait à Kamala Harris exactement 270 électeurs et lui donnerait les clés de la Maison Blanche pour les quatre prochaines années, avec une faible marge.
La Pennsylvanie, l’État le plus peuplé de ce groupe de sept, est cruciale pour chaque candidat. Par exemple, si Kamala Harris venait à échapper à cet État, il lui faudrait alors en gagner au moins deux de la « Sun Belt », dont au moins la Caroline du Nord ou la Géorgie. (L’Arizona et le Nevada comptent ensemble 17 électeurs, contre 19 pour la Pennsylvanie.)
Les sondages dans cette course étant si serrés, il est également tout à fait plausible qu’une légère erreur systémique sous-estime le soutien d’un candidat partout. Si Harris faisait mieux que prévu et balayait les sept États clés, elle remporterait 319 voix électorales. D’un autre côté, si les sondages sous-estiment le soutien de Donald Trump, il pourrait également remporter les sept États et remporter ainsi 312 grands électeurs.
Notre analyse doit donc prendre en compte le fait qu’il est probable que dans le total des votes dans ces États, il y ait presque une égalité entre les deux candidats, mais qu’au final, un seul ramène tous ses grands électeurs et remporte la présidence. avec une forte majorité d’électeurs. C’est le système électoral américain.
Le seul mouvement statistiquement significatif détecté dans les intentions de vote depuis le début de l’été a eu lieu après le retrait du président Biden au profit de Kamala Harris. De fin juillet à début août, alors que la vice-présidente semblait sur le point d’être nommée à la convention du Parti démocrate, nous avons constaté une nette augmentation du soutien aux démocrates dans les États clés. Mais cette hausse a ensuite plafonné, si bien qu’on se retrouve, à quelques jours du scrutin, face à une égalité statistique inébranlable.
Les Américains sont appelés mardi à choisir leurs dirigeants pour les quatre prochaines années. D’ici là, le monde entier retiendra encore une fois son souffle.
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Pour plus de détails sur cette projection présidentielle américaine, visitez la page Qc125 USA ici.