Rien ne capture mieux l’esprit des fêtes que la bande-son jazzy du spécial Noël de Charlie Brown. Tout est là, selon moi : une sorte de guirlande, d’entrelacs musical où se succèdent joie intense et mélancolie. Une exploration des schémas alternatifs d’émotions que cette période de l’année suscite depuis aussi longtemps que je me souvienne.
Je ne suis pas un Grinch. J’adore Noël. Mais il y a toujours dans cette fête et le 31 au soir quelque chose comme une légère tristesse qui tisse son voile. Les absents. Pertes. Le paradis perdu de l’enfance, réel ou désiré, souvent magnifié jusqu’au fantasme.
Les Fêtes sont une affaire de tradition, donc de souvenirs, de ce qui remonte à la jeunesse.
Le mien était doré. Cependant, j’étais toujours sombre à Noël. Même si j’ai reçu tous les cadeaux que je souhaitais, ils m’ont déçu presque immédiatement. Le désir est toujours plus fort que l’avoir. Les célébrations étaient un fardeau pour mes parents qui étaient essoufflés. Cela explique probablement pourquoi j’essaie de rester aussi simple que possible. Des festivités pas compliquées. Des gens que j’aime. Jouez dehors. Endormez-vous sur le canapé en regardant Le Parrain 2 un peu « chaud » le 26 au soir, après avoir mangé les restes de la veille.
Quand j’étais adolescent et jeune adulte, nous sortions toujours le 25 au soir, puisque déjà, chez nos parents, le réveillon avait disparu pour laisser la place à un dîner du 24, qui se terminait tôt, avant l’heure du réveillon. grand rassemblement. famille le lendemain. Nous avons appelé cette soirée, aussi incontournable qu’improvisée, le Noël des rejets.
Nous l’avons passé dans des voitures à fumer des joints et à boire de la bière. Mais c’est dans les bars des hôtels, les seuls ouverts en cette soirée festive, que nous avons généralement échoué. C’était souvent étrange et mélancolique, comme cette fois où deux chanteurs de piano-bar fatigués semblaient impatients de terminer leur ensembleau bar du Québec Inn à Sainte-Foy. Quelques clients et membres du personnel semblaient pour la plupart ennuyés. C’était aussi parfois drôle, chaleureux, comme au coin du feu du bar du Château Frontenac, bien avant que les rénovations ne lui enlèvent un peu de son charme d’antan. On avait l’impression, un cognac à la main, enfoncé dans un fauteuil en cuir, que le spectre de Churchill allait apparaître dans le rôle du fantôme des Noëls passés.
Nos souvenirs heureux, parfois reconfigurés par nos mémoires sélectives, nous font oublier ce que nous avons au moment présent. Il y a pourtant des moments d’une grande pureté dont je ne me lasse pas et que je savoure à chaque fois qu’ils se présentent.
Après une fête de famille. Rentrer à la maison en conduisant dans la neige, en silence, pendant que ma copine et ma fille dorment. Un moment de tendresse que je vis seule dans ma tête. Je les aime. Ils ne sauront jamais à quel point, me semble-t-il, à cet instant, et encore une fois la tristesse s’immisce dans cet instant de joie.
Tout se passe ainsi, en ces jours où l’on devine que l’avenir nous privera d’autres qui partiront, que les choses ne sont plus ce qu’elles étaient.
Puis nous nous souvenons de l’enfance de nos enfants, de la magie dans leurs yeux. Le souvenir devient heureux, annonciateur de belles retrouvailles.
Ma fille a aujourd’hui 20 ans et je me souviens comme si c’était hier d’avoir attendu, le matin du 25 décembre, que sa mère vienne la déposer chez moi pour que nous puissions ouvrir ses cadeaux. Il m’arrive encore d’acheter un Lego que je fabrique seule, en souvenir de tous ceux que nous réunissions à chaque Noël, pour le simple plaisir de passer du temps à faire quelque chose d’inutile, ensemble.
J’ai hâte de la voir arriver. Avec ses tatouages, ses cheveux en bataille, son équipement punk et son sourire moqueur. Nous avons encore des souvenirs à créer. Les soirées avec ma mère, mes frères, mes sœurs, mes neveux et mes nièces, le divertissement, le plaisir et le vide que tout cela laisse quand c’est fini.
Encore de la mélancolie… Mais je ne déteste pas ça, bien au contraire. Je le savoure. Les voix et les cris sont encore frais dans ma mémoire. Mon corps et mon esprit se détendent dans le tumulte de nos réunions. Je m’endors heureux.
Les derniers jours de vacances s’étendent généralement dans la lumière hivernale qui s’estompe trop vite en fin de journée. L’excitation de l’Avent, les préparatifs et ce qui va arriver me manquent. Mon esprit se reconnecte à la réalité, au travail, aux obligations. Ce n’est ni violent ni déprimant.
Simplement, la mélancolie des Fêtes concentre en quelques jours la douce amertume de l’existence, faite d’attentes, de petites et grandes déceptions, de joies, et de l’immense difficulté de vivre le présent quand tant de souvenirs nous hantent et que l’horizon semble surchargé. avec des promesses ou des possibilités autres que celles qui nous sont offertes ici et maintenant.