Chaque dimanche, le‘équipe de Nouvelles vous invite à lire (ou relire) dans sa newsletter Miroir l’un des reportages les plus marquants de la riche histoire du magazine. Vous pourrez ainsi replonger au cœur de certaines problématiques du passé, avec la perspective d’aujourd’hui.
Les débroussailleuses africaines ont accusé plus tôt cette semaine les sous-traitants d’Hydro-Québec de les exploiter. Il faut reconnaître que les témoignages qu’ils ont présentés aux journalistes Thomas Gerbet et Marika Wheeler de Radio-Canada laissaient peu de place à la discussion.
Payés à l’hectare défriché (et non à l’heure), ils sont sous pression pour produire. Tout piège peut potentiellement réduire considérablement leur salaire, dont ils dépendent évidemment pour subvenir aux besoins de leur famille. Par exemple, un entrepreneur a fourni des téléphones satellites avec des piles mortes à des débroussailleuses travaillant en pleine forêt boréale sur la Côte-Nord, ce qui les a empêchés d’appeler l’hélicoptère censé les transporter vers une zone à déboiser. sous une ligne électrique de l’autre côté d’une grande rivière (y a-t-il d’autres rivières que les grandes sur la Côte-Nord, d’ailleurs ?). Alors, au lieu de perdre leur salaire journalier, ils ont traversé la rivière avec leur lourd fardeau sur le dos, au péril de leur vie.
Globalement, leurs conditions auraient même rebuté les colons des Pays-d’en-Haut, tant ils semblent venir d’un autre siècle.
Ce n’est pas très digne du Québec, même s’il est reconnu comme l’un des États occidentaux les mieux équipés pour protéger les conditions de travail décentes de ses citoyens, avec les pays scandinaves (et d’autres, en tout cas !).
Mais voilà, ils ne sont plus citoyens québécois… Plusieurs sont des demandeurs d’asile légitimes avec un permis de travail. Heureusement, les entreprises du secteur ont soutenu les dénonciations des débroussailleuses, car les deux entreprises qui les embauchent ne jouent pas franc-jeu et peuvent présenter des offres qui font sourciller, car elles sont si basses.
Parce que l’industrie du débroussaillage est cliente de travailleurs étrangers, notamment africains. Il y a toujours du déboisement à faire sous les lignes de transport d’électricité d’Hydro-Québec (comme celles gigantesques de 735 kilovolts) et dans les immenses zones reboisées de forêt exploitée commercialement.
Dans les médias, Nouvelles a été le premier à faire connaître ce phénomène, à travers un reportage d’Isabelle Grégoire réalisé au nord du lac Saint-Jean, où quelque 200 débroussailleuses africaines ne sont pas passées inaperçues. En 2007, leur présence s’est fait remarquer au pays de la tourtière (et non du pâté à la viande) et de François Paradis.
Outre leurs origines, ce qui a semblé surprenant de les retrouver ainsi au milieu des vastes forêts de Péribonka, c’est leur profil, dont celui de ce Rwandais de 30 ans, diplômé universitaire en économie, qui était banquier à Kigali avant de se réfugier. au Québec. « Personne ne vient ici pour s’amuser. Qu’il pleuve, qu’il y ait du vent ou qu’il fasse chaud… c’est toujours l’enfer. Mais bon sang, ça paie ! » a-t-il confié à notre journaliste.
Bon sang… C’est pourquoi peu de Québécois osent aller se battre dans ce emploi les bras, la sueur… et les mouches noires. Et que les entreprises du secteur sont devenues dépendantes de cette main d’œuvre, à qui nous devons tout notre respect et notre admiration.
À la lumière de ce scandale chez les sous-traitants d’Hydro-Québec, revivez l’arrivée de ces courageux travailleurs essentiels à l’économie régionale, grâce à la plume de notre journaliste Isabelle Grégoire. C’est votre rétroviseur de la semaine.
Bonne lecture !
Éric Grenier, rédacteur en chef
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