Ce texte rassemble une partie du contenu de notre newsletter santé, publiée le mardi à 16h00.
Robert F. Kennedy Jr., nommé au poste de secrétaire à la Santé par le président élu Trump, veut abolir la fluoration de l’eau aux États-Unis dès le 20 janvier, date de l’investiture. Le théoricien du complot et anti-vax estime que le fluor est un déchet industriel toxique, qui provoque de multiples problèmes de santé. Sans surprise, son discours sur ce sujet n’est qu’un tas d’absurdités comme il le dit depuis des années à propos des vaccins.
D’un point de vue scientifique, les bénéfices de la fluoration pour améliorer la santé bucco-dentaire de la population sont clairs : l’ajout d’une dose minimale de fluorure à l’eau réduit la prévalence des caries dentaires chez les enfants, en particulier dans les groupes de population les plus défavorisés, et il n’existe aucun preuve qu’il provoque des problèmes de santé ou de pollution aux doses utilisées. Ces dernières années, quelques études ont montré de possibles liens entre fluoration et troubles du développement neurologique, une perspective effrayante s’il en est, mais qui reste pour l’instant du domaine de simples hypothèses. La fluoration est recommandée par l’Organisation mondiale de la santé et de nombreuses autres autorités de santé publique, notamment au Québec et aux États-Unis.
Et pourtant, c’est très rare dans le monde. Au Québec notamment, presque aucune ville ne met plus de fluor dans son eau. Pour quoi ? D’abord parce que cette stratégie a toujours inspiré la méfiance des décideurs. Cela peut paraître risqué, car il est vrai que le fluor peut être très toxique dans d’autres circonstances. Le précepte selon lequel la dose fait le poison échappe malheureusement encore à beaucoup de gens ! L’opposition véhémente des mouvements antifluorures, active depuis des décennies, porte ses fruits. Et il n’y a pas grand monde pour défendre haut et fort le point de vue des enfants défavorisés, qui seraient les premiers à bénéficier de cette mesure.
Mais il faut aussi reconnaître que son efficacité n’est pas figée dans le temps. Au fil des années, l’utilisation généralisée de dentifrice fluoré et d’autres stratégies telles que les programmes gratuits de scellement dentaire pour les enfants ont permis de réduire les caries. Au point de faire de la fluoration une mesure au rapport coût-bénéfice de plus en plus discutable ? Peut être. Reste que vouloir y mettre fin en urgence sous prétexte que ce serait ultra-risqué, comme semble le croire Robert F. Kennedy Jr., est vraiment un non-sens !
La bonne nouvelle
Dormir pour guérir
On dit souvent que le sommeil est réparateur car il redonne de l’énergie. Cela est encore plus vrai après une crise cardiaque, montre une nouvelle étude publiée dans la revue Nature. Les chercheurs new-yorkais ont d’abord étudié les souris. Ils ont constaté que chez ces rongeurs, le rythme des ondes cérébrales change après une crise cardiaque : les souris en convalescence passent beaucoup plus de temps dans un sommeil profond que celles qui n’ont pas eu d’insuffisance cardiaque, signe qu’elles sont en train de guérir. Pour quoi ? Les scientifiques ont découvert que leur cerveau adopte ce nouveau rythme de sommeil parce qu’il est soudainement envahi par des cellules immunitaires appelées monocytes, les mêmes que celles qui, dans le cœur, servent à combattre l’inflammation provoquée par une crise cardiaque. Ils ont montré que lorsque l’on bloque le flux de ces cellules dans le cerveau des souris, celles-ci dorment beaucoup moins bien et guérissent également moins bien.
Par la suite, les chercheurs ont étudié le lien entre la qualité du sommeil des personnes ayant subi une crise cardiaque et le risque qu’elles aient un nouvel épisode cardiaque dans les années suivantes. Leur verdict est sans appel : mieux on dort après une crise cardiaque, mieux le cœur guérit. Les chercheurs estiment que la gestion du sommeil devrait être l’une des priorités pour la prise en charge de cet événement cardiaque.
Les données
36%
Plus du tiers des Québécois ayant déjà vécu une stigmatisation en raison de leur poids disent que cela provenait d’un professionnel de la santé. Et plus d’un quart des personnes ayant un indice de masse corporelle supérieur à 25 ayant consulté un professionnel de santé au cours de l’année écoulée se sont vu dire qu’elles devaient perdre du poids, même si le motif de la consultation n’avait rien à voir avec leur poids. C’est ce que rapporte l’Association de santé publique du Québec dans une nouvelle campagne de communication visant à lutter contre la « grossophobie médicale ». Parce que les préjugés ou propos dénigrants des professionnels de santé ont de multiples répercussions sur les personnes qui en sont victimes : erreurs de diagnostic (le professionnel attribuant des problèmes de santé provoqués par autre chose au surpoids), peur de consulter, détresse psychologique et prise de poids ou difficulté accrue à adopter. habitudes de vie saines. Le mythe selon lequel il suffit de mieux manger et de bouger davantage pour perdre du poids est encore bien trop présent dans le monde médical, constate également l’Association, alors que l’obésité est particulièrement complexe et multifactorielle. Les personnes victimes de fatphobie médicale ou qui en sont témoins sont invitées à la signaler aux professionnels concernés pour contribuer à faire évoluer les mentalités.
Si cet article vous a plu, pourquoi ne pas vous abonner à notre newsletter santé ? Vous lirez en premier, chaque mardi, les explications toujours claires, détaillées et rigoureuses de notre équipe de journalistes et professionnels de santé. Entrez simplement votre adresse e-mail ci-dessous. 👇