Chaque dimanche, le‘équipe de Nouvelles vous invite à lire (ou relire) dans sa newsletter Miroir l’un des reportages les plus marquants de la riche histoire du magazine. Vous pourrez ainsi replonger au cœur de certaines problématiques du passé, avec la perspective d’aujourd’hui.
Avez-vous décidé de perdre quelques kilos cette année ? Loin de moi l’idée de vous décourager, mais c’est peut-être votre façon de considérer le gras qui doit changer.
C’est ce que propose un groupe international de chercheurs et de médecins, qui a publié dans la prestigieuse revue The Lancet Diabète et endocrinologie un rapport complet appelant la communauté médicale à redéfinir l’obésité.
Actuellement, l’obésité – qui est considérée comme une maladie par l’Organisation mondiale de la santé et l’Association médicale canadienne – est définie par une formule mathématique : votre poids, en kilogrammes, divisé par votre taille, en mètres, au carré. Le résultat est le fameux indice de masse corporelle, et s’il est supérieur à 30, vous êtes officiellement obèse.
Les travaux de plusieurs chercheurs, dont le Québécois Jean-Pierre Després, ont cependant démontré depuis longtemps que le simple fait d’avoir un indice de masse corporelle élevé ne fait pas de vous une personne malade. L’endroit où la graisse s’accumule est un bien meilleur indicateur de votre santé. Celui qui entoure vos organes augmente le risque de souffrir de diabète, par exemple, bien plus que celui qui entoure vos fesses.
C’est pour cette raison que le groupe de chercheurs, dont fait partie Jean-Pierre Després, propose de modifier le calcul pour inclure le tour de taille. Et le chiffre obtenu ne sera plus le seul critère. Il faudra également que la personne soit affectée par d’autres symptômes, comme une maladie cardiaque ou une apnée du sommeil, pour être considérée comme « cliniquement obèse ».
Il reste cependant un long chemin à parcourir avant que les recommandations du rapport ne pénètrent le corps médical, où les préjugés contre les « personnes grosses » sont monnaie courante.
Et ce ne sont pas seulement les médecins et les infirmières qui doivent changer de point de vue. Comme le rapportait ma collègue Marie-Hélène Proulx dans son article « Il faut changer notre regard sur les personnes grosses » en 2019, la discrimination basée sur le poids est aussi présente que le sexisme et le racisme. « Mais contrairement à l’exclusion des Noirs, des Juifs ou des gays, celle des personnes grosses est ‘socialement acceptée’ », écrit-elle.
Son rapport puissant vous fera peut-être repenser la façon dont vous percevez les personnes grosses… ou vos « kilos en trop ».
Bonne lecture,
Marc-André Sabourin, chef du bureau des affaires et de l’économie