Olivier Niquet a étudié l’urbanisme avant de devenir animateur radio à Radio-Canada en 2009 aux émissions Le Sportngraphe et La soir est (encore) jeune. Il est également chroniqueur, auteur, conférencier, scénariste et toutes sortes d’autres choses. Il s’intéresse particulièrement aux médias mais se définit comme un expert en polyvalence.
MArie-Philip Poulin a connu une année en or. Ce n’est pas qu’une expression : après avoir remporté la médaille d’or aux Jeux olympiques de Pékin en février avec l’équipe canadienne de hockey féminin, elle a récidivé au championnat du monde en septembre. Si le hockey est un sport d’équipe, il est toujours utile de pouvoir compter sur quelques individus qui augmentent les chances de remporter de grands honneurs. En finale des Jeux olympiques, Marie-Philip Poulin a inscrit le but vainqueur. Après 2010 et 2014, c’était la troisième fois qu’elle donnait la victoire à son équipe en finale. Disons-le ainsi : Marie-Philip Poulin joue bien sous pression. Cette réalité n’est pas étrangère au fait qu’elle est la capitaine de l’équipe. Et le Canada a eu raison de désigner son porte-drapeau à l’ouverture des Jeux : 17 points en sept matchs plus tard, elle a croqué la médaille d’or.
En plus de ces statistiques et de ces exploits, plusieurs événements tendent à démontrer qu’il existe une sorte de phénomène Marie-Philip Poulin. Parmi les plus marquants, on pense au fait qu’à l’été 2022, le pape a parlé des prouesses du hockeyeur à Iqaluit. Et on ne parle pas ici du pape du hockey (le chroniqueur François Gagnon), mais plutôt du pape lui-même (François 1est). Cette dernière a expliqué aux élèves d’une école primaire l’importance de l’esprit d’équipe : « Comment Sarah Infirmière [aussi de l’équipe nationale] ou Marie-Philip Poulin a-t-elle réussi à marquer tous ces buts ? Le hockey allie discipline et créativité, tactique et force physique, mais esprit d’équipe c’est ce qui change la donne. » Le Saint-Père ne saurait sans doute pas distinguer un hors-jeu d’un dégagement refusé. Cependant, le fait que le joueur ait inspiré ce discours n’est pas anodin.
Entre autres hommages « collatéraux », il y a la société EA Sports qui lui a attribué une note de 94 dans le jeu LNH 23très populaire auprès des jeunes joueurs de hockey. Marie-Philip Poulin se classe ainsi deuxième, juste derrière Connor McDavid, superstar des Oilers d’Edmonton, dans ce match qui inclut depuis peu des équipes féminines. On la surnomme la Sidney Crosby du hockey féminin, mais il est possible de croire que, bientôt, un joueur de la LNH recevra le surnom de Marie-Philip Poulin du hockey masculin.
Ce serait en tout cas une bonne nouvelle pour le métier de hockeyeur « viril », malmené par cette période. Les scandales chez Hockey Canada ont mis à mal le monde du hockey féminin cette année, et c’est une raison de plus pour braquer la lumière sur ces joueuses qui souffrent du comportement répréhensible de leurs homologues masculins et de ceux qui ont dirigé l’organisation. Marie-Philip Poulin et ses coéquipières ont également réclamé plus de transparence au sein de l’organisation qui supervise leurs activités. Alors que la LNH plaidait son ignorance, les joueurs ont pris position. Le hockey féminin a gagné en popularité et l’attitude exemplaire des joueuses n’est pas étrangère à cette situation.
Car Marie-Philip Poulin ne s’implique pas que dans les coins de la patinoire. Elle est l’une des membres fondatrices de la Professional Women’s Hockey Players Association (PWHPA), qui aspire à créer une ligue féminine en 2023. Une ligue qui verserait des salaires décents à ses joueuses et donnerait au hockey féminin la visibilité qu’il mérite. On a bien vu, lors des grands matches internationaux, que la qualité du jeu ne souffre pas de la comparaison avec les équipes masculines.
Entre-temps, les Canadiens de Montréal ont embauché Marie-Philip Poulin comme conseillère en développement des jeunes joueurs de l’équipe. Le choix de deuxième ronde du Canadien en 2022, Owen Beck, a également semblé plutôt impressionné de fouler la glace en sa compagnie. « Elle est une icône du hockey féminin et le simple fait de parler avec elle est fantastique. Nous apprenons tellement de choses », a-t-il déclaré aux journalistes. L’espoir Luke Tuch, qui l’a suivie à la télévision lors des tournois olympiques, l’a décrite comme le Wayne Gretzky du hockey féminin. La communauté n’est donc pas d’accord sur le fait qu’elle soit la Crosby ou la Gretzky de son sport.
Les équipes de hockey mineur comptent de plus en plus de jeunes filles dans leurs rangs. L’époque où ils étaient relégués dans des catégories inférieures et où leurs ambitions devaient être freinées est révolue. Marie-Philip Poulin y est sans doute pour quelque chose et l’année 2022 aura établi son influence positive.