Le Conseil national de l’Ordre des médecins a dévoilé ce mercredi des chiffres inquiétants sur les violences sexistes et sexuelles en milieu médical, après une vague de témoignages de médecins dans le sillage du mouvement #Metoo.
Le Conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM) a publié ce mercredi 20 novembre les résultats d’une vaste enquête sur les violences sexistes et sexuelles.
21 140 médecins (environ 7,5 % de l’effectif français) ont répondu à l’enquête. Un panel qui n’est pas formellement représentatif de la profession, mais dont les chiffres restent néanmoins “très préoccupants”, selon le CNOM.
Les victimes sont principalement des femmes
Parmi les médecins interrogés, 29 % d’entre eux « déclarent avoir été victimes, majoritairement au cours de leur parcours étudiant » de violences sexistes et sexuelles. Parmi les victimes figure « une très forte prépondérance de femmes ». 54 % des femmes médecins en activité se considèrent comme des victimes, contre seulement 5 % des hommes médecins. Parmi les femmes victimes de violences, 49% d’entre elles ont subi des insultes sexistes et sexuelles et 18% du harcèlement sexuel. 9% ont subi des agressions sexuelles et 2% des viols.
« Ces violences proviennent, dans une proportion importante, de médecins inscrits à l’Ordre », précise le rapport publié ce mercredi. Ainsi, 26% des personnes qui signalent des violences sexistes et sexuelles se disent victimes d’autres médecins.
Les victimes ont du mal à être reconnues comme victimes, « seulement 3 % d’entre elles déclarent que l’Ordre a été informé ».
Trois médecins sur quatre souhaitent plus d’informations
La peur des représailles et de la honte, la pression de la hiérarchie et la lenteur de la procédure sont les principaux obstacles au signalement. « Deux tiers des médecins déplorent une discrimination professionnelle à l’égard des victimes », selon l’Ordre des médecins. Il y a un manque important d’informations sur ce sujet.
« Seuls 28 % des médecins déclarent savoir quelles sont les aides disponibles pour les victimes. Trois médecins sur quatre déclarent avoir besoin de plus d’informations », poursuit le rapport de l’Ordre des médecins.
Cette enquête fait suite à la vague de témoignages et réactions de médecins, internes et autres soignants s’est produite au printemps, dans le sillage du mouvement #Metoo.
De nombreux soignants ont dénoncé une « culture patriarcale » instaurée à l’hôpital et une tradition du secret favorable aux violences sexistes et sexuelles. L’ancien ministre de la Santé Frédéric Valletoux a mené des consultations et annoncé plusieurs mesures fin mai, dont la mise en place de formations pour l’ensemble du personnel.