FÀ compter du 1er janvier 2025, suite à une directive de l’Union européenne (UE), les États membres de l’UE devront organiser la collecte systématique des déchets textiles. L’objectif est de mettre fin à l’ère des vêtements « jetables » et de développer une nouvelle industrie à l’échelle européenne qui valorise les vêtements usagés de manière respectueuse de l’environnement.
Il était temps. En quelques années, la consommation de vêtements par habitant a fortement augmenté. La cause en est la fast fashion, avec des marques comme Zara proposant de nouvelles collections chaque mois, et la mode ultra-rapide, incarnée par Shein, avec son rythme encore plus effréné et ses prix encore plus bas.
Ce modèle encourage la surconsommation, augmente la quantité de déchets et complique leur gestion. Les consommateurs africains et asiatiques, qui achetaient autrefois la plupart des stocks d’occasion en Europe, préfèrent de plus en plus la nouvelle mode ultra-rapide. Désormais de qualité inférieure, les vêtements usagés peuvent de moins en moins être réutilisés.
Un vêtement usagé sur deux peut être réutilisé
Dans ce contexte, les images d’immenses décharges à ciel ouvert sur les plages du Ghana ont suscité l’indignation. L’ONG Fondation Or a condamné le “colonialisme des déchets” en Afrique. Un changement de modèle s’impose. Les réglementations qui entreront en vigueur y contribueront. L’idée est d’augmenter les dépôts disponibles de vieux vêtements et de faciliter leur circulation au sein de l’UE, afin de voir émerger une industrie européenne du recyclage.
Le credo de la « souveraineté industrielle » implique que tous les déchets sont désormais considérés comme une ressource plutôt que comme un problème exportable. Cependant, de nombreux défis demeurent. Aujourd’hui, seul un vêtement usagé sur deux peut être réutilisé.
Recycler les matières premières qui composent le reste coûte plus cher que de les incinérer ou de les mettre en décharge, au point que seulement 1% de ces déchets textiles sont recyclés (“Évaluation technico-scientifique des options de gestion des textiles usagés et déchets dans l’Union européenne ,” Centre commun de recherche de la Commission européenne, 2023). En fait, la plupart combinent différentes fibres difficiles à séparer, et il est moins coûteux d’utiliser des bouteilles en plastique pour produire des fibres recyclées.
Promouvoir les vêtements éco-conçus
L’intelligence artificielle pourrait automatiser certaines étapes du tri et du démontage des vieux vêtements, facilitant ainsi le recyclage. Des ressources importantes sont investies dans des plateformes d’innovation telles que le Cetia au Pays Basque. Mais des progrès considérables restent encore à faire.
Pour avancer dans ce domaine, la seule solution est que les nouveaux vêtements soient systématiquement éco-conçus. C’est ce que cherche à promouvoir une autre directive européenne, qui entre en vigueur le 18 juillet 2024, en limitant l’utilisation de fibres mélangées, en imposant un certain ratio de fils recyclés et en augmentant la durabilité des vêtements.
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