“J’aspire au pain et au café de ma mère”, a écrit le poète palestinien Mahmoud Darwish dans son poème “À ma mère”. La nourriture joue un rôle central dans la littérature et les histoires palestiniennes. L’art visuel regorge également de références aux arbres nourriciers – figuier, olivier, citronnier – comme les peintures de Sliman Mansour ou les œuvres de l’artiste contemporain Noel Maghathe.
Ce mois de décembre marque la fin de la saison de récolte des olives en Cisjordanie, qualifiée de « la plus dangereuse jamais connue » par les experts mandatés par les Nations Unies en raison des « intimidations et des violences » subies par les agriculteurs de la part des colons israéliens.
En ces temps troublés, le chef franco-palestinien Fadi Kattan a sorti Bethléem : une célébration de la nourriture palestiniennepublié en anglais par Hardie Grant Books. Kattan y partage des recettes et des portraits d’artisans et d’agriculteurs qui perpétuent les traditions locales. Dans une introduction à l’édition française, l’éditeur Solar prévient que la guerre entre Israël et le Hamas a pu altérer les lieux mentionnés par l’auteur dans ce livre écrit en 2023 : “Les adresses et les stands mentionnés pourraient ne plus être en activité”.
“Une marque d’identité”
Formé à Paris, Kattan possède trois restaurants : Fawda dans sa ville natale de Bethléem, Akub à Londres et Louf à Toronto. Sur son compte Instagram, qui compte plus de 68 000 abonnés, il partage ses recettes et commente l’actualité de Gaza, car pour lui la cuisine joue un rôle primordial dans les revendications politiques des Palestiniens. “Dans mes cuisines à Londres ou à Toronto, avant de former mes équipes, je leur demande de regarder des vidéos ou des films sur la cuisine palestinienne”, raconte-t-il. “Je veux qu’ils comprennent que les trois gouttes d’huile d’olive que nous utilisons sont précieuses, non pas à cause de leur prix, mais parce qu’un village entier a travaillé pour les cultiver, malgré les menaces des colons.”
Pour lui, “la cuisine palestinienne, c’est la beauté d’un patrimoine culinaire aux côtés de l’horreur du quotidien”. D’autres comme lui mettent en valeur la culture palestinienne en représentant sa cuisine sur les réseaux sociaux. C’est le cas de Renad Attallah, une Gazaouie de 10 ans, dont le compte Instagram est suivi par 900 000 abonnés. Elle partage ses recettes à base de colis alimentaires, comme le knafeh, un dessert à base de fromage, ou le maqlouba, un plat à base de riz, de légumes frits et de viande.
“Il s’agit de montrer que, malgré la guerre, il y a toujours une célébration de la vie”, explique le géographe et cinéaste tunisien Habib Ayeb. “Tous les peuples ont utilisé l’alimentation comme une marque de leur identité. Elle est considérée comme un lien direct avec la terre, et dans le cas palestinien, cela prend d’autant plus de sens avec les déplacements de populations depuis 1948 et la colonisation des territoires.”
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