Docteure en communications publiques, Émilie Foster est professeure agrégée de politique appliquée à l’Université Carleton. Ses recherches portent principalement sur les partis politiques, la démocratie et la communication politique. Elle a été membre du gouvernement de la Coalition Avenir Québec de 2018 à 2022. Elle avait auparavant été conseillère politique au sein du cabinet de François Legault dans l’opposition.
Les gros titres font souvent la chronique des controverses, des erreurs et des querelles politiques. Il y en a et il faut en parler. Mais cela occulte le travail colossal qui est effectué chaque jour par les députés de l’Assemblée nationale et qui a un effet positif dans la vie quotidienne des Québécois.
Par exemple, l’excellent travail multipartisan sur la question du don d’organes. Les quatre partis ont travaillé collectivement et ont produit en octobre un rapport contenant 15 recommandations pour faciliter le don d’organes ou de tissus, notamment l’instauration de la présomption de consentement. La ministre déléguée à la Santé, Sonia Bélanger, avait promis d’agir rapidement; la balle est désormais dans son camp.
Son collègue à la Justice, Simon Jolin-Barrette (une des personnalités de l’année de Nouvelles), annonce la pérennisation des tribunaux spécialisés dans les violences sexuelles et conjugales, qui passent ainsi du statut de projet pilote à celui de structure permanente. Une grande avancée pour les femmes qui souhaitent dénoncer leur agresseur.
Dans le domaine de la santé, où les échecs occupent constamment le devant de la scène, il y a aussi de bonnes nouvelles à annoncer. Le ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant, a récemment publié des chiffres sur les délais d’attente en santé mentale. Le nombre de personnes en attente d’un service de première ligne a diminué, notamment chez les jeunes (une baisse de près de 50 % entre avril 2023 et juillet 2024). C’est encourageant.
Quatre autres ministres se sont récemment illustrés par des initiatives notables… mais qui sont passées inaperçues. Jean Boulet, ministre du Travail, a présenté le projet de loi 76 visant principalement à accroître la qualité de la construction et la sécurité publique, notamment par l’instauration d’inspections obligatoires aux différentes étapes des chantiers de construction. André Lamontagne, ministre de l’Agriculture, a proposé en décembre une loi pour freiner un problème qui persiste depuis des années, soit la spéculation sur les terres agricoles.
Sonia LeBel, présidente du Conseil du Trésor, a dirigé l’adoption du projet de loi 67, qui facilitera l’accès aux soins primaires en élargissant les responsabilités des pharmaciens, notamment en matière de prescription et de prolongation des ordonnances. Cette initiative pourrait contribuer à réduire considérablement les demandes de rendez-vous dans les cliniques médicales dans les années à venir.
Enfin, Christopher Skeete a porté un coup dur avec l’adoption d’un projet de loi d’allègement de la réglementation, qui devrait générer 20 millions de dollars d’économies pour les entreprises. Parmi les mesures phares, la fin de l’estampillage obligatoire des contenants de bière vendus dans les bars et restaurants, réclamée de longue date par les microbrasseries. Cette démarche de labellisation a mobilisé inutilement une partie de leurs ressources humaines. Cette réforme apporte un vent de fraîcheur à une industrie qui traverse des temps difficiles.
Au Parti Québécois, Pascal Paradis a démontré que le gouvernement recrute à l’étranger en vantant les bas salaires au Québec. Cela a donné une mauvaise image du premier ministre, qui avait fait des « emplois rémunérés » son slogan fétiche depuis son arrivée au pouvoir en 2018. Après la mort d’un Montréalais de 14 ans en Beauce, tué dans un conflit qui allait opposer les Hells Angels aux trafiquants indépendants, le député a porté devant l’Assemblée Nationale la cause importante de la violence armée et des bandes criminelles parmi les jeunes, en sollicitant des consultations sur le sujet. Cela a été refusé par les députés du parti gouvernemental, mais Pascal Paradis a mis le doigt sur un sujet extrêmement préoccupant ; nous espérons qu’il continuera son combat.
Pascal Bérubé a mené deux batailles majeures au cours des dernières semaines. D’abord en déposant une pétition pour défendre l’industrie des effets visuels et de l’animation, touchée par une réduction du crédit d’impôt qui soutient le secteur. Il s’agit cependant d’un secteur stratégique pour lequel l’expertise québécoise est reconnue mondialement. Cependant, il s’effondre. Les pertes d’emplois se multiplient et une diminution des revenus générés est attendue, passant de 1,3 milliard en 2023 à 393 millions d’ici 2025, selon l’Office du cinéma et de la télévision du Québec.
Alors que le ministre des Finances, Éric Girard, estime que le crédit d’impôt n’est plus efficace et que « les meilleurs survivront », Pascal Bérubé a le mérite de forcer une réflexion plus large et d’alerter sur la perte potentielle de cette industrie qui fait la renommée du Québec. . Le député a également plaidé pour l’accès aux archives de la commission Grenier, qui a enquêté sur le financement illégal du camp du Non et sur les activités d’Option Canada lors du référendum de 1995. Devant le refus du Directeur général des élections de les rendre publiques (pour des raisons juridiques), il a déposé un projet de loi le 27 novembre. Cette initiative est noble et importante pour la recherche de la vérité dans l’histoire du Québec.
Au Parti libéral du Québec (PLQ), la députée Brigitte Garceau a réussi à tenir un débat d’urgence (le premier de cette législature) suite aux atrocités qui ont eu lieu dans les centres jeunesse. Elle a maintenu la pression sur le ministre Lionel Carmant, qui a dû s’expliquer sur la confusion observée dans plusieurs établissements.
Le parti a également vu certaines de ses idées reprises par la Coalition Avenir Québec (CAQ), preuve de la pertinence de ses propositions. Par exemple, le projet sur les taux abusifs des cartes de crédit a été intégré au projet de loi 72 pour la protection du consommateur, porté par Simon Jolin-Barrette. Le projet de loi de Monsef Derraji permettant aux entreprises de transports en commun de construire des immeubles à proximité de leurs infrastructures se retrouve dans le projet de loi de l’agence de transport de Geneviève Guilbault.
Enfin, Québec solidaire (QS) se démarque par son engagement auprès des populations marginalisées. Guillaume Cliche-Rivard a déposé un projet de loi audacieux visant à inclure toutes les femmes enceintes, quel que soit leur statut d’immigration, dans le système d’assurance maladie. Il a également mené la lutte pour des refuges pour les sans-abri.
Pourquoi promouvoir ces bons gestes ? La mise en valeur de ces réalisations contribue à restaurer la confiance du public dans les institutions démocratiques. Chaque initiative mentionnée ici démontre que les députés mettent tout leur cœur dans leur rôle et qu’ils accomplissent un travail substantiel pour améliorer la vie des Québécois. Au-delà du tumulte des gros titres, la politique est avant tout une question d’engagement au service de la communauté.