Il y a des événements politiques qui entrent immédiatement dans l’histoire. Le 21 avril 2002 en fait partie. Lors d’une élection présidentielle, on s’attendait généralement à ce que la gauche gagne, un “coup de tonnerre” a éclaté. Jean-Marie Le Pen s’est qualifié pour le second tour à la place de Lionel Jospin, le socialiste qui avait été Premier ministre pendant cinq ans de cohabitation avec la droite en proie à des scandales. Le Pen affronterait Jacques Chirac, président depuis 1995.
Le Pen, le paria, l’extrémiste, qui dénonçait « les copains et les coquins » et la « bande des quatre » depuis ses débuts en politique, jouait enfin sur le même terrain qu’eux. C’est le couronnement d’une carrière politique commencée près d’un demi-siècle plus tôt.
Le candidat d’extrême droite serait facilement battu par Chirac (82,21% à 17,79%), après des manifestations quotidiennes contre son parti, le Front national (FN), qui ont culminé lors d’un défilé du 1er mai rassemblant des foules immenses pour dire “non”. à Le Pen. Mais 2002 marque aussi le début de la deuxième phase de croissance du FN, qui culminera, plus de 20 ans plus tard, avec la transformation du parti en une des principales forces politiques du pays, sous le nom de Rassemblement National et sous la direction de sa fille, Marine Le Stylo.
Jean-Marie Le Pen est décédé mardi 7 janvier à l’âge de 96 ans. C’est lui qui a remis l’extrême droite au cœur du jeu politique français. Quasiment éteinte à la Libération en raison de l’épuration d’après-guerre, discréditée par sa collaboration avec les occupants nazis et le régime de Vichy, l’extrême droite retrouve force, vigueur, longévité et une base populaire 40 ans plus tard lorsque le FN, dirigé par Le Pen , fait ses premières percées, d’abord dans la ville de Dreux lors des élections municipales partielles de 1983, puis lors des élections européennes de 1984.
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