La plaisanterie a assez duré. Les Canadiens ne le sont pas, mais Vraiment pas intéressés par cette offre de Donald Trump qu’ils ne pouvaient refuser.
C’est ce qui ressort d’au moins trois sondages concernant l’annexion plus ou moins forcée du Canada aux États-Unis. Le plus récent de la Maison Léger sur les invitations soutenues aux Canadiens à rejoindre les États-Unis, sinon ils devraient en payer le prix, démontre une fois de plus la forte opposition à cette idée de la part de presque tout ce qui vit au pays de Wayne Gretzky.
Selon ce dernier sondage Léger, 82 % des électeurs canadiens rejettent l’idée de rejoindre les États-Unis, contre 11 % qui se disent favorables. Il s’agit d’un consensus rare et clair dans le pays. La question aurait pu être « Pour ou contre la tarte aux pommes ? » et les résultats auraient probablement été les mêmes. D’autres sondeurs ont également pris le pouls des Canadiens ces dernières semaines sur cette question et le constat reste sans équivoque : il n’y a pas d’appétit dans le pays pour se rallier derrière l’Oncle Sam.
L’opposition est généralisée. Dans le sondage d’opinion publique de janvier de Léger, seulement 16 % des hommes seraient favorables à l’idée de faire du Canada le 51ee État, et 7% de femmes. L’annexion ne recueille que 6 % de soutien parmi les électeurs plus âgés (55 ans et plus), et au maximum 16 % dans la tranche d’âge la moins hostile à la proposition trumpienne (18 à 34 ans). Les différences entre ces groupes démographiques sont bien sûr notables, mais il n’en demeure pas moins que, quelle que soit la cohorte, ils constituent une écrasante majorité opposée à l’annexion.
Lorsque l’on ventile les résultats par région d’enquête, les différences sont encore moins marquées. Au Québec, seulement 14 % des répondants seraient séduits par la proposition et 83 % s’y opposent, des proportions similaires à la moyenne canadienne.
Sans surprise, c’est en Alberta que le soutien à l’annexion est le plus élevé (les sondages y avaient mesuré les meilleurs taux d’approbation du président Trump au Canada). Cependant, seulement 16 % des répondants albertains du panel de Léger aimeraient devenir Américainscontre 79% qui n’en veulent pas. C’est en Ontario et dans les provinces de l’Atlantique que nous sommes les plus réticents : le soutien à l’annexion n’est que de 9 % et 7 %, respectivement.
En matière de connaissance des préférences des électeurs selon leur appartenance politique, une autre enquête Léger, celle de décembre 2024, montrait qu’il y a certes plus d’acheteurs du côté conservateur (21% voient favorablement l’annexion), mais le phénomène reste encore marginal. Même son de cloche à l’Institut Angus Reid, qui estimait que 20 % des électeurs du PCC étaient favorables à l’idée de rejoindre les États-Unis. Le sondage Léger de janvier ramène ce soutien à 18 % parmi les partisans de Pierre Poilievre.
Parmi les électeurs des autres partis politiques, le soutien à l’annexion est encore plus mince : 7 % parmi les libéraux, 6 % parmi les néo-démocrates et 3 % parmi les bloquistes.
De manière générale, l’unité canadienne est loin d’être réalisée. Le Québec et l’Alberta se disputent régulièrement avec Ottawa, l’Ontario cherche à imposer sa vision canadienne au reste du pays, les provinces atlantiques se plaignent d’être constamment ignorées par les quatre susmentionnés, et tous les quanti.
Mais lorsque Donald Trump parle du Canada, toutes ces divisions perdent de leur importance. Peu de questions unissent autant les Canadiens, quelle que soit leur région ou leur langue, que le désir de ne pas être américain.
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L’enquête fédérale Léger a été réalisée du 10 au 13 janvier 2025 auprès d’un échantillon représentatif de 1 545 répondants canadiens. Vous pouvez trouver le rapport de l’enquête ici.